Le traitement parodontal raisonné - JPIO n° 4 du 01/11/1999
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 4 du 01/11/1999

 

Vient de paraître

Jean Meyer  

En 1982, lorsque paraissait le premier numéro du Journal de Parodontologie, le défi était lancé ! Avec le talent de son rédacteur en chef-fondateur Henri Koskas et l'appui de la Société française de Parodontologie, le succès s'est affirmé au fil du temps. A la même époque, les cycles de formation permanente ont été créés par un organisateur exceptionnel, Pierre Genon. Avec également le soutien de la Société française de Parodontologie, ces cycles ont abouti à une...


En 1982, lorsque paraissait le premier numéro du Journal de Parodontologie, le défi était lancé ! Avec le talent de son rédacteur en chef-fondateur Henri Koskas et l'appui de la Société française de Parodontologie, le succès s'est affirmé au fil du temps. A la même époque, les cycles de formation permanente ont été créés par un organisateur exceptionnel, Pierre Genon. Avec également le soutien de la Société française de Parodontologie, ces cycles ont abouti à une structure inégalée dont les dividendes sont encore perceptibles aujourd'hui. Ainsi la collection du Journal de Parodontologie et d'Implantologie Orale s'inscrit-elle dans le sillage de cette dynamique, et il est agréable que le premier volume soit une émanation du service de Tonnerre. Cet ouvrage est présenté sous forme de chapitres courts, chacun d'entre eux étant abondamment illustré avec une iconographie de grande qualité. Les photographies cliniques sont constamment apposées aux radiographies, stratégie qui permet de s'imprégner rapidement du cas présenté. La compréhension de chaque chapitre est ainsi facilitée et ce d'autant plus que de nombreux schémas mettent l'accent sur le point important. Enfin des encadrés de différentes couleurs résument le chapitre. Il ressort de cette présentation un côté attrayant auquel le lecteur ne reste pas indifférent.

Ce livre s'adresse à des cliniciens. Comme le soulignent les auteurs, dans la multiplicité des propositions thérapeutiques possibles, il est apparu raisonnable d'apporter des propositions logiques afin que chaque praticien puisse répondre à un maximum de situations. Nous sommes ainsi conduits, comme dans une réelle consultation, de l'analyse radiographique à l'examen clinique pour aboutir aux propositions thérapeutiques. Chacun des chapitres s'inscrit dans cette démarche en commençant aux premiers rendez-vous, puis aux prescriptions, au traitement de l'urgence, aux surcharges, à la contention et aux techniques chirurgicales. Les cas présentés sont nombreux et de qualité.

Il est clair que certaines affirmations mériteraient d'être débattues. Donner comme dogme que pour les lésions sondées à plus de 5-6 mm, le surfaçage n'est plus logiquement indiqué ; que pour les secteurs dont l'indication chirurgicale est posée dès le départ, il n'est pas préconisé de détartrage et de surfaçage radiculaire sous-gingival préalable ; que le choix du traitement est fondé sur la profondeur des lésions, sont des notions qui mériteraient d'être largement nuancées.

De la même façon, s'il est bien mentionné dans le texte que le niveau osseux radiographique normal se situe en dessous de la jonction amélo-cémentaire, il aurait été souhaitable que les schémas radiographiques montrent la même ligne de référence, au risque de surévaluer la perte osseuse ou d'indiquer au lecteur une pathologie inexistante. Dans la chronologie du plan de traitement, être également péremptoire sur le fait que les traitements endodontiques insuffisants ne doivent être repris qu'après le traitement parodontal, représente sans doute une attitude par trop figée, en particulier pour les dents multiradiculées.

Le chapitre sur les critères de décision d'extraction est naturellement un sujet audacieux, peu inclus dans les ouvrages déjà existants. Il s'agit pourtant d'une option clinique valable peu mentionnée car cet aboutissement est souvent interprété comme un aveu d'impuissance thérapeutique. Grâce est donc rendue à l'audace, même si cette hardiesse aboutit à des intransigeances telles que parmi les critères incontestables d'extraction figurent des lésions lentement évolutives.

Mais il serait injuste de reprocher à des auteurs d'exprimer des guides qui peuvent, comme toujours, être discutés alors qu'ils reposent sur une expérience clinique indiscutable. La conclusion globale qui apparaît reste en fait la philosophie du traitement car l'objectif peut être, soit de supprimer radicalement des lésions, soit de conserver des dents même avec des lésions résiduelles stabilisées. Ainsi que le mentionne Christine Genon, il reste une volonté de privilégier l'efficacité et l'accessibilité des traitements pour le plus grand nombre de patients.

Aucun livre au monde ne représente une vérité parodontale qui n'a pas encore la capacité d'être. Cet ouvrage s'inscrit ainsi dans la bonne lignée des lectures fortement conseillées.