Le futur derrière nous ! - Implant n° 4 du 01/11/2003
 

Implant n° 4 du 01/11/2003

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Nous le pressentions depuis quelques années et le rêve est devenu réalité.

Lors du dernier congrès de l'European Associaton for Osseointegration (EAO) à Vienne (9 - 11 octobre 2003), le traitement chirurgical et prothétique d'un patient complètement édenté en une heure a été retransmis depuis Los Angeles, où une équipe chirurgicale (P. Moy) et prothétique (C. Marchak) officiait en direct. La prouesse technologique de la...


Nous le pressentions depuis quelques années et le rêve est devenu réalité.

Lors du dernier congrès de l'European Associaton for Osseointegration (EAO) à Vienne (9 - 11 octobre 2003), le traitement chirurgical et prothétique d'un patient complètement édenté en une heure a été retransmis depuis Los Angeles, où une équipe chirurgicale (P. Moy) et prothétique (C. Marchak) officiait en direct. La prouesse technologique de la télétransmission depuis les États-Unis n'était pas la vraie nouveauté en dentisterie, puisque la première vidéo-conférence à travers l'atlantique retransmise depuis Washington vers le Palais des Congrès de Paris a eu lieu le 15 juin 1985, soit déjà 18 ans.

En revanche, si P.-I. Brånemark avait ouvert la voie® avec le Brånemark Novum par le traitement chirurgical et prothétique d'un patient en une journée, le nouveau concept « Teeth-In-An-Hour », imaginé et développé à l'université de Leuven (Belgique) est largement plus avancé.

L'idée reste identique, et le fait de traiter un patient en quelques heures en posant une prothèse préfabriquée, peut sembler proche du traitement qui raccourcit ce délai à une heure. La maîtrise du temps serait donc le résultat ! En 35 ans, nous sommes passés d'un traitement en 6 mois à un traitement en 8 heures ; puis en 3 ans et demi, d'un traitement en 8 heures à un traitement en 1 heure. Je n'ose imaginer à quoi nous arriverons dans 3 mois. Certains diront que nous n'avons rien inventé et que déjà dans les années 70, de tels traitements étaient réalisés, malheureusement au détriment du patient la plupart du temps.

Le système mis au point est à la fois plus simple que ce que nous pouvions imaginer dans la chirurgie ; la main et l'expérience du geste restent primordiales, et d'une extraordinaire complexité technologique dans la précision obtenue. À partir de l'examen tomodensitométrique, le choix de l'emplacement des implants est déterminé sur l'écran grâce à un logiciel spécifique et un modèle stéréolithographique est élaboré.

Sur ce modèle, un guide chirurgical et un bridge en résine armée sont réalisés. Le guide est positionné sur la crête du patient, fixé dans le maxillaire, et des guides de forage permettent la mise en place des implants. Le guide déposé, la prothèse est mise en place ; la précision de l'ajustage de ce bridge est impressionnante. La démonstration a été parfaitement convaincante, et les 800 spectateurs qui avaient choisi cette séance ont eu l'impression d'entrer de plein pied dans le futur. Nous sommes passés de l'adaptation d'un patient à une prothèse préfabriquée, à la réalisation d'une prothèse sur mesure parfaitement adaptée guidant la mise en place d'implants.

Le congrès de l'EAO a rassemblé 2000 participants, dont 40 confrères français, 60 russes et 80 coréens… Paris accueillera le prochain congrès de l'EAO en septembre 2004 et il faut espérer que nous serons tous présents pour découvrir l'implantologie du futur.

1. Assémat-Tessandier X. Demain, c'était hier ! Implant 2001;7(4):279(éditorial).

2. Brånemark PI et al. Brånemark Novum® : un nouveau concept de traitement pour la restauration de l'édentement mandibulaire. Résultats préliminaires d'une étude prospective de suivi clinique. Implant 2003;6(1):5-22.