Clinic n° 03 du 01/03/2021

 

Dermatologie

Ambroise JAGDEV*   Camille LEROY**   Marion MORCEL***   Pierre KERIBIN****   Maxime GUILLEMIN*****   Emilie HASCOET******   Alexandra CLOITRE*******   Philippe LESCLOUS********  


*Unité fonctionnelle de chirurgie orale, service d’odontologie restauratrice et chirurgicale, CHU Hôtel-Dieu, Nantes.

MOTIF DE LA CONSULTATION

Une patiente de 32 ans consulte pour une réhabilitation prothétique globale.

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

La patiente d’origine sub-saharienne a comme antécédents médico-chirurgicaux notables un cancer du sein traité par mastectomie totale et radio-chimiothérapie en 2007, puis reconstruction 3 ans après.

La patiente ne présente pas d’allergies et fume 10 à 15 cigarettes/jour depuis une dizaine d’années (estimation de la...


MOTIF DE LA CONSULTATION

Une patiente de 32 ans consulte pour une réhabilitation prothétique globale.

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

La patiente d’origine sub-saharienne a comme antécédents médico-chirurgicaux notables un cancer du sein traité par mastectomie totale et radio-chimiothérapie en 2007, puis reconstruction 3 ans après.

La patiente ne présente pas d’allergies et fume 10 à 15 cigarettes/jour depuis une dizaine d’années (estimation de la consommation tabagique : 7 paquets/an).

L’examen exobuccal est sans particularité sur le plan dermatologique. De plus, on ne palpe aucune adénopathie.

En endobuccal, l’hygiène est perfectible avec la présence de plaque au niveau des collets, de lésions carieuses et de restaurations composites infiltrées non esthétiques. On note aussi la présence de multiples petites lésions papulaires de quelques millimètres de diamètre (revêtement muqueux d’aspect normal, mais légèrement surélevé) bien circonscrites sur la gencive attachée et les versants muqueux labiaux inférieur et supérieur (figure 1). À la palpation, elles apparaissent souples et totalement indolores. Aucun signe clinique de suspicion de malignité n’est donc présent.

D’après la patiente, ces lésions sont présentes depuis l’enfance, sans évolution notable. Aucune notion de poussées n’est retrouvée. Elle ne s’en plaint pas. À des fins diagnostiques, deux biopsies sont réalisées, une sur le versant muqueux de la lèvre supérieure et une en gencive attachée postérieure en regard de 27. Le compte rendu anatomo-pathologique indique des lésions fibro-épithéliales, kératosiques en surface en ce qui concerne le prélèvement labial, sans argument en faveur de lésions pré-carcinomateuses (figure 2).

Vu l’aspect clinique et les caractéristiques histologiques, le diagnostic d’hyperplasie épithéliale focale ou maladie de Heck est alors retenu.

La patiente n’ayant aucune doléance particulière concernant ces lésions, aucun traitement n’a été envisagé. Une surveillance active semestrielle ou devant tout changement d’aspect de surface est cependant conseillée.

COMMENTAIRES

L’hyperplasie focale épithéliale (HEF) ou maladie de Heck décrite initialement chez les Indiens d’Amérique, puis chez les Inuits du Groenland, a été par la suite trouvée dans d’autres populations aux Antilles, en Afrique du Nord et subsaharienne, comme cette patiente. Une infection virale par HPV 13 ou 32 dans l’enfance est avancée dans la littérature. L’atteinte muqueuse a tendance à régresser avec l’âge par acquisition d’une immunité spécifique. Aucune dégénérescence maligne n’est décrite à ce jour selon Kuffer et al [1]. Aucun traitement n’est nécessaire car les lésions ont tendance à régresser dans le temps.

Seules les lésions gênantes peuvent faire l’objet d’une exérèse à la lame froide et/ou au laser.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1. Kuffer R, Lombardi T, Husson-Bui C, Courrier B, Samson J. La muqueuse buccale : de la clinique au traitement. Editions MED’COM, 2009.

Liens d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts concernant cet article.