Immunité de l’hôte et espèces de Candida associées aux stomatites sous-prothétiques. Une revue narrative - Clinic n° 07 du 01/07/2023
 

Clinic n° 07 du 01/07/2023

 

Revue de presse

Internationale

Claire LUTZ  

La candidose sous-prothétique est fréquente chez les patients porteurs de prothèses amovibles. Cette pathologie est décrite cliniquement comme une inflammation localisée ou généralisée de la muqueuse orale en relation avec une prothèse amovible. Selon Newton, cette candidose érythémateuse peut être divisée en trois catégories : la classe I, sous forme d’une inflammation localisée, la classe II, sous forme d’érythème œdémateux, et la classe III, sous forme...


La candidose sous-prothétique est fréquente chez les patients porteurs de prothèses amovibles. Cette pathologie est décrite cliniquement comme une inflammation localisée ou généralisée de la muqueuse orale en relation avec une prothèse amovible. Selon Newton, cette candidose érythémateuse peut être divisée en trois catégories : la classe I, sous forme d’une inflammation localisée, la classe II, sous forme d’érythème œdémateux, et la classe III, sous forme d’inflammation granulomateuse et hypertrophique. Cette infection est liée à un déséquilibre entre et au sein du microbiote oral et du système immunitaire de l’hôte. La survenue d’une candidose orale sous-prothétique peut être favorisée par différents facteurs locaux ou systémiques.

OBJECTIF

Étudier la littérature concernant les réponses immunitaires des patients atteints de stomatites sous-prothétiques et en particulier l’implication de Candida albicans dans cette pathologie.

ANALYSE

Le microbiote oral est capable de coloniser à la fois les surfaces muqueuses et les surfaces prothétiques. La présence d’une prothèse amovible crée une nouvelle niche écologique propice au développement, sans résistance, de C. albicans. Ce dernier crée lui-même un environnement favorable grâce à une coopération synergique avec les bactéries, promouvant sa forme pathogène filamenteuse ou pseudo-filamenteuse. De plus, un mauvais entretien de la prothèse augmente la charge bactérienne et fongique. La pathogénicité du C. albicans passe par différents mécanismes comme son adhésion aux muqueuses, l’invasion des muqueuses, la production de toxines, les interactions avec le métabolisme et avec le système immunitaire de l’hôte.

La plupart du temps, la réponse immunitaire de l’hôte est suffisante au maintien de la santé de la muqueuse orale. Idéalement, en présence d’une prothèse amovible, le système immunitaire contient l’invasion de C. albicans tout en tolérant le microbiote commensal. La candidose sous-prothétique est étroitement liée à la relation entre les immunités innée et adaptative de l’hôte. Au-delà d’un certain seuil, le maintien de la santé muqueuse dépend principalement de la réponse innée alors que la réponse adaptative cherche à limiter les dommages muqueux.

Les cellules épithéliales de la muqueuse orale en contact avec la prothèse présentent des récepteurs de reconnaissance (PRR) qui leur permettent de détecter des modèles moléculaires associés aux agents pathogènes (PAMP), présents dans les bactéries et champignons. Il en résulte une réaction inflammatoire pouvant déclencher une réponse immunitaire par des voies pro-inflammatoires et antimicrobiennes. Plusieurs systèmes permettent au microbiome oral d’influencer les défenses de l’hôte. Ainsi, entre les micro-organismes colonisant la surface muqueuse, il existe une confrontation permanente permettant d’éliminer certains micro-organismes. Ce phénomène rend possible une protection contre l’invasion candidosique. Cependant, la colonisation de la résine prothétique, sans résistance immunitaire, crée un réservoir expliquant partiellement la chronicité de la candidose sous-prothétique. En effet, la surface prothétique est le siège de la formation d’un biofilm profitable aux interactions entres espèces bactériennes et fongiques et entres espèces de Candida. De plus, plusieurs pathologies systémiques, leurs traitements et des facteurs locaux peuvent être des facteurs de risque de développement d’une candidose.

CONCLUSION

Le développement d’une candidose est la conséquence d’une dysbiose et d’un dépassement du système immunitaire. Cette interaction peut être influencée par une multitude de facteurs intrinsèques et extrinsèques. La présence d’une prothèse amovible, en particulier chez les personnes âges immunodéficientes, entraîne des modifications de l’environnement favorisant la colonisation et le passage du C. albicans à une forme pathogène. La prévention, en particulier pour les patients à risque, reste le seul moyen de contrôler la candidose sous-prothétique.

PERTINENCE CLINIQUE ET DISCUSSION

Les candidoses, en particulier sous-prothétiques, sont une affection fréquente des muqueuses orales. Les mécanismes décrits dans cet article rappellent à quel point les interactions entre le microbiote oral et le système immunitaire sont complexes. La surveillance et la vigilance quant aux différents facteurs de risque sont le meilleur moyen de prévenir la survenue d’une candidose sous-prothétique. Il est toutefois intéressant de noter que la sévérité de la candidose semble liée à une complexité et à une diversité d’espèces de Candida pouvant éventuellement influencer le traitement mis en place.

LA REVUE DE PRESSE EST COORDONNÉE PAR Sébastien Jungo

MCU associé-PH en Parodontologie, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université Paris Cité, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau.