Dentinogenèse imparfaite héréditaire et restauration prothétique - Clinic n° 09 du 01/09/2017
 

Clinic n° 09 du 01/09/2017

 

LE CAS CLINIC

Frédéric COURSON*   Alix BAYON DE NOYER**   Stéphanie MONTAGNE***   Céline GAUCHER****   Violaine SMAÏL-FAUGERON*****   Catherine CHAUSSAIN******  

Ryo, 3 ans, est suivi pour une dentinogenèse imparfaite héréditaire (fig. 1 et 2). Son père et sa sœur sont également atteints de la même maladie. Les tests génétiques ont montré que le gène responsable de la maladie est DSPP. Un praticien a déjà réalisé des coiffes pédodontiques préformées au niveau mandibulaire et a dû extraire un certain nombre de dents temporaires maxillaires. Il nous adresse le patient en vue de la restauration prothétique du maxillaire, pour des raisons esthétiques évidentes mais aussi fonctionnelles (interposition linguale interarcade lors de la succion-déglutition, gêne à la mastication, phonation perturbée). Les dents restantes sont très abrasées et peu rétentrices.

Prise en charge thérapeutique

Pour ce patient, il est décidé non seulement de réaliser des coiffes pédodontiques préformées sur 55 et 65 mais aussi de restaurer les canines temporaires afin de les rendre plus rétentrices pour la réalisation d’une prothèse adjointe partielle (PAP) de 6 dents.

Séquences thérapeutiques

Les dents nécessitent peu de préparation. Pour 53 et 63, des moules d’incisive en polycarbonate de chez 3M sont utilisés. Le moule est ajusté à la dent (fig. 3). Un mordançage est réalisé à l’acide orthophosphorique puis rincé et un ­système adhésif est appliqué ­(OptiBond® Solo Plus, Kerr). Le moule est ensuite rempli de composite (teinte A1, Dentsply) dont la compule est légèrement réchauffée dans de l’eau bouillante pour en modifier la viscosité et permettre une insertion plus facile sur la dent. Après photopolymérisation, il est déposé (fig. 4). La morphologie des dents est ensuite modifiée pour leur redonner une forme canine mais aussi afin d’obtenir une dimension verticale d’occlusion suffisante pour la réalisation des coiffes pédodontiques préformées sur 55 et 65 et de la prothèse adjointe partielle (fig. 5 à 7).

Des empreintes à l’alginate sont prises et un enregistrement à l’aide d’une cire d’occlusion est réalisé. La rétention de la prothèse se fait avec des crochets d’Adams sur les deuxièmes molaires temporaires et en disto-vestibulaire sur les canines restaurées (fig. 8 et 9).

La prothèse est posée et réglée (fig. 10 et 11), Ryo a retrouvé le sourire (fig. 12).

Alternatives thérapeutiques

L’adjonction d’un vérin sur la prothèse adjointe partielle est possible. Si la perte des dents avait été limitée, une prothèse fixée sur coiffes pédodontiques préformées sur 55 et 65 aurait pu être indiquée.

À lire

Naulin-Ifi C. Odontologie pédiatrique clinique. Rueil-Malmaison : CdP, 2011.

En conclusion

La prise en charge des patients atteints de dentinogenèse imparfaite héréditaire est importante non seulement pour rétablir la dimension verticale d’occlusion et les fonctions oro-faciales physiologiques mais aussi pour permettre à l’enfant de retrouver de la confiance et de l’estime de soi. Le suivi prothétique est indispensable pour une bonne acceptabilité par le patient et sa famille.