Tout va très bien… - Implant n° 4 du 01/11/2002
 

Implant n° 4 du 01/11/2002

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Tout va très bien Madame la Marquise Tout va très bien, tout va très bien, Mais, cependant, il faut que l'on vous dise : On déplore un tout petit rien. Un incident, une bêtise…

Cette chanson populaire a vu le jour au milieu de l'année 1936, période agitée de l'histoire de notre pays. Elle est le reflet de la capacité des Français à pratiquer la méthode Coué pour encaisser avec humour les aléas des crises qui ont secoué...


Tout va très bien Madame la Marquise Tout va très bien, tout va très bien, Mais, cependant, il faut que l'on vous dise : On déplore un tout petit rien. Un incident, une bêtise…

Cette chanson populaire a vu le jour au milieu de l'année 1936, période agitée de l'histoire de notre pays. Elle est le reflet de la capacité des Français à pratiquer la méthode Coué pour encaisser avec humour les aléas des crises qui ont secoué notre histoire. Il apparaît de plus en plus évident qu'à nouveau, nous rentrons dans une période de récession, les indices économiques ne sont pas au zénith, l'effondrement boursier est équivalent au crack de 1929, et certains économistes prévoient que les personnes, qui ont investi à la bourse dans la fin des années 90, ne retrouveraient leur investissement que dans une cinquantaine d'années.

Nous ressentons bien dans notre activité depuis le début de l'année ces frémissements subtils qui signent un ralentissement économique, et nous ne sommes pas les seuls, ce qui n'est pas plus rassurant pour autant.

Lors du congrès de l'EAO (European Association of Osseointegration) qui s'est déroulé à Bruxelles au mois de septembre dernier, la morosité des participants était flagrante. La réponse à la question « Comment cela se passe chez vous ? », était tous pays confondus : « Mal, c'est la crise ! », avec un bémol chez tous les confrères, l'activité des cabinets spécialisés haut de gamme est moins touchée que celle des généralistes. Comme souvent en période de crise, le luxe va moins mal que le reste, et plus la notoriété et le standing du cabinet sont élevés, plus l'activité reste soutenue. Finalement, le malheur de tous rassurant les uns et les autres, on pouvait en déduire que les difficultés que nous rencontrons dans notre activité n'ont rien d'exceptionnel, il n'y aurait pas pour une fois d'exception française.

Cependant selon le proverbe chinois qui considère qu'en période de famine le gros maigri alors que le maigre meurt, la situation selon les pays n'est pas équivalente. Il faut rappeler que le chiffre d'affaires moyen d'un cabinet français correspond au bénéfice moyen des cabinets dentaires chez certains de nos voisins, la différence est de taille et il faut espérer que l'adage extrême oriental cité plus haut sera contredit dans les faits.

Mais, certains signes ne trompent pas, en particulier la fréquentation du congrès de l'EAO est assez représentative de l'activité nationale, et pendant longtemps les Anglais étaient presque absents des manifestations internationales. Inutile de préciser que l'état de leur système de santé et la paupérisation de leurs professionnels y étaient pour beaucoup. Malgré la proximité géographique de Bruxelles, les Français se sont distingués cette année par leur absentéisme à ce congrès dont l'intérêt scientifique et l'organisation étaient remarquables. Pour la présentation des posters, reflet de la recherche scientifique d'un pays, sur 122 présentations, 6 émanaient de groupes français, et sur mille six cents participants, seules quelques dizaines de praticiens hexagonaux avaient fait le déplacement pour l'événement phare de l'implantologie européenne, c'est à la fois regrettable et inquiétant.

À l'heure où tout le monde s'accorde sur l'importance de la formation continue, cela donne à réfléchir.

Mais comme en France, tout finit par des chansons : « Mais à part çà, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien… »