Édentement sub-total, la qualité de vie en question - Clinic n° 07 du 01/07/2018
 

Clinic_Hors Série n° 07 du 01/07/2018

 

QUALITÉ DE VIE

Radhia BENBELAID  

MCU-PHDépartement de réhabilitation orale
Université Paris Descartes
GH Pitié Salpétrière-Charles FoixExercice libéral

Le praticien mesure le succès de sa thérapeutique par l’amélioration de la qualité de vie du patient ou par une meilleure adaptation de celui-ci à l’environnement. La prise en compte de l’aspect « qualité de vie et succès thérapeutique » est liée à l’évolution du concept de santé, communément défini maintenant comme un état et non plus comme une simple absence de maladie (OMS, 2001).

La figure 1 [1]...


Le praticien mesure le succès de sa thérapeutique par l’amélioration de la qualité de vie du patient ou par une meilleure adaptation de celui-ci à l’environnement. La prise en compte de l’aspect « qualité de vie et succès thérapeutique » est liée à l’évolution du concept de santé, communément défini maintenant comme un état et non plus comme une simple absence de maladie (OMS, 2001).

La figure 1 [1] illustre les différents facteurs à prendre en compte dans l’évaluation de l’état de santé d’un patient.

Situation clinique (fig. 2 et 3)

Il s’agit d’une patiente de 65 ans dont le lichen plan érosif a évolué en tumeur il y a 20 ans. Après éviction de la tumeur, la patiente a subi une greffe du grand dorsal, en regard de l’hémi-arcade mandibulaire gauche. Le dernier jeu de prothèses réalisé se compose d’une prothèse adjointe complète maxillaire et d’une prothèse adjointe mandibulaire avec un attachement supra-dentaire en position de 33 (dalbo plus) et des éléments de rétentions sur 44 et 45.

Sept ans plus tard, l’attachement sur 33 se descelle. La racine ayant un pronostic très réservé, l’extraction est programmée. La prothèse est réadaptée avec de la résine à prise retard puis la réfection totale de base de la prothèse mandibulaire est réalisée.

Après 15 jours de port de la prothèse mandibulaire rebasée, la patiente exprime sa difficulté à parler, manger et sourire.

Il est alors convenu, en accord avec la patiente et dans l’attente d’une solution pérenne, qu’elle ferait usage d’adhésif pour stabiliser sa prothèse mandibulaire [4]. Ce qui, de fait, contribue à maintenir la prothèse complète maxillaire sur ses surfaces d’appuis et permet à la patiente de retrouver une vie sociale.

Conclusion

D’après la littérature, la perception par le patient de son bien-être a un impact plus important sur sa qualité de vie liée à la santé orale que la situation clinique elle-même. La confrontation des éléments objectifs et du ressenti du patient permet une adéquation entre les besoins et la thérapeutique proposée. Dans la situation présentée ci-dessus, l’adhésif permet de pallier temporairement la stabilisation et la rétention de la prothèse sub-totale, dans l’attente de l’évaluation de la faisabilité d’adjoindre un élément de stabilisation implanto-porté en regard de l’hémi-arcade mandibulaire droite.

Pour évaluer les besoins en santé du patient, une évaluation objective de la santé bucco-dentaire est possible à l’aide de nombreux instruments.

Au début des années 1990, des instruments spécifiques ont été mis au point et deux d’entre eux, adoptant un concept similaire, ont fait l’objet de nombreuses publications. Ce sont le Oral Health Impact Profile (OHIP) et le General Oral Health Assessement Index (GOHAI) [2].

Le plus utilisé est l’OHIP 49. Il existe une version courte de ce questionnaire, l’OHIP 14 [3], traduit mais non validé en français. Le GOHAI (tableau 1) est plus centré sur la limitation fonctionnelle, la douleur et l’inconfort. L’OHIP, quant à lui, investigue plus les aspects psychologiques et sociaux. Le choix des items a été fait au départ pour évaluer une population de patients âgés. Ils privilégient l’évaluation du niveau de fonctionnement, avec ou sans appareillage dentaire, et du degré de satisfaction procuré par ces mêmes appareillages.

Ces questionnaires peuvent être remplis par le patient seul ou par le praticien interrogeant son patient. Les limites de ces questionnaires sont la connaissance de la langue et la compréhension des questions.

Bibliographie

  • [1] Dahan L, Ho B, Benbelaïd R. Réhabilitation orale et qualité de vie. Clinic 2008;29:719-725.
  • [2] Locker D, Slade G. Oral health and the quality of life among older adults : the Oral Health Impact Profile. J Can Dent Assoc 1993;59:830-83, 837-838, 844.
  • [3] Slade GD. Derivation and validation of a short-form Oral Health Impact Profile. Community Dent Oral Epidemiol 1997;25:176-180.
  • [4] Papadiochou S, Emmanouil I, Papadiochos I. Denture adhesives : a systematic review. J Prosth Dent 2015:113:391-397.