DE L’IMPORTANCE DE LA GOUTTIÈRE OCCLUSALE - Clinic n° 03 du 01/03/2021
 

Clinic n° 03 du 01/03/2021

 

RENCONTRE AVEC PIERRE-HUBERT DUPAS

Interview

Mathilde SAVIGNAT  

MCU-PH Sciences anatomiques, Faculté de Chirurgie dentaire de Lille

CLINIC : Les propositions avancées dans votre Mémento permettent-elles d’assurer la prise en charge de la majorité des patients présentant des dysfonctionnements cranio-mandibulaires ?

Pierre-Hubert DUPAS : C’est le but de ce mémento. Depuis les précédents livres, nous avons cherché à simplifier notre approche sans pour autant la galvauder. Nous avons modifié notre protocole de diagnostic et de traitement des dysfonctionnements cranio-mandibulaires et évalué...


CLINIC : Les propositions avancées dans votre Mémento permettent-elles d’assurer la prise en charge de la majorité des patients présentant des dysfonctionnements cranio-mandibulaires ?

Pierre-Hubert DUPAS : C’est le but de ce mémento. Depuis les précédents livres, nous avons cherché à simplifier notre approche sans pour autant la galvauder. Nous avons modifié notre protocole de diagnostic et de traitement des dysfonctionnements cranio-mandibulaires et évalué les résultats. 1 500 patients ont été vus en première consultation et 1 350 gouttières occlusales ont été posées avec succès. Les résultats obtenus ont dépassé nos prévisions à tel point que nous avons pu réduire la durée du traitement orthopédique à 2 mois.

Quelle est la place de la gouttière pour traiter les patients présentant des dysfonctionnements cranio-mandibulaires ?

Elle est primordiale à condition qu’elle n’interfère pas sur la position mandibulaire de repos, qu’elle soit réglée avec du papier d’occlusion très fin, que les contacts occlusaux soit contrôlés 2 à 3 semaines après la pose et que la gouttière soit portée 24h/24 en dehors des repas. Si tous ces critères sont respectés, la sédation des douleurs est rapide, voire pratiquement immédiate, à condition que le contrôle de l’horizontalité de la ceinture scapulaire et de l’oculogyrie valide le réglage de la gouttière.

Pour quelles raisons réduisez-vous à un seul les différents types de gouttières habituellement utilisés ?

Dans le passé, nous considérions 3 types de gouttière. En fonction du diagnostic, le réglage était différent : contacts répartis sur la totalité de la gouttière pour les troubles musculaires, contacts postérieurs pour les troubles articulaires non réductibles, enfin gouttière de propulsion pour les antépositions discales réductibles. Quel que soit le type de pathologie, lors du bruxisme l’ascension du condyle dans sa cavité articulaire provoque une compression articulaire. Dans ce mémento, nous avons mentionné et imagé la recherche du docteur Delcambre sur les rapports vectoriels des muscles ptérygoïdiens latéraux, masséters et temporaux. Son travail nous a conduit à n’équilibrer nos gouttières qu’en décompression. Les résultats ont été meilleurs que ceux obtenus avec les précédents types de gouttière.

Quels éléments vous permettent d’assurer la validité de la démarche que vous mettez en avant au sein de cet ouvrage ?

Ce problème est abordé dans le préambule du mémento. Dans le passé, nous avons connu et expérimenté les différents courants de pensée. La réflexion individuelle n’était pas de mise, il fallait suivre à la lettre les dictats de certains maîtres. Heureusement, nous avons eu la chance de côtoyer entre autres Raymond Leibowitch, Daniel Rozencweig et Rudolf Slavicek qui nous ont permis de valider notre démarche des 1976.

Quant à ceux qui prêtent à la gouttière occlusale un effet placébo en privilégiant l’enseignement de techniques de comportement, ils oublient qu’un être humain qui souffre n’est absolument pas réceptif à leurs explications. De par son effet quasi immédiat sur la douleur, la gouttière occlusale permet de faire prendre conscience au patient de son bruxisme qu’il apprend à gérer le jour en continuant à porter sa gouttière la nuit.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’il n’existe aucun lien scientifiquement établi entre occlusion, posture et oeil ?

Qu’ils revoient les ouvrages traitant de l’anatomie et de la physiologie de l’appareil manducateur. Il est difficile de nier le travail des anatomo physiologistes tels que Leblanc, Sobotta et Larmande. Les spécialités médicales se concentrent sur elles-mêmes et oublient que le corps humain est un tout. Tout est lié. À la décharge des détracteurs qui nient les relations existantes entre l’occlusion, la posture et l’oeil, certains praticiens ont expliqué ces relations par l’énergétique. Ce langage est loin d’être académique et ne satisfait pas notre culture médicale. Ceci explique cela. Mais l’étude des relations existantes entre les noyaux des nerfs trijumeaux, des nerfs oculomoteurs et ceux des muscles gouvernant la ceinture scapulaire ont mis en évidence la collaboration indispensable entre le chirurgien-dentiste, l’ostéopathe et/ ou l’orthoptiste.

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