Mise en charge précoce d'implants Astra Tech OsseoSpeedTM placés dans des crêtes minces et dans des alvéoles d'extraction immédiate - Implant n° 4 du 01/11/2006
 

Implant n° 4 du 01/11/2006

 

Recherche

Gert Oxby*   Jan Lindqvisdt**   Peter Nilsson***  


*Center for implant dentistry
Box 134
SE-45323 Lysekil, Suède
**Département de chirurgie buccale et maxillo-faciale, Institut de formation continue postuniversitaire, Jönköping, Suède
***Center for implant dentistry
Box 134
SE-45323 Lysekil, Suède
****Département de chirurgie buccale et maxillo-faciale, Institut de formation continue postuniversitaire, Jönköping, Suède

Résumé

Cette étude porte sur la performance clinique des implants OsseoSpeedTM placés dans des crêtes minces ou dans des alvéoles d'extraction immédiate. Tous les implants ont été mis en charge avec des prothèses fixées dans les 3 mois suivant leur insertion. Aucune différence radiographique significative n'a été observée entre le jour 0 et le 12e mois de suivi.

Summary

This study of the clinical performance of OsseoSpeedTM implants placed in mostly thin alveolar ridges or fresh extraction sockets, all loaded by permanent fixed prostheses within 3 months, found non significant radiographic differences between baseline and 12 months follow-up.

Early loading of Astra Tech OsseoSpeedTM implants placed within alveolar ridges and fresh extraction sockets. Oxby G, Lindqvist J, Nilsson P. Implant 2006;12(4):267-274.

Key words

Immediate loading, OsseoSpeedTM implants, Cresco Precision® (CP)

Dans l'intérêt de leurs patients, les cliniciens ont un besoin urgent de pouvoir disposer d'implants dont les qualités de surface permettent des temps de cicatrisation plus courts entre l'insertion chirurgicale et la mise en charge. Afin de répondre à ces attentes, de nombreux efforts de recherche ont été entrepris durant ces 10 dernières années pour développer des surfaces en titane ayant des propriétés favorisant la cicatrisation osseuse précoce de l'interface.

Récemment, la société Astra Tech a introduit la surface implantaire OsseoSpeedTM, qui peut se définir comme étant une modification de leur surface implantaire TiOblastTM par projection de particules de dioxyde de titane (TiO2). Cette modification est physico-chimique et a été spécifiquement développée pour promouvoir la cicatrisation durant la toute première phase du processus d'ostéointégration. En modifiant la surface TiOblastTM avec du fluor, on a pu observer chez l'animal une nette augmentation des contacts os/implant (COI) durant la phase de cicatrisation initiale suivant la pose des implants[1]. Les tests de résistance au couple de dépose et aux forces de cisaillement ont également démontré un ancrage biomécanique significativement accru dans l'os, prouvant une adhésion osseuse plus importante sur la surface modifiée[1].

Cet article présente des résultats provisoires provenant d'une étude clinique prospective, entreprise pour évaluer la performance clinique d'implants OsseoSpeedTM - placés soit dans un os cicatrisé, soit dans des alvéoles d'extraction immédiate - après une mise en charge précoce.

Matériels et méthodes

Notre étude a été conçue comme un essai clinique prospectif sur 3 ans. Les résultats provisoires présentés dans ce rapport représentent des données cliniques et radiologiques recueillies lors de l'examen réalisé 12 mois après la mise en charge des implants (jour 0).

Pour s'assurer de la maintenance d'une bonne hygiène buccale, tous les patients ont reçu des instructions d'hygiène précises, un nettoyage professionnel et des visites de contrôle régulières chez l'hygiéniste pendant toute la durée de l'étude.

Patients

Les 18 sujets (9 hommes et 9 femmes) recensés pour cette étude ont été les premiers à recevoir des implants OsseoSpeedTM dans une clinique privée suédoise spécialisée en implantologie. Ils ont été intégrés dans l'étude entre janvier et novembre 2004. Tous les implants ont été suivis durant au moins 12 mois après leur mise en charge. L'âge moyen était de 70,9 ans (56-83). Les critères d'inclusion pour l'étude étaient les suivants :

- absence de maladie systémique grave ;

- absence de contre-indication à une chirurgie sous anesthésie locale ;

- aucune nécessité d'une greffe osseuse préalable.

Implants

Au total, 65 implants OsseoSpeedTM ont été placés : 29 (45 %) directement après extraction et 36 dans de l'os cicatrisé ; 39 implants ont été placés au maxillaire et 26 à la mandibule.

Traitement chirurgical

Les étapes chirurgicales ont été effectuées sous anethésie locale avec une couverture antibiotique prophylactique le jour même de l'intervention, et ce, pour 10 jours (clindamycine 300 mg × 2). L'intention était de placer les implants dans de l'os cicatrisé au niveau de la crête alvéolaire. Cependant, en raison des crêtes alvéolaires très minces, la plupart des implants maxillaires ont été placés plus profondément afin d'éviter une exposition de spires. Néanmoins, certaines spires ont été exposées du côté palatin dans presque tous les cas maxillaires.

Lorsque l'extraction dentaire précédait la pose de l'implant, les alvéoles étaient complètement débridées de tout débris tissulaire. Les implants étaient ensuite insérés jusqu'à ce que la plate-forme de l'implant soit située à environ 1 mm au-dessous du rebord marginal vestibulaire des alvéoles. La plate-forme se retrouvait ainsi souvent positionnée au-dessous des rebords marginaux (mésial, distal et lingual) de l'alvéole.

Les implants les plus longs et les plus larges possibles ont été sélectionnés : 4,5 et 5,0 mm de diamètre pour 22 implants sur 29. Avec ces implants, nous avons pu en général obtenir un contact entre l'implant et les parois osseuses mésiale et/ou distale dans la partie supérieure de l'alvéole d'extraction ; les contacts en vestibulaire et en lingual étaient situés beaucoup plus profondément (Fig. 1 et 2). L'os récupéré avec le récupérateur d'os (Bone TrapTM) durant le forage a été mélangé avec environ 25 % de PérioGlasTM, et utilisé pour combler les espaces résiduels entre l'implant et les parois de l'alvéole.

Si le chirurgien estimait la stabilité primaire insuffisante pour une mise en charge précoce, l'implant était laissé en place pour une cicatrisation plus tardive, et le patient n'était pas inclus dans l'étude.

Traitement prothétique

Les empreintes ont été prises 10 à 14 jours après la chirurgie. Tous les implants ont été mis en charge par des restaurations permanentes dans les 3 mois (moyenne : 34 jours). Ils présentaient en effet les critères requis pour une mise en charge immédiate[2]. Au total, 5 couronnes unitaires (CU), 4 bridges fixés (BF) et 9 prothèses complètes fixées (PCF) ont été placés. Les BF et les PCF ont été fabriqués selon la méthode de Cresco Precision® (CP) et vissés. Ce protocole prothétique[3] s'appuie sur la technique conventionnelle de la cire perdue avec des étapes supplémentaires en vue d'obtenir une adaptation précise (Fig. 3a à 3f entre les implants supports et la suprastructure. Un cas illustrant le protocole du traitement prothétique utilisé dans cette étude est présenté dans les Figures 4a à 4h.

Examens cliniques et radiographiques

L'examen clinique a compris l'évaluation de l'hygiène buccale[4], l'état de la muqueuse péri-implantaire[5], le sondage péri-implantaire et l'enregistrement de toutes les complications mécaniques.

Les radiographies rétroalvéolaires des implants ont été prises au moment de la pose de la prothèse (jour 0), puis après 6 et 12 mois, si possible en utilisant la technique parallèle à l'aide de porte-films. La distance entre le point de contact os/implant (COI) et le rebord latéral de la plate-forme de l'implant (R = point de référence) (Fig. 1) a été enregistrée sur les radiographies du côté mésial et distal de chaque implant. La distance mesurée indiquait le niveau COI pour le site considéré.

Les mesures ont été enregistrées à 0,1 mm près, à l'aide de loupes grossissantes (× 7). La radiotransparence péri-implantaire a été notée comme étant présente ou absente. Les radiographies sur lesquelles le filetage de l'implant n'était pas clairement visible ont été exclues car il ne pouvait pas être mesuré. Toutes les mesures radiographiques ont été effectuées par un radiologue indépendant en utilisant des vues couplées au jour 0 et durant les examens suivants.

Résultats

Les 18 patients sont venus aux examens de contrôle durant les 12 mois de suivi. Un implant a été perdu durant la phase de cicatrisation suite à une infection (taux d'échec : 1,5 %). Le niveau d'hygiène buccale des patients était élevé. L'état muqueux évalué variait de « normal » à « très peu enflammé » pour 78 % et « modérément enflammé » (léger saignement au sondage) autour de 22 % des implants. Aucune poche intra-osseuse ou péri-implantite n'ont été observées au sondage ou lors des examens radiographiques. Aucune complication mécanique n'a été relevée durant le temps d'observation.

Les mesures radiographiques (Fig. 5) n'ont révélé aucune différence de niveaux COI entre les implants placés dans des alvéoles d'extraction et ceux placés dans de l'os cicatrisé que ce soit au jour 0 ou après 12 mois. Aucune différence significative non plus n'a été notée au jour 0 et à 12 mois entre les niveaux COI dans les groupes.

Discussion

Aucune différence significative n'a été relevée entre les niveaux COI observés au jour 0 sur les implants placés dans des alvéoles d'extraction et ceux placés dans de l'os cicatrisé. De même, peu de changements ont été observés entre les niveaux COI durant la phase de cicatrisation (Fig. 5). La perte d'os observée habituellement durant les premiers mois n'a pas eu lieu[6], bien que la plupart des cas traités pouvaient être classés comme particulièrement difficiles. Si l'on extrapole les résultats de l'étude expérimentale rapportée par Ellingsen et al.[1], il y a des raisons d'attribuer ces résultats favorables à la surface OsseoSpeedTM.

La grande variabilité des mesures de niveaux osseux et l'absence de changements observée dans le temps (Fig. 5)peuvent également être attribuées à des aléas inhérents à l'utilisation de radiographies conventionnelles pour effectuer de telles mesures. Lorsque les implants sont placés dans des alvéoles asymétriques, le COI varie autour de la périphérie, mais une radiographie plane ne permet d'observer que 2 points de contact pour des niveaux aussi variables (Fig. 1 et 2).

L'autre difficulté rencontrée lors de cette étude pour mesurer le COI dans les défauts a été de différencier le matériau de greffe osseuse (autogène ou exogène) de l'os natif lui-même.

Ni défauts intra-osseux, ni récessions marquées des tissus mous n'ont été observés. Aussi, il semble que les alvéoles d'extraction autour des implants se soient remplies d'os néoformé. Cela ne peut être prouvé que par une inspection lors d'une chirurgie de ré-entrée. Or, cela ne faisait pas partie de nos objectifs dans la présente étude. Cependant, Botticelli et al.[7] ont entrepris des chirurgies de réentrée, et observent la présence d'os néoformé dans toutes les alvéoles d'extraction.

Il est bien connu que la stabilité primaire de l'implant est un prérequis pour l'ostéointégration[8]. On peut supposer que la stabilité primaire est un facteur encore plus important pour les implants mis en charge immédiatement ou précocement et pour les implants placés dans des alvéoles d'extraction. Par conséquent, le fait de relier très tôt les implants entre eux par des structures rigides permanentes a été un aspect important du protocole de traitement. L'adaptation précise réduit le risque de forces et de contraintes excessives induites par la connexion de la suprastructure vissée.

Ainsi, toutes les armatures dans la présente étude ont été fabriquées par la méthode CP® sans pilier (Fig. 3a à 3f)[3, 9]. Cela a permis le serrage des vis de toutes les prothèses à 25 Ncm sur des implants qui n'étaient pas encore totalement ostéointégrés peu de temps après leur mise en place (en moyenne 34 jours). La méthode de prothèse CP® est spécialement conçue pour s'adapter aux cas où les implants ont une certaine angulation, ce qui n'est pas inhabituel pour des implants placés dans des alvéoles d'extraction ou dans des crêtes particulièrement minces. Comme cela est illustré dans les Figures 3a à 3f et 4a à 4h, la fabrication de l'armature et de la prothèse finale est à la fois très simple et efficace, tant au cabinet qu'au laboratoire, de par l'exclusion de piliers angulés et de l'adaptation passive entre les implants et la suprastructure.

Conclusion

Cette étude indique que les implants OsseoSpeedTM sont fiables et peuvent être utilisés pour la mise en charge précoce dans des cas cliniques complexes.

ADRESSE DES DISTRIBUTEURS

OSSEOSPEEDTM - TIOBLASTTM - BONE TRAPTM - CRESCO PRECISION® (CP) - ASTRA TECH FRANCE - 7, RUE EUGÈNE-ET-ARMAND-PEUGEOT - 92563 RUEIL-MALMAISON - TÉL. : 01 41 39 05 41 - FAX : 01 41 39 02 48 - E-mail : info.fr@astratech.com - http :
PERIOGLASTM - PHARMADENT - 45, RUE JEAN-JAURÈS - 92300 LEVALLOIS-PERRET - TÉL. : 01 41 06 64 64 - FAX : 01 41 06 64 65 - E-mail : pharmadent@pharmadent.fr -

BIBLIOGRAPHIE

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