Bain de bouche en maintenance parodontale : Echinacea angustifolia, une plante ciblée - Clinic n° 04 du 01/04/2017
 

Clinic n° 04 du 01/04/2017

 

PHYTOTHÉRAPIE

Florine BOUKHOBZA  

Chirurgien-dentiste homéopathe
et phytothérapeutePrésidente de l’Academy Des SavoirsPrésidente du Pôle bucco-dentaire
et stomatologie de l’Institut
homéopathique scientifique (IHS)Membre de la Société française
d’homéopathie (SFH)Enseignante de phytothérapie
Universités Paris 7, Paris 13 et de Lorraine

La phytothérapie est une branche de la médecine allopathique conventionnelle. La thérapeutique par les plantes au travers de leurs principes actifs peut accompagner et renforcer notre médication habituelle. La santé du patient a tout à y gagner. Le but de cette rubrique est de proposer des prescriptions faciles aux chirurgien-dentistes.

Va être présentée, au travers notamment d’un cas clinique, la solution phytothérapique d’un bain de bouche approprié en thérapeutique parodontale. L’avantage de la phytothérapie est de permettre l’emploi d’un traitement d’entretien de la santé du parodonte sans les effets délétères connus des bains de bouche à base de chlorhexidine.

Cas clinique

Un patient d’une quarantaine d’années vient consulter pour un bilan dentaire.

L’examen clinique révèle que :

• le patient est fumeur ;

• son dernier détartrage date de plus de 1 an ;

• ses gencives sont dans un état inflammatoire.

Un traitement parodontal est nécessaire.

Un accompagnement par une prescription médicamenteuse est à mettre en place.

Concernant le bain de bouche, une solution phytothérapique est envisageable.

Echinacea

Principes actifs

L’échinacée (fig. 1) est une plante à tropisme buccal. Il s’agit d’une astéracée. Ses principes actifs sont nombreux. Parmi ses constituants, figurent en particulier :

• des dérivés de l’acide caféique ;

• des alkylamides ;

• une huile essentielle ;

• des polysaccharides.

Avec ce tropisme buccal, l’échinacée est spécifiquement adaptée à l’usage bucco-dentaire et stomatologique.

Indications dentaires

L’échinacée est indiquée, en utilisation externe, comme bain de bouche. Elle a deux rôles :

• cicatrisant ;

• anti-inflammatoire.

En outre, en usage interne, cette plante a une action de stimulant adaptogène.

Ce point est particulièrement intéressant chez un fumeur.

Il est montré cliniquement qu’un bain de bouche à base de chlorhexidine a sa place en traitement curatif de 5 jours. Au-delà, la flore bactérienne est modifiée. Son action est limitée et ciblée. Dans ce cadre initial des 5 jours, il est efficace. Au-delà, le chirurgien-dentiste trouvera la solution de relais avec le bain de bouche phytothérapique adapté.

Celui à base d’échinacée apporte une double solution dans l’entretien et la maintenance. Grâce à cette plante adaptogène, un rôle de stimulation des défenses immunitaires est associé à un rôle anti-inflammatoire.

Le praticien trouve là une solution efficace sans effets secondaires qui poursuit le traitement parodontal dans sa phase de suivi au long cours.

Formes galéniques et posologie

Différentes formes galéniques d’échinacée existent. Leur description permettra au chirurgien-dentiste de la prescrire de façon aisée et pertinente.

Puisque l’échinacée a un rôle en usage externe et un autre en usage interne, qui sont complémentaires dans le cas considéré, voici les deux façons majeures de la prescrire.

En usage interne, il va s’agir de boire l’échinacée sous forme de teinture mère qui est placée dans un flacon ambré et en verre (fig. 2). La teinture mère se boit diluée dans un peu d’eau.

L’ordonnance sera rédigée ainsi :

• Echinacea en teinture mère, flacon de 125 mL ;

50 gouttes dans un peu d’eau à boire, 1 fois par jour pendant 3 mois pour moduler l’immunité adaptogène du sujet.

En usage externe, il va s’agir d’utiliser l’échinacée en bains de bouche, sous forme de gargarismes.

L’ordonnance sera rédigée ainsi :

• Echinacea sous la forme galénique de teinture mère, flacon de 125 mL ;

• verser une cuillère à café dans un demi-verre d’eau tiède et faire un bain de bouche matin et soir pendant 3 mois.

L’avantage de ce bain de bouche est son utilisation prolongée sans effet délétère sur la flore buccale.

Ce point est spécialement recherché en parodontologie.

La phytothérapie est l’alliée de l’allopathie conventionnelle et sert là de relais dans la continuité de la pratique de prescription pour le chirurgien-dentiste.

En résumé

Le médicament phytothérapique Echinacea angustifolia en bain de bouche est un cicatrisant et un anti-inflammatoire.

Son utilisation au long cours est envisageable en parodontologie.

Bibliographie

  • Afssaps. Commission d’AMM. Réunion n° 397 du 2 mars 2006. Saint-Denis-la-Plaine : Afssaps, 2006.
  • Bockhorst H, Gollnick N, Guran S, Heinrich HJ, Misic B, Potthast B et al. (1982) Therapy of herpes simplex in practice. Report on the treatment of herpes simplex labialis with Esberitox. ZFA (Stuttgart) 1982;58:1795-1798.
  • Bouillet MN. Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts, Paris : Hachette, 1855.
  • Boukhobza F. Homéopathie clinique pour le chirurgien-dentiste. Rueil-Malmaison : CdP, 2010.
  • Boukhobza F, Goetz P. Phytothérapie en odontologie. Malakoff : CdP, 2014.
  • Buckle J. Clinical aromatherapy: essential oils in practice. Londres: Churchill Livingstone, 2003.
  • George J, Hegde S, Rajesh KS, Kumar A. The efficacy of a herbal-based toothpaste in the control of plaque and gingivitis: a clinico-biochemical study. Indian J Dent Res 2009;20:480-482.
  • Khare CP. Indian herbal remedies. Rational Western therapy and other traditional usage, botany. Berlin: Springer-Verlag, 2004.
  • Koch C, Reichling J, Schneele J, Schnitzler P. Inhibitory effect of essential oils against herpes simplex virus type 2. Phytomedicine 2008;15:71-78.
  • Lorenzi H. Abreu matos plantas medicinais no Brasil. Nova Odessa: Instituto Plantarum de Estudos de Flora, 2002.
  • Lutz M, Perrot R, Ribaux C. Apport des textes médicaux anciens dans la connaissance des pathologies bucco-dentaires et de leur traitement au Moyen Âge. Paleobios 2006;14.
  • Steflitsch W, Steflitsch M (Hrsg). Aromatherapie : Wissenschaft – Klinik – Praxis. Vienne, NewYork : Springer, 2007.