L'implantologie : pourquoi ? - Implant n° 2 du 01/06/2000
 

Implant n° 2 du 01/06/2000

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Cette question peut paraître inopportune à certains d'entre vous, dans la mesure où ils ont déjà leur réponse.

Toutefois, dans les conversations que j'ai l'occasion d'avoir avec de nombreux confrères, cette interrogation se pose fréquemment. Le fait que la question demeure, quinze ans après que l'ostéointégration a apporté la preuve scientifique de l'efficacité d'un traitement implantaire sur le long terme, est pour moi une source d'étonnement. Il faut peut-être y...


Cette question peut paraître inopportune à certains d'entre vous, dans la mesure où ils ont déjà leur réponse.

Toutefois, dans les conversations que j'ai l'occasion d'avoir avec de nombreux confrères, cette interrogation se pose fréquemment. Le fait que la question demeure, quinze ans après que l'ostéointégration a apporté la preuve scientifique de l'efficacité d'un traitement implantaire sur le long terme, est pour moi une source d'étonnement. Il faut peut-être y voir l'impérative nécessité d'inclure l'implantologie dans le cursus de l'enseignement de notre discipline et dès le début de celui-ci, afin que les jeunes diplômés trouvent aussi naturel de poser un implant que de réaliser un traitement canalaire ou une préparation coronaire périphérique. Le fait que l'implantologie reste une science réservée à un nombre restreint de praticiens, même si celui-ci s'agrandit, vient en grande partie de l'effort qu'il faut faire pour accéder à un enseignement post-universitaire dans un domaine où l'on n'a pas acquis de base solide lors de ses études.

L'implantologie est pratiquée par environ 20 à 30 % des praticiens dans les pays où l'enseignement universitaire de base n'inclut pas une formation à l'implantologie. Dans les pays scandinaves, en revanche, 90 % des praticiens pratiquent l'implantologie qu'ils ont découverte dès leur entrée à la faculté, non comme une discipline particulière, mais par son intégration au programme de biologie, de biomatériau, de chirurgie et de prothèse. Ainsi, il devient naturel pour le praticien d'inclure systématiquement l'option de la prothèse implantaire dans son plan de traitement de restauration prothétique au milieu des autres possibilités offertes par la prothèse conjointe ou la prothèse amovible. Je vois dans cette attitude un énorme avantage pour le patient : le choix de son traitement en fonction des avantages et des inconvénients de chaque possibilité thérapeutique. Lorsque l'implantologie est pratiquée comme une spécialité, même si elle n'est pas reconnue, le choix du patient se limite à la solution implantaire proposée par le « spécialiste-implantologiste », paré du prestige de celui qui sait parmi la masse des ignorants. Le but de l'implantologie n'étant définitivement plus de poser des implants, mais bien de restaurer la perte ou l'absence de dents par une prothèse, l'option d'une prothèse implantaire doit se faire parmi les autres solutions prothétiques. Il me paraît tout aussi anachronique aujourd'hui de ne présenter qu'un traitement de prothèse implantaire à un patient, que de ne pas proposer une option implantaire en face d'un édentement. Car les implants apportent au traitement des édentements de petite étendue un avantage exceptionnel : la conservation des dents adjacentes saines, sans les impliquer de façon irréversible dans la restauration prothétique. Dans les édentements de grande étendue, les implants procurent une amélioration fonctionnelle qui transforme nos patients gravement handicapés en individus retrouvant une fonction masticatrice et un confort psychologique qui leur permet de se réintégrer dans la vie socio-professionnelle. Le retour à une efficacité fonctionnelle et le respect de l'intégrité des dents naturelles sont pour moi la réponse à la question : Pourquoi l'implantologie ?