Greffe de tissu conjonctif autologue ou matrice de collagène xénogénique associée à des lambeaux déplacés coronairement pour recouvrir des récessions gingivales adjacentes multiples. Suivi à 36 mois d’un essai multicentrique randomisé - Clinic n° 09 du 01/09/2021
 

Clinic n° 09 du 01/09/2021

 

Revue de presse

Internationale

Adrian BRUN  

La stabilité des résultats après les procédures de recouvrement radiculaire est un élément clé de la prise de décision clinique. À ce jour, le greffon de tissu conjonctif (GTC) est considéré comme la norme pour obtenir la meilleure stabilité des résultats. Le prélèvement palatin qu’il implique le plus souvent présente cependant une morbidité non négligeable au niveau du site donneur et des alternatives sont proposées.

La performance clinique d’une matrice de...


La stabilité des résultats après les procédures de recouvrement radiculaire est un élément clé de la prise de décision clinique. À ce jour, le greffon de tissu conjonctif (GTC) est considéré comme la norme pour obtenir la meilleure stabilité des résultats. Le prélèvement palatin qu’il implique le plus souvent présente cependant une morbidité non négligeable au niveau du site donneur et des alternatives sont proposées.

La performance clinique d’une matrice de collagène xénogénique (MCX) étudiée dans un essai multicentrique sur des récessions dentaires uniques semble améliorer les résultats de la cicatrisation et le recouvrement radiculaire des lambeaux déplacés coronairement (LDC). Peu d’études se sont cependant intéressées au traitement de récessions multiples.

Les résultats d’un essai de non-infériorité comparant la MCX à un GTC dans le traitement de récessions multiples adjacentes ont indiqué que les sujets traités avec la MCX se rétablissaient plus rapidement après l’opération. L’essai n’a cependant pas réussi à démontrer la non-infériorité de la MCX par rapport au GTC. L’analyse de suivi axée sur l’évaluation professionnelle des résultats esthétiques à 6 mois a montré que le GTC donnait de meilleurs résultats pour la composante de recouvrement radiculaire alors que la MCX était meilleure pour le contour des tissus marginaux et la texture des tissus.

OBJECTIF DE L’ÉTUDE

Rapporter le suivi à 36 mois d’un essai comparant l’adjonction d’une MCX ou d’un GTC à des LDC pour le recouvrement de récessions multiples adjacentes.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Au total, 125 patients (61 MCX) présentant 307 récessions inclus dans 8 centres ont été suivis pendant 36 mois. Le critère de jugement principal était le changement de position de la gencive marginale.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

La récession moyenne au départ était de 2,6 ± 1,0 mm. Le recouvrement radiculaire à 3 ans était de 1,5 ± 1,5 mm pour la MCX et de 2,0 ± 1,0 mm pour le GTC (différence de 0,32 mm, IC95 % de - 0,02 à 0,65 mm). La limite supérieure de l’intervalle de confiance était supérieure à la marge de non-infériorité de 0,25 mm. Aucune différence de traitement dans la position de la gencive marginale n’a été observée entre le suivi à 6 et 36 mois (différence de 0,06 mm, IC95 % de - 0,17 à 0,29 mm). Les résultats du présent rapport ainsi que les précédents de cet essai montrent une amélioration des résultats du recouvrement radiculaire pour les traitements d’essai (MCX) et de contrôle (CTG). Une des limites de la présente étude est l’absence de mesure de l’épaisseur des tissus et de ses variations dans le temps.

CONCLUSION

L’utilisation de la MCX n’a pas donné de résultats inférieurs par rapport à un GTC dans le traitement de récessions multiples adjacentes. Aucune différence dans la stabilité du recouvrement radiculaire n’a été observée entre les groupes entre 6 et 36 mois. Il est à noter que les auteurs se sont intéressés ici principalement à des récessions RT1 (Cairo) de faible étendue et que le niveau d’analyse prend en compte la notion de non-infériorité (et non pas la supériorité). Il est également à noter que le temps de récupération plus court, la morbidité plus faible et l’apparence plus naturelle de la texture et du contour des tissus observés avec l’utilisation de la MCX dans cet essai sont également pertinents pour la prise de décision clinique.

PERTINENCE CLINIQUE

• Justification scientifique de l’étude. La stabilité des résultats du recouvrement radiculaire est essentielle à la prise de décision. Le GTC est considéré comme la norme pour obtenir la meilleure stabilité des résultats. Le prélèvement palatin qu’il implique le plus souvent présente cependant une morbidité non négligeable. On sait peu de choses sur l’utilisation de la MCX dans le recouvrement de récessions multiples.

• Principales conclusions. Les résultats de cet essai ont indiqué que la MCX ne montrait pas de résultats inférieurs au GTC à 36 mois (marge de 0,25 mm). Par ailleurs, aucune différence entre le test (MCX) et le contrôle (CTG) n’a été observée en termes de stabilité des résultats entre 6 et 36 mois. Ainsi, dans cet essai, le bénéfice du GTC était principalement dû à l’amélioration des résultats précoces.

• Implications pratiques. Les indications cliniques de la MCX de première génération sont, d’une part, les cas de contre-indication au prélèvement autologue de conjonctif enfoui dans le palais et, d’autre part, les cas où le patient et le clinicien cherchent à limiter la morbidité, à raccourcir la chirurgie et le temps de récupération, à obtenir une texture et un contour de tissu plus naturels, mais sont prêts à accepter un risque plus élevé de résultat non optimal en termes de recouvrement radiculaire.

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