Repères
Opinions
Henry Martinez * Mithridade Davarpanah **
*Assistant universitaire associé
Université de Paris VII - Denis-Diderot
Service d'odontologie de l'Hôtel-Dieu
Unité d'implantologie
**Département de parodontologie
Institut de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale
Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris
L'implant de large diamètre est développé à partir des concepts de base de l'ostéointégration : importance de la surface d'ancrage et stabilisation primaire de l'implant [1]. Cet implant apporte une réponse à des situations osseuses peu favorables : qualité et/ou volume osseux inadéquats [1-4]. En effet, les causes principales de l'échec...
L'implant de large diamètre est développé à partir des concepts de base de l'ostéointégration : importance de la surface d'ancrage et stabilisation primaire de l'implant [1]. Cet implant apporte une réponse à des situations osseuses peu favorables : qualité et/ou volume osseux inadéquats [1-4]. En effet, les causes principales de l'échec implantaire sont un capital osseux et/ou une densité insuffisants. Jaffin et al. rapportent un taux d'échec de 35 % à cinq ans pour 102 implants standard mis en place dans un os de type IV [5]. Johns et al. observent également un taux d'échec de 28 % à cinq ans sur 57 implants standard mis en place dans un os peu dense [6]. L'utilisation d'implants courts de 7 mm de longueur peut être envisagée dans certains cas (secteurs postérieurs). Toutefois, plusieurs publications ont montré un taux d'échec important à moyen et long terme avec les implants courts [7, 8]. Les résultats à court terme obtenus avec les implants de gros diamètre sont très satisfaisants (89 à 97 % de un à quatre ans) [2, 3, 9-12]. L'objectif de cet article est de présenter les indications et avantages de l'implant de large diamètre et de se livrer à quelques réflexions.
1. qualité osseuse insuffisante [1] ;
2. hauteur crestale insuffisante [1] ;
3. remplacement immédiat d'un implant non ostéointégré [1] ;
4. remplacement immédiat d'un implant fracturé [1] (fig. 1a) ;
5. implantation immédiate après extraction [1] (fig. 1b) ;
6. édentement unitaire molaire [13-20].
1. augmentation de la surface d'ancrage osseuse (un tiers pour l'implant de 5 mm et deux tiers pour l'implant de 6 mm par rapport à l'implant de 3,75 mm) [3] ;
2. meilleure stabilité primaire en présence d'un os peu dense. Un ancrage bi- ou tricortical implantaire est plus facile à réaliser [1] ;
3. mise en place immédiate d'implants après extraction dans les secteurs postérieurs [4]. Cette approche évite fréquemment l'utilisation d'autres techniques (ROG et comblement osseux) qui augmentent les risques de complications post-chirurgicales ;
4. remplacement immédiat des implants fracturés ou non ostéointégrés [1] ;
5. l'augmentation de la surface d'ancrage permet de limiter les comblements du sinus et les greffes osseuses dans les secteurs postérieurs [2] ;
6. diminution des complications prothétiques (dévissage et fractures des différents composants). L'augmentation en diamètre de l'assise prothétique diminue les forces transmises sur les vis prothétiques [3]. Ces forces diminuent de 20 et 33 % respectivement avec les implants de 5 et 6 mm de diamètre [3]. Cette caractéristique permet une meilleure répartition des forces occlusales dans les secteurs postérieurs en réduisant les risques de dévissage et fracture [16] ;
7. diminution du risque de fracture implantaire en présence de contraintes occlusales importantes. Les implants de 5 et 6 mm de diamètre sont respectivement trois et six fois plus résistants par rapport à l'implant standard [3] ;
8. amélioration esthétique dans les secteurs postérieurs. En effet, le profil d'émergence des implants larges est très proche de celui des dents à remplacer [13] ;
9. amélioration fonctionnelle et biomécanique : une surface d'assise du col implantaire plus large permet une meilleure stabilité prothétique. La surface de support du col des implants de 5 et 6 mm est augmentée (122 et 281 % respectivement) par rapport à l'implant standard [21]. Cette caractéristique permet une meilleure distribution des contraintes occlusales [3].
De nombreux fabricants commercialisent des implants de large diamètre : Implant Innovation (3i Carena) avec Frialit II et Steri-Oss (Nobel Biocare) avec Screw-Vent. Cependant, peu d'études ont été publiées à ce jour [2]. Les auteurs, qui ont développé l'implant large, n'ont toujours pas publié leurs résultats à cinq ans ou plus [1]. La plupart des publications réalisées sur l'implant de gros diamètre n'ont pas de suivi du niveau osseux et des complications prothétiques et tissulaires [2, 3, 9-12].
De nombreux cliniciens observent, à court terme, des pertes osseuses supérieures à l'implant standard avec l'implant large.
D'après Sendax (1992), il existerait un diamètre critique de l'implant, au-delà duquel le seuil de nécrose pourrait être dépassé [22]. Une augmentation des contraintes au niveau cervical associée à une baisse de l'irrigation sanguine pourrait justifier cette hypothèse.
Une étude préchirurgicale particulière doit être réalisée avant la mise en place d'un implant large. En effet, son positionnement apico-coronaire dépend de l'épaisseur de la corticale crestale et de la qualité osseuse [17]. Un évasement important lors de la préparation chirurgicale peut compromettre la stabilité primaire de l'implant en présence d'un os peu dense. Dans le sens mésio-distal, une distance supérieure ou égale à 8 mm entre les centres de deux implants de 5 mm de diamètre est indispensable [2]. Dans le plan vestibulo-lingual, les défauts osseux vestibulaires ainsi que les concavités linguales doivent être prévisualisés [2]. Des fenestrations et déhiscences peuvent survenir avec des implants larges. Une largeur crestale minimale de 8 mm est nécessaire pour le positionnement d'un implant de gros diamètre.
Le choix thérapeutique pour le remplacement d'une molaire (deux implants standard ou un implant large) n'a toujours pas été élucidé (fig. 2a et 2b). Il repose sur différents critères : la surface d'ancrage, l'espace mésio-distal, la largeur crestale résiduelle et l'importance des forces masticatoires. D'un point de vue biomécanique, l'utilisation de deux implants standard pour le remplacement d'une molaire présente un avantage biomécanique incontestable. Cependant, les considérations anatomiques et l'accès à une maintenance appropriée peuvent limiter ce choix thérapeutique. L'implant unitaire de gros diamète présente le meilleur choix pour résister aux forces latérales [23]. Un implant de gros diamètre est indiqué pour le remplacement d'une molaire en présence d'un espace mésio-distal de 8 à 11 mm associé à une crête large (supérieure ou égale à 8 mm). Des résultats implantaires et prothétiques à moyen et long terme devront orienter le choix thérapeutique.
Les indications de l'implant large se sont élargies au cours des dernières années. Cet implant présente de nombreux avantages en présence de situations chirurgicales et prothétiques particulières. Une amélioration du résultat fonctionnel et esthétique peut être obtenue tout en respectant les principes fondamentaux de l'ostéointégration. Une étude préchirugicale et un protocole opératoire précis sont indispensables. Il est impératif de souligner que les bons résultats obtenus à court terme avec les différents implants larges doivent être confirmés par des études longitudinales à long terme.