L'implantologie, pour qui ? - Implant n° 3 du 01/09/2000
 

Implant n° 3 du 01/09/2000

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Après avoir considéré le « pourquoi » de l'implantologie (Implant 2/2000), je souhaiterais ce trimestre aborder le deuxième volet de l'essence de l'implantologie : à qui est-elle destinée ?

Encore une fois, ma réponse va à l'encontre d'un certain nombre de praticiens qui considèrent que la restauration d'un édentement par une prothèse implanto-portée est réservée à une élite fortunée, dont la préoccupation principale est de faire coïncider l'heure de leur...


Après avoir considéré le « pourquoi » de l'implantologie (Implant 2/2000), je souhaiterais ce trimestre aborder le deuxième volet de l'essence de l'implantologie : à qui est-elle destinée ?

Encore une fois, ma réponse va à l'encontre d'un certain nombre de praticiens qui considèrent que la restauration d'un édentement par une prothèse implanto-portée est réservée à une élite fortunée, dont la préoccupation principale est de faire coïncider l'heure de leur rendez-vous avec la plage horaire délivrée par les contrôleurs aériens pour que leur jet puisse les ramener à temps pour leur dîner à Genève ou Monaco. C'est faire peu de cas de la liberté de choix du traitement de nos patients.

Influencés par un système de prise en charge conventionnel archaïque, nombre de praticiens se sentent investis d'une mission : la prise en charge du traitement proposé. Le danger de cette attitude est que l'on risque de se transformer en prescripteur de remboursement au lieu d'être prescripteur de traitement. Cette dérive, très sensible actuellement, est encouragée par les médias, relayant les directives du gouvernement, des caisses et de certains syndicats. Car si rien n'est plus facile que de faire des économies en limitant les dépenses par le contrôle des prix, il est beaucoup plus difficile de responsabiliser le patient consommateur en lui expliquant comment sont dépensées les sommes colossales qui lui sont extorquées chaque année. N'oublions pas qu'il s'agit d'un budget une fois et demi supérieur à celui de l'état, dont la moindre des vertus, en ce moment, n'est pas de chercher à faire des économies. Les « organismes payeurs », dont notre ministre nous rebat les oreilles, ne sont en réalité que des offices de gestion de l'argent que les Français consacrent à leur santé.

Il serait intéressant qu'ils communiquent annuellement leurs comptes, sachant que toutes les commissions, chargées de le faire, ont capitulé devant l'opacité des dépenses réelles et l'absence de bilan comptable. Ainsi, dans un avenir proche, si nous laissons évoluer les choses sans y prendre garde, l'implantologie, écartée du panier de soins concocté par les « financeurs », sera un domaine réservé à une élite de patients et de praticiens. Si cela devait arriver, ce serait une régression considérable de la liberté de traitement de nos patients. Ne croyez pas pour autant que je considère que les traitements implantaires devraient être systématiquement remboursés, voire gratuits. N'oublions pas que pour pas cher, on n'a pas grand-chose et que ce qui est gratuit a déjà été payé, en matière de santé, par le patient lui-même. Certains m'objecteront que par son coût, le traitement implantaire est réservé à une petite catégorie de la population et qu'une prise en charge des organismes sociaux est indispensable pour pouvoir rendre accessible ce traitement à l'ensemble de la population.

En terme de prix, un traitement implantaire, plus ou moins complexe, équivaut à un véhicule privé, qui circule à plus de 50 millions d'exemplaires sur nos routes et, à ma connaissance, ne bénéficie d'aucun remboursement. Un certain nombre de mes patients ont fait le choix de donner une priorité à leur santé et préfèrent bénéficier de l'efficacité d'une prothèse implanto-portée plutôt que s'offrir le nouveau modèle proposé à grand renfort de publicité par leur constructeur préféré. C'est également cela la liberté de choix.