L’empreinte en implantologie : proposition d’un protocole - Implant n° 2 du 01/05/2014
 

Implant n° 2 du 01/05/2014

 

MODE D’EMPLOI

Jean Sage  

Chirurgien-dentisteDU de chirurgie pré et péri implantaire
Paris XI
11, rue des Bergers
68600 Biesheim

En prothèse, la réplication rigoureuse de la situation clinique par le laboratoire à partir des empreintes fournies par le chirurgien-dentiste est une étape fondamentale pour garantir la meilleure adaptation de nos restaurations.

En implantologie, le défi est d’enregistrer la position exacte des implants dans l’espace.

La précision de cet enregistrement sera alors garante de la réussite des plans de traitement, des plus simples aux plus compliqués.

Nous proposons ici un protocole simple et reproductible qui offrira cette précision. La prothèse sur implant deviendra alors, pour ceux et celles qui pourraient la redouter, un acte facile permettant l’essayage et la pose de leurs travaux prothétiques en toute confiance et sans stress.

EMPREINTES SUR IMPLANTS

Il existe deux types d’empreintes sur implants :

– l’empreinte fermée ;

– l’empreinte ouverte.

Empreinte fermée

Son principe est le suivant. Un transfert d’implant est transvissé sur l’implant. L’empreinte de l’arcade est alors réalisée en double mélange à l’aide d’un matériau à base de silicone garnissant un porte-empreinte préalablement enduit de l’adhésif approprié. Le temps de prise ayant été respecté, l’empreinte est désinsérée. Le transfert d’implant est ensuite dévissé de l’implant. Un analogue d’implant est alors fixé au transfert d’implant et l’ensemble est repositionné dans le silicone.

Empreinte ouverte, ou pick-up

L’idée de cette technique est d’éviter le repositionnement du transfert d’implant dans le silicone.

Pour cela, un porte-empreinte du commerce ou individuel est ajouré afin de laisser dépasser le transfert d’implant ou de pouvoir y accéder et en permettre le dévissage avant la désinsertion de l’empreinte. Le transfert restera ainsi emprisonné dans le silicone, évitant alors l’incertitude même minime d’un repositionnement qui pourrait s’avérer délicat.

C’est la technique que nous recommandons.

PROPOSITION DE PROTOCOLE

Après dépose de la vis de couverture ou de cicatrisation de l’implant (selon le type), le transfert d’implant est engagé et vissé (Fig. 1). Une téléradiographie intrabuccale pourra être effectuée afin de s’assurer que le transfert est bien au fond de son logement. Le transfert utilisé est le porte-implant ayant servi lors de la phase chirurgicale et, à notre sens, il n’est nul besoin d’en acquérir un spécifique.

Une résine de type Pattern, de consistance adaptée, est alors préparée pour assurer la solidarisation du transfert aux éléments adjacents (Fig. 2). Elle devra être ni trop liquide, pour éviter sa fusée sous les points de contact ou plus généralement dans les contre-dépouilles, ni trop solide, ce qui l’empêcherait de bien s’adapter aux surfaces à recouvrir. Cette résine convient particulièrement à cet exercice car elle autorise une très large palette de consistances et possède un temps de prise très court.

Remarque : dans le cas d’empreinte avec de longs intervalles (implants espacés par exemple, Fig. 10 à 14), il sera difficile de faire des ponts de résine de longue portée. Nous utilisons alors du fil demi-jonc à crochet de fort diamètre pour renforcer la résine et lui assurer ainsi une rigidité idéale.

D’autres moyens de support peuvent naturellement être mis en œuvre, l’important étant de faciliter la mise en place de la résine.

Une fois cette opération terminée, un porte-empreinte est choisi. Il devra être en plastique (résine) afin de pouvoir créer aisément un accès aux puits de vis des transferts d’implant. Nous utilisons volontiers des porte-empreintes du commerce à usage unique en plastique dur. Cependant, il est possible de faire confectionner des porte-empreintes individuels par le laboratoire de prothèse.

On ménage alors une ou des ouvertures suffisantes en regard des implants (Fig. 3).

Cette opération étant achevée, on essaye le porte-empreinte et on évalue la hauteur des transferts par rapport à ce dernier.

Deux cas de figure peuvent se présenter :

– les orifices des vis des transferts sont à la hauteur de la fenêtre du porte-empreinte et aisément accessibles. Le dévissage sera donc facile ;

– les orifices sont loin de la fenêtre du porte-empreinte et seront ainsi plus profondément enfouis dans le silicone, donc difficiles d’accès, ce qui compliquera l’opération de dévissage.

Pour remédier à cette difficulté, nous proposons de prolonger le transfert avec un morceau du manche en plastique d’une microbrosse (par exemple Applicator Tips, Heraeus Kulzer). Le diamètre de ce manche correspond exactement à celui du transfert d’implant du système Zimmer (Fig. 4). Une fois inséré bien à fond dans le transfert (ce qui garantira l’étanchéité vis-à-vis du silicone light et donc l’accès à la vis), ce prolongateur sera adapté en longueur pour affleurer le bord du porte-empreinte (Fig. 5).

Le silicone ayant été polymérisé, le prolongateur sera déposé, ménageant ainsi un accès à la vis du transfert d’implant.

Le porte-empreinte est enduit d’adhésif.

Les matériaux d’empreinte, de viscosités light et heavy, qui seront utilisés en même temps selon la technique du double mélange sont préparés. Nous avons choisi les matériaux d’Heraeus Kulzer car ils sont conçus pour ce type d’empreinte : Flexitime(r) Fast et Scan Easy Putty pour la base et Medium ou Light Flow en tant que basse viscosité. Ils présentent l’avantage d’un temps de manipulation modulable. La diversité des consistances et la possibilité de choix du temps de travail permettent d’adapter le matériau d’empreinte au cas traité. La dureté finale étudiée de ces produits assure une désinsertion facile et une excellente fiabilité.

Le silicone light est injecté autour des transferts et le porte-empreinte garni de heavy est inséré en bouche.

À l’aide de la pulpe du doigt, on appuie fermement sur le silicone qui aura fusé par la fenêtre du porte-empreinte, comme si l’on voulait le faire rentrer dans ce dernier, et ce jusqu’à retrouver le contact avec les prolongateurs (Fig. 6).

Une fois la polymérisation des matériaux d’empreinte achevée (en respectant le temps de prise préconisé), on dépose les prolongateurs à l’aide d’un instrument de son choix : sonde, pince etc. (Fig. 7).

On dévisse les transferts d’implant et on désinsère le porte-empreinte (Fig. 8 et 9). L’empreinte est alors réalisée. L’absence de manipulation des transferts ainsi que leur blocage par la résine peuvent amener à considérer cette empreinte comme fiable, rien n’ayant pu bouger durant les différentes phases du protocole.

CONCLUSION

La difficulté de l’empreinte pick-up réside en grande partie dans la nécessité d’avoir accès aux vis de fixation des transferts. Les fabricants de systèmes implantaires proposent, dans leurs catalogues, des pièces qui leur sont propres avec souvent des transferts spécifiques et des vis allongées facilitant leur récupération dans le silicone. Ces vis peuvent se révéler soit trop longues, soit trop courtes, ce qui empêche ces transferts d’être universels. Notre idée a été de proposer une technique la plus fiable et la plus simple possible, mettant en œuvre des matériaux généralement présents dans les cabinets dentaires, et tout à la fois économiquement intéressante. Le parfait blocage des différents éléments permet en outre de garantir un enregistrement excellent de la position des implants, gage de sérénité et de gain de temps lors des phases d’essayage.

LIENS D’INTÉRÊT : l’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant cet article.

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