Effet du tabagisme sur la perte osseuse marginale - Implant n° 4 du 01/11/2005
 

Implant n° 4 du 01/11/2005

 

Implant a analysé

Analysé par Alain Gracia  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette étude rétrospective compare la perte osseuse marginale (POM) et le taux de succès des implants (mis en évidence radiographiquement) chez les fumeurs et les non-fumeurs. Au total, 646 implants posés entre 1995 et 1998 chez 161 patients âgés de 23 à 89 ans ont été observés.

Ces patients étaient répartis en 3 groupes : non-fumeurs, fumeurs modérés (- de 10 cigarettes par jour) et gros fumeurs (+ de 10 cigarettes...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette étude rétrospective compare la perte osseuse marginale (POM) et le taux de succès des implants (mis en évidence radiographiquement) chez les fumeurs et les non-fumeurs. Au total, 646 implants posés entre 1995 et 1998 chez 161 patients âgés de 23 à 89 ans ont été observés.

Ces patients étaient répartis en 3 groupes : non-fumeurs, fumeurs modérés (- de 10 cigarettes par jour) et gros fumeurs (+ de 10 cigarettes par jour).

Ces patients ont été observés sur une période de 1 à 7 ans après la pose des implants. Les radiographies panoramiques réalisées au moment du deuxième temps opératoire sont comparées aux radiographies de contrôle, réalisées une fois par an jusqu'à la fin de cette étude.

L'influence du tabagisme sur la perte osseuse marginale a été analysée sur chaque site implantaire. Généralement, les fumeurs ont plus de POM que les non-fumeurs (respectivement 0,153 ± 0,092 mm et 0,047 ± 0,048 mm, soit P < 0,01).

Lorsque chaque maxillaire est examiné séparément, les auteurs constatent que le tabagisme a davantage d'effets sur le maxillaire que sur la mandibule (0,158 ± 0,171 mm contre 0,146 ± 0,158 mm).

Au maxillaire supérieur, ce sont les gros fumeurs qui présentent le plus de POM (0,1897 ± 0,1825 mm), suivis par les fumeurs modérés (0,123 ± 0,156 mm), puis par les non-fumeurs (0,0460 ± 0,070 mm).

En revanche, à la mandibule, il n'y a pas de différence entre les gros fumeurs et les fumeurs modérés : tous les deux présentent beaucoup plus de POM que les non-fumeurs.

Seulement 3 des 646 implants ont été perdus. Le taux de succès cumulé est donc de 99,5 % et le taux de succès moyen analysé d'après les radiographies est de 93,2 %. Les non-fumeurs ont un taux de succès « radiographique » supérieur à celui des fumeurs (97,1 contre 87,8 %). En conclusion, cette étude démontre une relation évidente entre la POM et le tabagisme, avec une incidence plus marquée au maxillaire supérieur.

Ce que j'en pense : Cette étude ne fait que confirmer les publications relatives aux effets négatifs du tabac sur le taux de succès implantaire. Toutefois, et bien que cela ne soit pas précisé formellement par les auteurs, il semble que plusieurs marques d'implants aient été utilisées dans cette étude ; ni le type, ni l'état de surface de ces implants ne sont toutefois mentionnés. En ce qui concerne l'échantillonnage observé, il n'y a pas de distinction d'âge, de sexe, et le type d'os rencontré lors de la chirurgie n'est pas précisé.

Cela signifierait-il que tous ces éléments, lorsqu'ils sont en corrélation avec le tabac, n'auraient aucune incidence sur la perte osseuse ?

On peut également se demander si le succès implantaire évalué sur des radiographies panoramiques non reproductibles peut être considéré comme fiable. Il serait intéressant d'utiliser une technique long cône reproductible pour mesurer cette POM.

Dans un autre ordre d'idée, on peut s'étonner que le taux de succès implantaire obtenu soit supérieur aux taux habituellement décrits, dans la littérature, chez le non-fumeur, comme chez le fumeur. Est-il en rapport avec la technique d'observation ?

Ce que j'ai appris :

• La proportion de fumeurs est relativement importante en Israël : 26,4 % des adultes (contre 9 % en Belgique par exemple) !

• La POM à la mandibule est sensiblement la même, que le patient soit un fumeur modéré ou un gros fumeur, ce qui tend à penser que le tabac aggrave la perte osseuse marginale aussi faible qu'en soit la consommation ! Alors qu'au maxillaire, elle reste « normalement » proportionnelle à la consommation tabagique.

• En moyenne, le nombre d'implants posés est supérieur chez le fumeur que chez le non-fumeur (respectivement 4,6 implants en moyenne contre 3,7). Selon les auteurs, les fumeurs sont plus susceptibles aux maladies parodontales que les non-fumeurs et par conséquent, ils ont davantage besoin de soins dentaires. Il est enfin intéressant de constater que, dans cette étude, 36,6 % des patients porteurs d'implants sont des fumeurs (il n'y a pourtant « que » 26,4 % de fumeurs dans la population adulte en Israël).

Ces chiffres sont-ils transposables à nos patients ?