L'implant ou l'implant ? - Implant n° 4 du 01/11/2006
 

Implant n° 4 du 01/11/2006

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Dans le dernier numéro d'Implant, j'évoquais le paradigme apporté par certains conférenciers lors du congrès Europerio5 qui s'est déroulé à Madrid en juin dernier. Cela concernait principalement la révision du dogme selon lequel les implants sont plus performants, en termes de pronostic à long terme, que les dents naturelles parodontalement compromises, et que les implants sont dépourvus d'effets secondaires négatifs. Nous avons vu que toutes ces allégations sont fausses...


Dans le dernier numéro d'Implant, j'évoquais le paradigme apporté par certains conférenciers lors du congrès Europerio5 qui s'est déroulé à Madrid en juin dernier. Cela concernait principalement la révision du dogme selon lequel les implants sont plus performants, en termes de pronostic à long terme, que les dents naturelles parodontalement compromises, et que les implants sont dépourvus d'effets secondaires négatifs. Nous avons vu que toutes ces allégations sont fausses et ne sont pas corroborées par l'examen de la littérature.

Il est communément admis actuellement qu'il n'existe pas de mauvais système implantaire et que, globalement, un implant doit présenter une surface rugueuse, une connexion interne, des micro-spires sur le col de l'implant et l'impérative nécessité du « platform-switching ». Cela permet une mise en charge accélérée, si ce n'est immédiate, une stabilité de l'os crestal autour de l'implant, aidée en cela par une non-prolifération bactérienne et un espace biologique préservé. Et donc, tous les implants se ressemblent, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Car certains systèmes présentent déjà ces caractéristiques ; les autres se dépêchent d'introduire le « nec plus ultra » de l'implantologie moderne dans leur gamme. Le Pr Tord Berglundh (Université de Göteborg, Suède) a présenté plusieurs études animales sur le traitement de la péri-implantite déclenchée expérimentalement par des ligatures, selon le modèle de Zitzmann et al. (J Clin Periodontol, 2004). À la question posée : « la progression spontanée de la péri-implantite est-elle différente sur une surface lisse et une surface rugueuse ? », la réponse est : « la progression spontanée d'une péri-implantite induite par ligature est plus importante sur les implants présentant une surface rugueuse que sur les implants présentant une surface lisse ». Aussi, on ne peut pas affirmer qu'en termes de réaction à la péri-implantite, la meilleure surface soit la surface rugueuse, la plus en vogue actuellement. On peut ainsi s'étonner de la quasi-disparition des surfaces usinées du marché et qu'une des principales sociétés du marché élimine de son catalogue les implants présentant une surface usinée, la seule présentant aujourd'hui un recul de plus de 40 ans.

La deuxième étude présentée par le Pr T. Berglundh (Albouy, Abrahamsson, Persson, Berglundh, à paraître en 2007) concerne toujours un modèle animal expérimental, et a pour objet d'étudier la progression et le traitement d'une péri-implantite artificiellement déclenchée par des ligatures. Sur les 6 chiens de l'étude, 4 surfaces sont testées (SLA d'ITI, TiOblastTM d'Astra Tech, TiUnite® de NobelBiocare et usinée de 3i). Lorsque la perte osseuse enregistrée est de 30 à 40 %, les ligatures sont déposées ; on laisse d'un côté la plaque s'accumuler et on effectue de l'autre côté un traitement chirurgical avec un nettoyage mécanique. Du côté sans traitement, la perte progressive d'os est continue et identique quelle que soit la surface de l'implant. En revanche, après traitement chirurgical, sans antibiothérapie associée ni antiseptiques locaux, les surfaces usinées, SLA et TiOblastTM récupèrent 50 % de la hauteur d'os perdue ; la surface TiUnite®, elle, continue à perdre de l'os. Pour le Pr Berglundh, la péri-implantite et la parodontite ont de nombreuses caractéristiques en commun ; la péri-implantite présente une progression plus rapide que la parodontite, et le résultat du traitement de la péri-implantite dépend des caractéristiques de surface de l'implant.

Contrairement à l'idée répandue aujourd'hui que les implants rugueux actuels ont un comportement identique en raison d'une valeur de rugosité proche, il apparaît que face à une situation particulière, la caractéristique topographique de la surface induit des comportements totalement différents. Le problème encore une fois reste le temps d'observation et sachant que pour le Pr Tonetti, la maladie parodontale appartient au patient, cela implique que la résistance à la péri-implantite est un facteur à prendre en compte pour tous nos patients édentés à la suite d'une maladie parodontale.