La crise - Implant n° 4 du 01/11/2008
 

Implant n° 4 du 01/11/2008

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

C'était une idée généreuse, pleine de bonnes intentions et dont l'aspect humanitaire remportait tous les suffrages : permettre l'acquisition d'un logement aux personnes ayant des revenus modestes. En effet, devenir propriétaire de son logement est une garantie contre la précarité, qui peut atteindre n'importe quel individu à un moment de sa vie dans nos sociétés égoïstes, où le chacun pour soi est érigé en credo universel. L'accession à un crédit, et l'endettement...


C'était une idée généreuse, pleine de bonnes intentions et dont l'aspect humanitaire remportait tous les suffrages : permettre l'acquisition d'un logement aux personnes ayant des revenus modestes. En effet, devenir propriétaire de son logement est une garantie contre la précarité, qui peut atteindre n'importe quel individu à un moment de sa vie dans nos sociétés égoïstes, où le chacun pour soi est érigé en credo universel. L'accession à un crédit, et l'endettement raisonnable, agit comme un dopant du pouvoir d'achat, un accélérateur d'acquisition et un soutien de l'économie. Comme toujours, les effets pervers du système n'ont pas été suffisamment évalués et contrôlés. Dans le domaine médical, on les appelle des effets secondaires ; dans le domaine militaire, ce sont des dommages collatéraux ; dans le domaine économique, c'est une crise. En réalité, c'est toujours une catastrophe.

Le surendettement de foyers aux revenus précaires par des aigrefins commissionnés au résultat, la recherche d'un enrichissement immédiat sans contrôle, et la transmission du risque à la vitesse de la propagation d'un virus informatique ont engendré un séisme financier planétaire. Le problème généré aux États-Unis a atteint l'ensemble des pays avec des conséquences plus ou moins dramatiques : « Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Et si l'on en croit les médias depuis maintenant 3 mois, la crise annoncée, redoutée, attendue, est arrivée.

Un économiste de mes patients se voulant rassurant a comparé ce cataclysme à la grande crise de 1929, en me rappelant que l'on sort toujours d'une crise, mais que pour celle de 1929, il a fallu attendre 1959... et une guerre mondiale. J'ai trouvé qu'il était d'un optimisme modéré, vraisemblablement provoqué non par son état dentaire, au demeurant assez satisfaisant, mais par une profonde dépression dont l'évolution suit rigoureusement l'indice du CAC 40, et des autres places financières.

La réaction planétaire des dirigeants politiques a vraisemblablement limité les dégâts, mais les conséquences n'épargneront personne, et bien entendu aucun de nos patients. Il faut donc s'attendre à quelques difficultés imprévues, qui viendront s'ajouter au cortège de celles déjà connues. La plupart des analystes estiment que rien ne sera plus comme avant, que plus de rigueur sur les marchés, de contrôle sur l'économie, d'éthique en général vont modifier les comportements, et que le temps du n'importe quoi est révolu. Dans notre domaine, nous ressentions les prémices d'un retour obligé à plus de rigueur scientifique, moins de « show off », davantage d'informations fiables, moins d'in... digestion publicitaire.

La fièvre hystérique du toujours plus a peut-être vécu, et il faut s'en réjouir, mais il nous reste à espérer qu'elle ne sera pas remplacée par une récession financière, intellectuelle et morale, bloquant l'innovation, la recherche et le développement scientifique.