Principes de l'intégration esthétique - JPIO n° 3 du 01/08/2002
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 3 du 01/08/2002

 

Vient de paraître

Joël Itic  

L'auteur analyse l'intégration des prothèses successivement sous l'aspect morphologique, biologique, esthétique et fonctionnel.

Pour les Grecs anciens, la beauté du corps était basée sur la notion de formule mathématique, de proportions. Malheureusement, aucune proposition de grille géométrique n'a jamais trouvé une concordance parfaite avec les formes organiques. L'harmonie et la beauté d'un sourire sont néanmoins la résultante d'un certain nombre de critères...


L'auteur analyse l'intégration des prothèses successivement sous l'aspect morphologique, biologique, esthétique et fonctionnel.

Pour les Grecs anciens, la beauté du corps était basée sur la notion de formule mathématique, de proportions. Malheureusement, aucune proposition de grille géométrique n'a jamais trouvé une concordance parfaite avec les formes organiques. L'harmonie et la beauté d'un sourire sont néanmoins la résultante d'un certain nombre de critères morphologiques dentofaciaux (certes totalement subjectifs en fonction des cultures, des époques et des modes), mais le particularisme esthétique est aussi fonction de variations subtiles et de défauts mineurs personnalisants. La différence entre santé et maladie est basée sur des critères scientifiques très précis. La différence entre beauté et laideur est infiniment plus subjective, et surtout l'association laideur-maladie (récessions parodontales, par exemple) - si elle peut être considérée comme fortuite - est le résultat d'une analyse intellectuelle plus qu'une perception objective.

C'est à partir de ces différents concepts que Claude R. Rufenacht tente d'établir les règles et les critères conduisant à l'intégration esthétique prothétique optimale qui ne s'avère plus le fruit du hasard.

L'intégration biologique exclut tous les bords prothétiques défectueux, rugueux en sur- et sous-contours ainsi que l'agression de l'espace biologique. Ainsi, toute rupture des interrelations biologiques conduit invariablement à des modifications de l'aspect esthétique original. Dans ce chapitre, l'auteur insiste particulièrement sur la distance crête osseuse et point de contact interdentaire qui devrait être au maximum de 5 mm pour avoir une papille qui occupe intégralement l'embrasure.

L'intégration implanto-muqueuse est évoquée avec sensiblement les mêmes critères que ceux nécessaires pour l'intégration prothétique sur dents naturelles. L'espace inter-implant spécifique en fonction du secteur est déterminant pour le résultat esthétique, de même que le placement dans le sens vestibulo-lingual. La conception des intermédiaires de bridge et de leurs relations avec la gencive est aussi analysée avec précision.

L'auteur analyse dans le chapitre sur l'intégration esthétique les illusions d'optique engendrées par la forme des dents du secteur antérieur par rapport à la ligne gingivale et la position des dents des secteurs latéraux. A l'aide d'exemples cliniques très didactiques, il nous montre quelques « petits détails » qui changent radicalement l'esthétique du sourire.

Si les analyses des facteurs esthétiques à partir du point, de la ligne, du plan et de la forme sont assez ésotériques (plusieurs lectures sont conseillées), même à l'aide d'exemples artistiques, les règles de l'équilibre entre la ligne des commissures labiales, le plan occlusal, la ligne bipapillaire et le cadre latéral du visage sont d'un grand intérêt pour nous enseigner de prendre du recul (au sens propre) et recadrer la bouche dans l'ensemble du visage.

Le dernier chapitre sur les principes de l'agencement esthétique reprend l'analyse du cadre facial pour déterminer, tout d'abord, l'intégration idéale du secteur antérieur mandibulaire, puis des secteurs postérieurs avec une place particulièrement importante pour les canines et, enfin, l'intégration du secteur antérieur maxillaire.

On retrouve dans ce chapitre de nombreux éléments trouvés dans le troisième chapitre, et même quelques photographies cliniques.

En conclusion, cet ouvrage abondamment et agréablement documenté s'adresse plus particulièrement à l'omnipraticien et au spécialiste en prothèse plus qu'au parodontiste, même si la chirurgie parodontale, notamment l'allongement coronaire, est souvent sollicitée pour une meilleure esthétique du sourire.

On peut regretter que l'intégration esthétique des prothèses sur implants ne soit abordée que brièvement en quelques pages. De même, si quelques règles se dégagent clairement, la lecture d'une grande partie de l'ouvrage nécessite une attention soutenue afin de saisir toutes les subtilités de l'intégration esthétique.

Articles de la même rubrique d'un même numéro