Séropositivité : des précautions particulières ? - Clinic n° 11 du 01/12/2013
 

Clinic n° 11 du 01/12/2013

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Les chirurgiens-dentistes de notre panel sont unanimes : ils prennent les mêmes précautions quel que soit le patient soigné : sain, séropositif ou atteint d’une hépatite B ou C. Pourtant, quand le patient s’est déclaré, chaque soignant a une attention particulière.

PLUS ATTENTIF AUX MOUVEMENTS À RISQUE

Je ne fais rien de plus ou de différent pour les patients séropositifs ou qui ont une hépatite par rapport aux autres patients. Je pars en effet du principe que tous les patients ne déclarent pas leur maladie lors de l’anamnèse. Cela dit, quand je sais un patient atteint d’une de ces maladies, je suis plus attentif dans les mouvements à risque.

REDONNER CONFIANCE AVANT DE SOIGNER

Face à ces patients à risque, avant d’administrer des soins, depuis toujours je cherche à faire en sorte qu’ils soient dans les meilleures conditions mentales possible. Car ce sont bien souvent des personnes plus fragiles et mal à l’aise que les autres. Elles se sentent exclues, en marge de la société. Je cherche à leur redonner confiance par différents détails, comme la façon de les accueillir. Ensuite, je prends les mêmes précautions qu’avec les autres patients, parfois plus, mais c’est l’humain qui importe avant tout.

PLUS DE TEMPS POUR LES SOINS

Non, tous les patients sont soignés de la même façon. La stérilisation est la même quelle que soit la situation des patients. Je prends simplement un peu plus de temps pour les soins lors du rendez-vous.

PAS DE DIFFÉRENCE

J’ai 6 patients séropositifs déclarés que je soigne depuis 20 ans. Je ne fais pas de différence avec les autres patients. Je sais qu’ils sont séropositifs car ils me l’ont dit. D’autres le sont peut-être aussi, mais ils ne se sont pas déclarés au moment de questionnaire médical que je remplis et fais signer à chacun de mes nouveaux patients. Ces patients ont beaucoup plus de mycoses ou d’infections buccales que la moyenne. Mon attitude a évolué depuis que j’ai commencé à exercer. Au début du sida, je ne traitais ces patients qu’à la fin de la journée pour ne pas être stressée à cause d’un retard. Je mettais 2 paires de gants. Et j’inscrivais « Attention ! » en gros sur leur fiche. Je l’indiquais aussi sur l’empreinte destinée au prothésiste. J’ai supprimé toutes ces inscriptions. En fin de compte, ces précautions étaient plus angoissantes pour moi que d’intégrer ces patients dans la clientèle courante du cabinet. Je porte des gants, un masque et des lunettes quel que soit mon patient. Quand une extraction très lourde est nécessaire, le patient va à l’hôpital. Je m’inquiète plus aujourd’hui de l’hépatite C. Quand vous donnez votre sang, on vous demande si vous avez eu des soins dentaires dans les 2 ou 3 semaines qui précèdent. Et dans ce cas, on ne prend pas votre sang car il y a un doute. On m’a expliqué qu’il y a eu une recrudescence d’hépatites C dont l’origine n’est pas connue.