Le sevrage tabagique pourrait améliorer la densité osseuse autour des implants en titane : étude histologique chez le rat - Implant n° 2 du 01/05/2006
 

Implant n° 2 du 01/05/2006

 

Implant a analysé

Analysé par Alain Gracia  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette équipe de parodontistes de Sao Paulo (Brésil) se propose d'étudier les effets de l'interruption de l'inhalation de fumée de cigarettes sur la densité osseuse autour des implants en titane.

L'étude, étalée sur 150 jours, porte sur 69 rats répartis en 4 groupes :

- le groupe G1 (n = 16) est le groupe contrôle ;

- le groupe G2 (n = 17) est exposé à la fumée de cigarettes pendant toute la durée de l'étude...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette équipe de parodontistes de Sao Paulo (Brésil) se propose d'étudier les effets de l'interruption de l'inhalation de fumée de cigarettes sur la densité osseuse autour des implants en titane.

L'étude, étalée sur 150 jours, porte sur 69 rats répartis en 4 groupes :

- le groupe G1 (n = 16) est le groupe contrôle ;

- le groupe G2 (n = 17) est exposé à la fumée de cigarettes pendant toute la durée de l'étude (150 jours) ;

- le groupe G3 (n = 16) est exposé à la fumée pendant les 83 jours précédant la pose des implants, cette exposition cesse définitivement 7 jours avant la pose des implants ;

- le groupe G4 (n = 20) pour lequel l'exposition à la fumée de cigarettes est interrompue du 7e jour avant la pose jusqu'au 21e jour après la pose des implants.

Tous ces animaux recevront des implants dans le tibia le 90e jour et seront sacrifiés 60 jours après.

C'est la densité de l'os, c'est-à-dire la proportion d'os minéralisé dans un espace de 500 mm autour des implants, qui sera étudiée pour chaque individu.

Les résultats montrent que dans l'os cortical, une très faible différence de densité osseuse est relevée entre chaque groupe (elle est voisine de 98 % pour chacun des groupes). En revanche, dans l'os spongieux, l'exposition continue à la fumée de cigarettes (groupe G2) fait diminuer, de façon significative, la densité osseuse péri-implantaire par comparaison aux autres groupes. En revanche, une très faible différence se constate entre les groupes 1, 3 et 4.

D'après les auteurs, ces résultats accréditent la thèse selon laquelle les effets de la consommation de cigarettes sur la densité de l'os spongieux autour des implants dentaires peuvent être réversibles. En outre, ces mêmes résultats suggèrent que les fumeurs peuvent obtenir des résultats similaires à ceux des non-fumeurs s'ils arrêtent de fumer au moment de la pose des implants, et cela même d'une façon temporaire.

Ce que j'en pense : Bolin et al. ont déjà montré que la perte d'os pouvait être retardée chez les individus ayant cessé de fumer. Toutefois, comparativement à de nombreuses études montrant les effets nocifs du tabac sur la pérennité des implants, la période d'observation de cette étude est très courte : 150 jours alors que de nombreuses autres études sont étalées sur 10 ans (Bodin), 12 ans (Lindquist), ou même 20 ans (Joussau)... Aussi, nous pouvons à juste titre nous demander si nous pouvons lui accorder le même crédit.

De plus, le tabagisme est passif puisque les rats sont exposés à la fumée de 10 cigarettes (8 min 3 fois par jour) et les implants sont placés dans le tibia et non dans la bouche d'un fumeur « actif ». Les effets de cette « forme de tabagisme » sont-ils comparables ?

Même si César-Neto et al. précisent que ces expositions chez le rat seraient équivalentes à une consommation de 10 à 20 cigarettes par jour chez l'homme, ces résultats peuvent être difficilement comparés à ceux obtenus par d'autres auteurs.

Ce que j'ai appris :

• L'importance du tabagisme passif : la seule exposition passive à la fumée de 10 cigarettes pendant 8 min 3 fois par jour provoque chez le rat, en seulement 90 jours, une différence significative de densité de l'os spongieux en contact avec la surface d'un implant en titane. Rappelons que le tabagisme passif fait 3 000 victimes par an en France !

• L'effet nocif du tabac agit essentiellement au niveau de l'os spongieux.

• Toute comparaison avec l'homme devra évidemment être abordée avec une extrême prudence en raison, d'une part, des importantes différences du métabolisme du tabac chez l'homme et chez le rat et, d'autre part, de la fréquence d'exposition à la fumée utilisée dans cette étude.

Les auteurs concluent d'ailleurs très honnêtement en avertissant leurs lecteurs : « Malgré les limites de cette étude... »

Articles de la même rubrique d'un même numéro