Péri-implantite expérimentale : revue de littérature des différentes méthodes de traitement - Implant n° 1 du 01/03/2001
 

Implant n° 1 du 01/03/2001

 

Implant a analysé

Frédéric Joachim *   Jacques Charon **  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Des échecs plus ou moins tardifs peuvent survenir en implantologie : ce sont les péri-implantites qui sont dues soit à des surcharges occlusales (théorie occlusale), soit à des infections (théorie de la plaque), soit à une association de ces deux théories. Le but de l'article est de présenter des modèles expérimentaux de péri-implantites et de faire une analyse des méthodes de traitement couramment employées. Après avoir...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Des échecs plus ou moins tardifs peuvent survenir en implantologie : ce sont les péri-implantites qui sont dues soit à des surcharges occlusales (théorie occlusale), soit à des infections (théorie de la plaque), soit à une association de ces deux théories. Le but de l'article est de présenter des modèles expérimentaux de péri-implantites et de faire une analyse des méthodes de traitement couramment employées. Après avoir rentré le terme « péri-implantite » dans des bases de données anglaises et allemandes, 96 études au total en sont sorties, dont 29 études expérimentales chez des animaux. Parmi ces 29 études, 11 ont analysé les conséquences de la pose de ligatures, 6 la valeur des différents moyens de diagnostic, et 13 les résultats de traitements conservateurs ou chirurgicaux.

Modèles d'étude et techniques d'induction de la péri-implantite : les expérimentations sont essentiellement localisées au niveau mandibulaire postérieur chez le singe, le chien ou le cochon. De ce fait, aucune étude n'a été publiée au maxillaire.

Seulement 3 études sur les conséquences des surcharges occlusales ont été repérées. Deux études à court terme n'ont pas montré de péri-implantite ! Il semble donc que les péri-implantites dues à des surchages occlusales ne surviennent qu'à moyen et long terme et sans inflammation péri-implantaire (résultats de la troisième étude).

En revanche, les péri-implantites induites par ligatures et accumulations de plaque surviennent dans un délai maximal de 2 mois. Il n'y aurait pas de différence de sévérité entre les implants cylindriques et vissés. Néanmoins, sur une période de temps plus longue, les implants cylindriques peuvent montrer quelquefois des cratères plus importants. Il semblerait aussi que les secteurs très corticalisés de la mandibule montrent des péri-implantites moins sévères.

Les traitements : les traitements des péri-implantites visent à éliminer tous les facteurs déclenchants, puis à reconstituer les tissus perdus. Des traitements conservateurs, résectifs ou régénératifs peuvent être envisagés, mais ce sont surtout les techniques de régénération avec membranes qui ont été étudiées.

De ce fait, il existe trop peu d'études expérimentales sur la décontamination des implants pour en tirer des conclusions.

Dans les techniques de régénération, les membranes (enfouies ou non enfouies) sont laissées entre 1 à 5 mois. La moitié des études a montré des expositions prématurées de membranes dans les 3 semaines après la chirurgie. Par ailleurs, si une inflammation persistait autour des implants, ils étaient systématiquement retirés. Lorsque les membranes exposées étaient laissées en place, les résultats étaient moins bons que lorsqu'elles n'étaient pas exposées. Finalement, toutes les études montrent que les meilleurs résultats sont obtenus avec les membranes associées à un comblement des lésions avec de l'os déminéralisé ou de l'hydroxyde de calcium. Viennent ensuite les membranes utilisées seules et finalement les comblements seuls avec de l'os déminéralisé ou des substituts osseux sans membrane.

Ce que nous en pensons : Cette revue de littérature montre que la majorité des échecs implantaires (perte de l'ostéointégration ) à moyen et long terme est d'origine bactérienne. Il nous est aussi montré que sur des modèles expérimentaux, les péri-implantites peuvent être stabilisées si les facteurs déclenchant l'infection sont bien contrôlés. En revanche, les solutions thérapeutiques de décontamination de la surface des implants et de réparation osseuse ont été peu étudiées et sont malheureusement très peu prévisibles dans leurs résultats. Afin d'éviter ces échecs et les difficultés de traitement qui en découlent, il est donc préférable de suivre un protocole thérapeutique rigoureux et, en particulier, de stabiliser les parodontites avant de poser les implants.

Ce que nous avons appris : La majorité des péri-implantites est d'origine infectieuse. Les péri-implantites « occlusales » sont donc moins fréquentes et surviennent beaucoup plus tardivement et sans inflammation. Le but des traitements des péri-implantites est d'éliminer tous les facteurs déclenchants, puis de « reconstituer » les tissus perdus. Peu d'études expérimentales chez les animaux ont été réalisées, mais elles montrent, néanmoins, que la meilleure thérapeutique est la solution du comblement de la lésion recouverte d'une membrane après décontamination de la surface implantaire.