Accastillage - Implant n° 1 du 01/02/2008
 

Implant n° 1 du 01/02/2008

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Le dernier congrès de l'ADF nous apporte son lot de nouveautés dans tous les domaines de la dentisterie, et principalement en implantologie. Comme d'habitude les nouveaux produits présentent, si l'on croit aux arguments des services marketing, des avantages décisifs sur la gamme précédente. L'ennui... c'est que dans de nombreux cas, il n'y a pas que l'implant qui change dans sa forme ou son état de surface. La connexion entre l'implant et les composants prothétiques est également...


Le dernier congrès de l'ADF nous apporte son lot de nouveautés dans tous les domaines de la dentisterie, et principalement en implantologie. Comme d'habitude les nouveaux produits présentent, si l'on croit aux arguments des services marketing, des avantages décisifs sur la gamme précédente. L'ennui... c'est que dans de nombreux cas, il n'y a pas que l'implant qui change dans sa forme ou son état de surface. La connexion entre l'implant et les composants prothétiques est également modifiée, rendant impossible la mise en place d'un ancien composant sur le nouveau produit. Ce qui pour un néophyte peut sembler anodin se révèle, au cours du temps qui passe, problématique pour les praticiens avertis. On peut comprendre que chaque firme défende un principe de connexion spécifique. Mais il est paradoxal de constater qu'au sein d'une gamme commercialisée par une firme, une grande diversité de connexions se succèdent au fil du temps. Ainsi en implantologie, les praticiens peuvent se trouver confrontés aux connexions par hexagone externe (les plus répandues), aux connexions externes en créneau, aux connexions internes avec hexagone, aux connexions internes trilobées, aux connexions internes avec cône morse. Bien entendu, la dépose des composants sera plus ou moins possible, selon le type de connexion et la disponibilité des outils nécessaires.

L'absence de normes entre les systèmes aboutit au paradoxe qu'il devient pratiquement impossible de démonter les prothèses ou les piliers entre les systèmes et, au cours du temps, dans un seul système, étant donné la variation de forme des têtes de vis et des tournevis préconisés par les fabricants. On peut recenser, entre autres, le tournevis plat pour vis à tête fendue, le tournevis carré, hexagonal, en étoile, quadrilobé, la liste n'est pas exhaustive. Comment est-il possible d'identifier le type de vis auquel on est confronté, et d'avoir à sa disposition le tournevis adéquat, ou l'outil de démontage spécifique, pour déposer une prothèse que l'on n'a pas réalisée ?

Nous avons souvent abordé le problème de l'innovation et du suivi commercial d'un produit. Il semble que d'autres voix s'élèvent pour dénoncer le problème du devenir des patients édentés réhabilités par des prothèses implanto-portées. Ainsi Marc Bert1 dénonce l'absence d'obligation pour les fabricants de tenir à la disposition des praticiens les pièces nécessaires à l'entretien, ou à la réfection, des prothèses implanto-portées. Et de constater que la durée de vie d'une prothèse sur implant est vraisemblablement beaucoup plus courte que celle des implants qui la supportent. Le patient se trouve donc au cours de sa vie face au problème de la réfection de sa prothèse, et son praticien confronté à la disponibilité des outils de dépose adéquats et des pièces nécessaires à la réalisation de la nouvelle prothèse.

C'est un des défis majeur de la discipline, inconnu jusqu'à présent dans notre exercice professionnel, et qu'il est difficile de prévoir. En effet, un certain nombre de systèmes sur les 20 dernières années ont été retirés du marché français, soit que le fabricant, ou l'importateur, ait disparu, ou bien que l'évolution du système ne permette pas aux nouveaux composants une compatibilité avec les anciens implants, ou enfin que les aléas du succès aient suscité l'appétit de prédateurs engloutissant le fabricant pour le hisser dans les sommets du profit sans fin, et sans suivi pour le produit.

L'obsolescence d'un système implantaire qui a fait ses preuves est assurée par l'innovation anarchique de nouveaux produits, dont le manque d'expérimentation assure la disparition rapide, permettant à la nouvelle nouveauté de s'imposer malgré l'incertitude de son avenir. Il n'est pas sûr que le patient et son praticien aient grand chose à gagner de cette spirale innovatrice.

1. Bert M, Pin J.-P. Quel avenir pour nos implants ? Inform Dent 2007;39:2545 à 2550.