Esthétique et parodontie : les clés du succès

Dès le titre de l'ouvrage, Christine Romagna-Genon et Pierre Genon montrent qu'ils sont décidés à réconcilier ce qui a priori est inconciliable. Les impératifs et les exigences liés au traitement d'une (ou plusieurs?) maladie(s) bactérienne(s) et le souci (légitime?) du patient de conserver un sourire d'acteur. Conscients des risques que peut représenter cette tentative, dès le premier chapitre, sorte d'avant-propos sur l'esthétique, les auteurs nous avertissent qu'« un ouvrage sur l'esthétique n'a pas à suivre et à démontrer la rigueur et la méthodologie scientifique qui existent par ailleurs, au travers de publications auxquelles le lecteur pourra se référer parallèlement » En fait, ce point peut faire l'objet d'un débat, mais acceptons ce parti pris.

Le second chapitre s'attaque au point crucial du sujet de l'ouvrage: « esthétique et maladie parodontale ». Les auteurs nous montrent avec force photographies et schémas les possibilités qu'offrent le lambeau esthétique d'accès (LEA) et ses variantes (lambeau coronaire d'espacement avec ou sans apport de greffon conjonctif) afin de concilier les impératifs biologiques du traitement des maladies parodontales et le maintien d'une esthétique compatible avec une vie normale dans notre société. Les justifications de ce type d'intervention, les indications et la technique sont parfaitement décrites, des schémas viennent compléter des photographies de très bonne qualité et déjà très explicites.

Le troisième chapitre, volumineux (30 pages), traite des récessions gingivales et de leurs traitements. Il est bien connu, depuis longtemps, que les auteurs excellent dans ce domaine de notre activité de parodontiste. Leurs publications sur le sujet sont connues et reconnues. Ils font une nouvelle fois la preuve de leur grande maîtrise de toutes les techniques de recouvrement radiculaire. Tous les protocoles actuels sont parfaitement déclinés, du simple au compliqué. Pour chaque technique, les indications sont clairement définies, les protocoles décrits et discutés, les résultats commentés, voire comparés.

Le quatrième chapitre est le plus important (37 pages). Il aborde les rapports prothèse-parodonte. C'est sûrement dans ce chapitre que le "parti pris" choisi par les auteurs est le plus discutable. La cohérence des choix est certaine et la logique qui les guide aussi. Utilisant leur expérience clinique et leurs résultats, souvent superbes, les auteurs justifient des choix nettement dans le sens de la beauté bien que de nombreux auteurs ne valident pas cette approche. Ainsi, ils prônent très nettement les limites franchement intra-sulculaires, les formes de dents plutôt carrées afin de fermer les embrasures et des contacts « pontique-muqueuse » très élargis par rapport à ce qui est souvent décrit. Bien sûr, ces choix ne feront pas l'unanimité, mais ils sont toujours proposés avec intelligence et rigueur.

Le cinquième chapitre s'intéresse aux papilles interdentaires. Il est court et clair. Le problème de la reconstruction des papilles reste un problème.

Le sixième chapitre est consacré aux aménagements muqueux péri-implantaires. Dans cette partie, se retrouve la grande maîtrise clinique des auteurs. Tout est clair, parfaitement expliqué et justifié.

Le septième chapitre est une présentation de cas cliniques illustrant des difficultés particulières et traités selon la philosophie développée tout au long du livre.

Le livre se termine par un très intéressant "livret", parfaitement dans la démarche pédagogique que Christine Romagna-Genon et Pierre Genon développent avec bonheur dans leur centre de Tonnerre. Toutes les interventions chirurgicales citées sont de nouveau expliquées à l'aide de schémas particulièrement clairs et didactiques. Il s'agit là d'une innovation très intéressante, parfaitement dans l'esprit de la collection que dirige Henri S. Koskas.

Etudiants, praticiens et parodontistes trouveront dans ce livre de très nombreux sujets de réflexions, voire de méditations.

Si je dois finir par une critique, je n'en ferai qu'une: il est surprenant que les auteurs n'aient pas cité en référence bibliographique l'ouvrage d'Alain Borghetti et Virginie Monnet-Corti. C'est vraiment dommage car il s'agit d'un ouvrage traitant pour partie de sujets analogues, écrit par des auteurs français, issu de la même collection et dont la qualité fait l'unanimité.