Le temps s'en chargera... - Implant n° 2 du 01/05/2005
 

Implant n° 2 du 01/05/2005

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Dans l'éditorial du n° 3 de l'année dernière, je soulignais les risques de la nouveauté systématique que l'on observe dans le domaine de l'implantologie. En attirant votre attention sur ce phénomène en plein développement, un certain nombre d'entre vous ont pu penser que ma prudence n'était que le reflet d'une nostalgie déplacée. En mars dernier, le premier événement majeur de l'année concernant l'implantologie en France s'est déroulé à Aix-en-Provence : le congrès Aix-Po...


Dans l'éditorial du n° 3 de l'année dernière, je soulignais les risques de la nouveauté systématique que l'on observe dans le domaine de l'implantologie. En attirant votre attention sur ce phénomène en plein développement, un certain nombre d'entre vous ont pu penser que ma prudence n'était que le reflet d'une nostalgie déplacée. En mars dernier, le premier événement majeur de l'année concernant l'implantologie en France s'est déroulé à Aix-en-Provence : le congrès Aix-Po 2005 a réuni, sur 3 jours, les plus grands spécialistes des différents domaines de la discipline. Parmi eux, Thomas Albrektsson, le grand défenseur des surfaces usinées dans les années 1980 et 1990, a parlé des nouveaux états de surface rugueux, qu'il développe et expérimente depuis l'an 2000. Il s'agit de surfaces rugueuses par anodisation (TiUnite), puis de l'amélioration de surfaces rugueuses existantes par le fluor (Osseospeed).

Lors de la table ronde qui a suivi son exposé, je n'ai pu m'empêcher d'évoquer avec lui le problème de l'évolution sur le long terme de ces produits par un certain nombre de questions :

- la première porte sur le risque accru de péri-implantite observée sur les surfaces rugueuses.

Selon le Dr Albrektsson, la diminution de la rugosité devrait réduire le pourcentage de péri-implantite, mais il ignore aujourd'hui dans quelle mesure ;

- la deuxième porte sur l'absence de recherches cliniques préliminaires au lancement sur le marché d'une nouvelle surface : le Dr Albrektsson reconnaît que les études animales à court terme ne sont pas intégralement transposables à l'homme, et que seules les études cliniques sur l'homme apportent la réponse. En leur absence, ce sont les praticiens qui expérimentent et évaluent sur leurs patients les nouveaux produits ;

- la troisième concerne le risque encouru par un praticien de connaître à nouveau les échecs massifs que certains ont connu par le passé avec des systèmes implantaires défaillants (hydroxyapatite, TPS...). Le Dr Albrektsson concède que ce risque existe bien évidemment, mais il ne peut aujourd'hui savoir quelles sont les nouveautés qui présenteront une telle évolution dans le temps. Il peut toutefois garantir que sur 10 nouveaux systèmes proposés récemment, 3 rencontreront un nombre d'échecs important, amenant à l'abandon du système.

Le problème aujourd'hui est qu'il ne peut les désigner... Le temps s'en chargera.

Il est donc clair que le ton de mon éditorial du mois d'août dernier n'est pas le reflet d'un pessimisme indéfectible, mais celui d'un réalisme inquiet devant l'engouement aveugle d'un trop grand nombre de praticiens pour la nouveauté systématique. N'oublions pas que derrière chaque implant posé se trouve un patient, et que les chiffres des statistiques de taux d'échecs cachent la plupart du temps autant de drames humains.