Comment faire accepter au patient la position allongée ? - Clinic n° 11 du 01/12/2013
 

Clinic n° 11 du 01/12/2013

 

EXERCICE

Ergonomie

Xavier LANCTUIT*   DAVID BLANC**  


*Masseur-kinésithérapeute diplômé d’État
Docteur en chirurgie dentaire

Nous avons vu l’intérêt de la position horizontale des patients*. Cependant, nous sommes souvent réticents à les allonger complètement, pour des raisons parfois infondées. Quelques conseils…

Certains patients ont une sensation d’étouffement ou d’angoisse pendant qu’on les allonge, puisqu’ils ne maîtrisent pas le mouvement. Cette réaction est plutôt d’ordre psychologique. Il est beaucoup plus désagréable de passer de la position assise à la position allongée que de s’allonger soi-même directement. L’explication est simple. En posant la main sur le dossier et en voyant où il va s’allonger, le patient maîtrise ses mouvements et sa position comme lorsqu’il s’allonge dans son lit.

Une fois allongés, seuls les grands insuffisants cardio-respiratoires sont gênés pas le poids des viscères sur leur diaphragme. Ce type de patients est cependant rarement soigné en cabinet libéral. En revanche, le patient peut avoir de bonnes raisons d’être gêné dans cette position. Tout simplement parce que le fauteuil dentaire est d’abord conçu pour être occupé assis. Quand on le met en position horizontale, il présente un creux au niveau de l’assise et un soutien lombaire qui appuie trop et au mauvais endroit sur le patient. La taille et la morphologie posturale de chacun étant différentes, le fauteuil n’est jamais adapté. Un fauteuil qui se met totalement à l’horizontale voire, mieux, une table de traitement éviteraient ce problème.

Une autre raison de l’inconfort est que les genoux sont toujours pliés sur ces fauteuils. Cela évite la tension des ischio-jambiers en position assise (fig. 1) mais étire les droits antérieurs en position allongée, ce qui creuse les lombaires (fig. 2).

Ces éléments conduisent les patients à refuser la position allongée. Des solutions existent. Ajouter des coussins un peu partout sous le patient en est une. Mais utiliser une table de traitement (fig. 3) résout en même temps tous ces problèmes. C’est à nous, chirurgiens-dentistes, de demander à modifier notre poste de travail et les fabricants de matériel suivront.

Si nous voulons préserver notre dos, diminuer notre stress, améliorer la qualité de nos soins et ­limiter le risque d’erreur médicale, il est nécessaire de travailler dans un environnement ergonomiquement favorable. Cela commence évidemment par adapter le confort du patient pour que le nôtre en bénéficie.

* Cf. Clinic Magazine, septembre 2013.