Déni de responsabilité - Implant n° 3 du 01/08/2005
 

Implant n° 3 du 01/08/2005

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Apporter aux lecteurs d'Implant une information fiable et contrôlée sur les nouveautés a été par le passé un exercice assez simple. La plupart des innovations étaient issues d'une expérimentation animale et clinique disponible et publiée lors de leur présentation.

Dans les 5 dernières années, la situation s'est rapidement dégradée avec la présentation de nouveaux produits sans support scientifique à moyen terme, une simple étude animale à 6 mois ou une...


Apporter aux lecteurs d'Implant une information fiable et contrôlée sur les nouveautés a été par le passé un exercice assez simple. La plupart des innovations étaient issues d'une expérimentation animale et clinique disponible et publiée lors de leur présentation.

Dans les 5 dernières années, la situation s'est rapidement dégradée avec la présentation de nouveaux produits sans support scientifique à moyen terme, une simple étude animale à 6 mois ou une étude clinique prospective à 1 an apportant le vernis scientifique suffisant pour faire passer l'innovation comme un acquis définitif éprouvé et contrôlé. Le nombre croissant de nouveautés ne permet pas de faire le tri entre un gadget inutile, voire néfaste et un développement prometteur, car les délais de parution de la presse professionnelle ne permettent plus de cadrer avec les exigences promotionnelles des services marketing.

C'est à cette époque que s'est développée la parution de numéros spéciaux, la plupart du temps qualifiés de suppléments et consacrés à la publication d'articles développant les sujets du dernier congrès annuel d'un système. Pour les praticiens abonnés à ces revues internationales publiant des articles soumis à un comité de lecture, chargé de contrôler la valeur de l'étude selon des critères stricts et validés, la confusion entre le niveau scientifique des articles des numéros habituels de la revue et ceux des numéros dédiés à un système est compréhensible. Malheureusement, le contrôle du comité de lecture ne s'exerce pas dans ces numéros commandés, et cette pratique est aujourd'hui tellement développée qu'aucune revue anglosaxonne consacrée à l'implantologie n'échappe au phénomène.

De nos jours, afin de coller à l'actualité et de promouvoir les dernières innovations de son système le plus rapidement possible, l'industrie diffuse auprès de la presse des communiqués de presse. Ainsi à la rédaction d'Implant, nous avons reçu en juin dernier, du leader mondial des solutions dentaires esthétiques et novatrices, un communiqué sur le lancement de 560 nouveaux produits. En une année, cette société a développé et expérimenté plus de 2 nouveaux produits par jour ouvrable et presque autant que dans les 5, voire les 10 dernières années. Pour un néophyte, la performance est impressionnante ; pour un praticien averti, elle est inquiétante. Mais venant d'une firme de 1 550 employés, enregistrant pour l'année dernière des revenus de 338 millions d'euros, tout est possible. La plus grande nouveauté dans ce communiqué est le paragraphe intitulé « Déni de responsabilité » nous signalant que « ce communiqué peut contenir des énoncés prévisionnels tels que les futures performances de matériaux et de produits, situations financières… qui présentent des risques et des incertitudes. Ces énoncés sont assujettis à des risques inconnus et d'autres facteurs qui pourraient entraîner des différences substantielles entre les performances ou résultats réels et de pareils énoncés ». Pour une nouveauté, c'est une nouveauté ! Passer du développement scientifique au parapluie juridique, ce doit être le progrès…

J'ai pensé que mon devoir de rédacteur en chef était de vous avertir de la difficulté réelle que nous rencontrons aujourd'hui pour vous apporter une information fiable et contrôlée des nouveautés arrivant sur le marché.