Réponses sensitives à la mise en charge implantaire : étude pilote - JPIO n° 3 du 01/08/2004
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 3 du 01/08/2004

 

Revue scientifique internationale - La sélection

Implantologie

Éric Maujean  

(Tournant-en-Brie)

But de l'étude

Malgré l'absence de desmodonte, les patients implanto-restaurés ont une fonction masticatoire semblable à celle des patients dentés sans que l'on sache quel mécanisme neurophysiologique régule la fonction manducatrice.

Cette étude s'intéresse à la réponse nerveuse du nerf alvéolaire inférieur après mise en charge d'implants.

Matériel et méthodes

Chez 3 chiens mongrel, après extraction des 3 prémolaires, 2 implants Nobel...


But de l'étude

Malgré l'absence de desmodonte, les patients implanto-restaurés ont une fonction masticatoire semblable à celle des patients dentés sans que l'on sache quel mécanisme neurophysiologique régule la fonction manducatrice.

Cette étude s'intéresse à la réponse nerveuse du nerf alvéolaire inférieur après mise en charge d'implants.

Matériel et méthodes

Chez 3 chiens mongrel, après extraction des 3 prémolaires, 2 implants Nobel Biocare® (4 x 8 mm) sont placés chez chaque chien et laissés 3 mois pour l'ostéo-intégration. Par un dispositif mécanique complexe, des forces vibratoires horizontales sont appliquées sur la canine et la molaire adjacentes aux implants et sur les implants eux-mêmes afin de comparer ensuite les réponses aux stimuli. Les seuils d'intensité sont les suivants : seuil de base = seuil minimal de réponse des dents, seuil 2 = 2 x seuil de base, seuil 3 = 3 x seuil de base.

Les enregistrements neurologiques se font grâce à une électrode placée sur le nerf alvéolaire inférieur (NDI) mis à jour par retrait d'un volet osseux. Les paramètres enregistrés dans les 50 ms post-stimulus sont le nombre de potentiels électriques et le temps de latence d'apparition de ces potentiels après stimulus.

Résultats

La réponse des dents est en moyenne 2 fois supérieure à celle des implants :

- au seuil de base, il n'y a aucune réponse implantaire ;

- au seuil 2, la réponse canine est de 2,38 ± 0,18 et celle de l'implant antérieur de 1,3 ± 0,12 ;

- la réponse molaire est de 2,2 ± 0,16 et celle de l'implant postérieur de 0,8 ± 0,1 ;

- au seuil 3, la réponse canine est de 2,78 ± 0,2 et celle de l'implant antérieur de 1,68 ± 0,13 ;

- la réponse molaire est de 2,5 ± 0,21 et celle de l'implant postérieur de 1,53 ± 0,15.

Le temps de latence, par contre, ne montre pas de différence significative, la réponse des dents étant en moyenne de 20 % plus rapide.

Commentaires

Les résultats de cette étude confirment le maintien d'une proprioception buccale des patients implantés mais dont l'origine demeure soumise à controverse : est-elle périostée (San Steenberghe, 2000), osseuse par l'intermédiaire du stress mécanique détecté par les prolongements ostéocytaires (Yamashiro, 2001) ou musculo-tendineuse par le complexe massétérin et articulaire de l'articulation temporo-mandibulaire (Klineberg et Murray, 1999) ? Les auteurs penchent pour une quatrième origine, osseuse, liée aux fibres nerveuses présentes dans l'os autour des implants (Weiner et al., 1995 ; Wada, 2001).

Cela confirme la nécessité d'études supplémentaires comparant la microanatomie et la neurophysiologie des secteurs dentés et implantés. Cette proprioception est-elle la même chez l'édenté partiel et chez l'édenté complet ?