Rentrée… - Implant n° 3 du 01/08/2002
 

Implant n° 3 du 01/08/2002

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

La longue tradition française de la coupure estivale a pris fin, et nous retrouvons notre exercice avec ses certitudes : les impôts (pour tous) ; les charges sociales (pour les 20 % d'entre nous qui emploient encore une assistante) ; la gestion des 35 heures (pour les privilégiés déjà cités) dans une pratique « chronophage » où l'exigence des patients est inversement proportionnelle à leur participation financière directe ; les difficultés à respecter les contraintes...


La longue tradition française de la coupure estivale a pris fin, et nous retrouvons notre exercice avec ses certitudes : les impôts (pour tous) ; les charges sociales (pour les 20 % d'entre nous qui emploient encore une assistante) ; la gestion des 35 heures (pour les privilégiés déjà cités) dans une pratique « chronophage » où l'exigence des patients est inversement proportionnelle à leur participation financière directe ; les difficultés à respecter les contraintes administratives en progression exponentielle (une traçabilité inapplicable, une gestion des déchets aléatoire et une nomenclature moribonde). Mais également avec un certain nombre d'incertitudes, en relation directe avec le changement de gouvernement voulu par les Français au printemps.

Pendant les cinq dernières années, en effet, la politique de santé de notre pays a davantage relevé de l'application arbitraire et démagogique d'une idéologie archaïque favorisant le « tout-État » au profit d'une minorité inactive que d'une analyse réaliste des besoins de la population et des moyens à mettre en œuvre pour la soigner. Le résultat a été : la fuite d'un grand nombre d'infirmières libérales lassées par les contraintes et le manque de soutien de leurs revendications par le corps médical et leurs patients (pourtant les premiers concernés) ; une grève des médecins, dont la durée n'a pas ému les responsables politiques de l'époque, mais a surpris nos voisins européens ; la lente dégradation des soins hospitaliers et, dans notre profession, le spectre d'une opposabilité des actes prothétiques qui, en l'absence de compensation, aurait entraîné la fermeture d'un grand nombre de cabinets.

Pour autant, le nouveau gouvernement renouant avec un pragmatisme économique souhaitable nous laisse avec un certain nombre d'inquiétudes. En effet, la prise de conscience que la santé a un coût et que dans nos sociétés vieillissantes, la demande de soins s'accroît implique la nécessité de faire coïncider les recettes et les dépenses. La solution précédente a été de faire croire au public que la gratuité apparente effaçait le coût, et au corps de santé que la volonté de l'État exprimée par une enveloppe budgétaire suffisait à l'équilibre financier des structures libérales. La solution actuelle qui semble se dessiner serait de faire le maximum avec l'argent que l'on prélève et de laisser le reste du financement à l'appréciation individuelle des patients avec un recours éventuel à des assureurs privés. On peut aujourd'hui se poser la question de savoir où va se situer la dentisterie sur l'échelle des priorités de soins à accorder à la population. Le désengagement éventuel de l'État sur le petit risque peut entraîner la mise à l'écart de notre activité de la redistribution des prélèvements réalisés sur nos patients, et donc nous faire basculer dans un système totalement libéral avec un changement d'interlocuteur. Cette éventualité peut en réjouir certains, mais chaque système ayant les inconvénients de ses avantages, la vigilance reste de mise.