L’USURE PAR ÉROSION CHIMIQUE - Clinic n° 10 du 01/10/2022
 

Clinic_Hors série n° 10 du 01/10/2022

 

Éditorial

Franck DECUP  

Il est toujours étonnant d’observer le développement d’une nouvelle pathologie. Dans le domaine de l’odontologie, il en est une qu’il a fallu comprendre et prendre en charge de manière exponentielle ces vingt dernières années, c’est l’usure par érosion chimique.

L’observation de lésions d’usure, mécaniques et chimiques, n’est pas nouvelle mais leur augmentation importante a suivi nos habitudes alimentaires et nos conditions de vie et de santé contemporaines....


Il est toujours étonnant d’observer le développement d’une nouvelle pathologie. Dans le domaine de l’odontologie, il en est une qu’il a fallu comprendre et prendre en charge de manière exponentielle ces vingt dernières années, c’est l’usure par érosion chimique.

L’observation de lésions d’usure, mécaniques et chimiques, n’est pas nouvelle mais leur augmentation importante a suivi nos habitudes alimentaires et nos conditions de vie et de santé contemporaines. C’est une véritable problématique de santé publique qui existe aujourd’hui, générant, entre autres, des altérations dentaires multiples, des douleurs et de l’inconfort personnel et social. Selon le développement de la pathologie, les séquelles dentaires particulières de l’usure par érosion ont des répercussions irréversibles non seulement sur l’anatomie des dents mais aussi, par voie de conséquence, sur la fonction et l’esthétique. Les difficultés diagnostiques et les besoins de traitement sont spécifiques à cette agression acide atteignant les tissus durs : les signaux d’alerte sont faibles pour le patient et même pour le praticien. Aux stades les plus précoces, il y a peu de douleur et peu de visibilité des surfaces lésées. L’hypersensibilité dentinaire ainsi qu’une altération esthétiquement visible de la forme des dents antérieures représentent souvent l’élément déclencheur du motif de consultation. Le plus souvent, c’est le praticien, en recherchant systématiquement les premières modifications structurales de l’émail, qui identifiera des facies spécifiques d’usures caractéristiques. C’est le meilleur moment d’agir !

Le diagnostic et surtout l’étiologie doivent être exposés et expliqués au patient car c’est d’abord en reprenant le contrôle sur les facteurs de risque que la pathologie peut être prise en charge. Ensuite la prévention, la préservation des tissus dentaires et leur réhabilitation par des techniques adhésives forment le défi des traitements de l’usure érosive. Nous présentons dans ce numéro spécial quelques connaissances essentielles sur l’érosion. D’abord pour mieux comprendre l’importance et les enjeux du problème, ensuite pour adopter les approches diagnostiques bien définies aujourd’hui et, enfin, pour donner un exemple clinique de prise en charge de ces patients.