Thérapeutique implantaire chez des patients souffrant de maladies parodontales - Implant n° 4 du 01/11/1998
 

Implant n° 4 du 01/11/1998

 

Implant a analysé

Frédéric Joachim*   Jacques Charon**  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir :

Les échecs en implantologie peuvent être attribués à des infections bactériennes, des surcharges occlusales ou des fractures d'implants. A ce jour, il est aussi montré que les bactéries responsables des échecs implantaires sont similaires à celles des parodontites et que les dents naturelles servent de réservoirs bactériens qui peuvent coloniser et contaminer des implants récemment posés. Le but de l'article est d'évaluer le taux de...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir :

Les échecs en implantologie peuvent être attribués à des infections bactériennes, des surcharges occlusales ou des fractures d'implants. A ce jour, il est aussi montré que les bactéries responsables des échecs implantaires sont similaires à celles des parodontites et que les dents naturelles servent de réservoirs bactériens qui peuvent coloniser et contaminer des implants récemment posés. Le but de l'article est d'évaluer le taux de succès et le pronostic d'implants placés chez des patients atteints de maladies parodontales. 68 patients ont reçu 124 implants (31 Astra® chez 19 patients et 93 ITI® chez 56 patients) au sein d'une pratique privée danoise pendant une période consécutive de sept ans. La moyenne d'âge des patients est de 60 ans (47-78 ans), 75 % sont des femmes et 64 % des fumeurs. Il reste chez les patients en moyenne 18 dents (8 au maxillaire et 10 à la mandibule) et le parodonte résiduel des dents est de 50-54 % à la mandibule et de 59-64 % au maxillaire. La longueur des implants posés varie de 8 à 14 mm (45 % de 8 mm, 21 % de 11 mm et 33 % de 14 mm) dont 75 % placés au maxillaire.

Les résultats montrent que :

Sur un recul moyen de trois ans environ, seulement trois implants ITI sont perdus (2au maxillaire et un à la mandibule). Deux de ces implants (8 mm) sont perdus dans la première année qui a suivi leur pose. Le troisième (10 mm) est perdu à 36 mois. Le taux de succès est donc de 95 % pour ITI® et 100 % pour Astra®. 76 % (ITI) et 84 % (Astra) ne présentent pas de perte osseuse de plus de 1,5 mm à 36 mois et plus de 50 % des implants sont indemnes de poche supérieure à 4 mm. De même, 70 % des implants sont indemnes de plaque et 55 % des implants ITI ne saignent pas au sondage.

Ce que nous en pensons :

Avec un recul maximal de sept ans chez certains patients, cette étude confirme les premiers résultats obtenus par d'autres auteurs et montre la possibilité de maintenir selon les critères de succès d'Albrektsson (1986), des implants chez des patients atteints de parodontites. Ces résultats sont analogues à ceux de patients complètement édentés ou en bonne santé parodontale implantés avec d'autres systèmes. De plus et compte tenu des données connues concernant les parodontites des patients de l'étude, il semble que celles-ci soient essentiellement des parodontites chroniques de l'adulte stabilisées avec environ 40 à 50 % de perte d'attache (donc modérément agressives). Les risques de réinfections sont donc limités surtout si une maintenance professionnelle et personnelle est réalisée sérieusement et efficacement chez ces patients relativement âgés (moyenne d'âge de 60 ans). Il faut aussi préciser que les structures prothétiques sont réalisées de façon supragingivale afin d'éviter une rétention de plaque et en faciliter son contrôle. Finalement, les auteurs nous indiquent que la hauteur de la muqueuse attachée plus ou moins large n'influence pas sur le devenir clinique à moyen terme des implants (poches, saignement au sondage, indice de plaque, perte osseuse péri-implantaire).

Ce que nous avons appris :

Nous savions déjà que l'évolution de la composition de la flore microbienne associée aux implants est très similaire à l'évolution de celle autour des dents. Par ailleurs, il a déjà été montré que les péri-implantites évoluaient beaucoup plus rapidement que les parodontites. Néanmoins, cet article confirme qu'il est tout à fait possible de poser des implants avec un taux de succès élevé à moyen terme chez des patients atteints de parodontite à condition de stabiliser les maladies parodontales avant tout traitement implantaire.