Parodontites sévères et orthodontie - JPIO n° 2 du 01/05/2005
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 2 du 01/05/2005

 

Vient de paraître

Karine BOLLA-MONCE  

Écrit par une équipe universitaire renommée, Marc Danan, Françoise Fontanel et Monique Brion, Parodontites sévères et orthodontie est un ouvrage novateur sur la conduite d'un traitement orthodontique sur un terrain parodontalement affaibli.

Intéressant aussi bien l'orthodontiste, souvent réticent à entreprendre un traitement sur un support parodontal fragilisé, que le parodontiste qui trouve ici un guide sur la gestion des tissus mous ou osseux en cas de parodontite...


Écrit par une équipe universitaire renommée, Marc Danan, Françoise Fontanel et Monique Brion, Parodontites sévères et orthodontie est un ouvrage novateur sur la conduite d'un traitement orthodontique sur un terrain parodontalement affaibli.

Intéressant aussi bien l'orthodontiste, souvent réticent à entreprendre un traitement sur un support parodontal fragilisé, que le parodontiste qui trouve ici un guide sur la gestion des tissus mous ou osseux en cas de parodontite sévère, ce livre concerne également l'omnipraticien. Celui-ci doit souvent faire face à des cas complexes et répondre à une demande de réhabilitation globale du patient ; il doit aussi établir un plan de traitement en tenant compte des objectifs des patients et des possibilités thérapeutiques de l'orthodontie et de la parodontie.

Les bases des deux disciplines-titres sont clairement établies : une classification précise des maladies parodontales issue du consensus de 1999 décrit pour chacune leurs caractéristiques, leur épidémiologie, leur étiopathogénie et les facteurs influençant leur susceptibilité et leur évolutivité. Quatre types de parodontites sont définis : la parodontite chronique, la parodontite agressive, la parodontite ulcéro-nécrotique et enfin la parodontite associée aux maladies générales (les réfractaires, elles, restent selon les auteurs inclassables, les raisons des récidives demeurant très variables).

On y trouve également :

- des rappels sur la manière de maîtriser l'inflammation afin d'arrêter la progression de la maladie, de stabiliser les tissus à long terme ou de permettre leur réparation par un rappel sur la thérapeutique initiale, non chirurgicale et sur les thérapeutiques associées, mais aussi sur l'approche chirurgicale ;

- la description des traitements des lésions intra-osseuses et des anomalies muco-gingivales : tant les principes que le protocole opératoire et les résultats espérés ;

- un chapitre entier est consacré à la maintenance dont l'importance n'est plus à démontrer. Il s'agit d'une thérapeutique parodontale de soutien qui comporte en outre la réévaluation régulière des résultats obtenus et, en cas de récidive, de la réponse clinique à adopter.

Le diagnostic et la prise en charge thérapeutique semblent ainsi facilités ;

- les principes des mouvements orthodontiques sont précisément décrits : le rôle des différents acteurs parodontaux du déplacement est expliqué tant au plan physiologique qu'histologique et biomécanique lors des mouvements de version, gression, rotation ou redressement, sans oublier également les risques encourus face à l'usage de telles forces.

La connaissance de ces différentes règles permet de gérer les déplacements dentaires avec un maximum d'efficacité mais aussi de s'adapter à un parodonte réduit et assaini.

Dans ce cas, il faudra prendre des précautions supplémentaires comme, par exemple, utiliser des appareillages ne délivrant que des forces contrôlables en direction et en intensité, soigner tout particulièrement la technique de collage et s'assurer qu'un nettoyage optimal puisse être réalisé.

Une fois les bases posées, reste le difficile choix thérapeutique.

Ce livre répond aux questions : quand ? pourquoi ? et comment combiner traitements orthodontiques et thérapeutiques de comblement ou de régénération ? Mais aussi : comment gérer les tissus mucogingivaux ? Certains auteurs disent encore que les déplacements orthodontiques constituent un facteur aggravant pour ces anomalies, et notamment pour les récessions.

L'idée générale qui s'en dégage est que quel que soit le type de mouvement orthodontique, le déplacement dentaire provoqué n'entraîne pas de perte osseuse s'il est effectué en l'absence d'inflammation et en présence d'une hauteur et d'une épaisseur de gencive attachée suffisante ; dans le cas contraire, une chirurgie mucogingivale aura pour but d'aménager les tissus gingivaux et osseux.

Dans la gestion des édentements importants, l'utilisation de différents types d'ancrages implantaires, comme la technique des micro-implants, peut apporter une solution et permettre les mouvements orthodontiques difficilement réalisables auparavant.

Après le traitement orthodontique, les récidives éventuelles (migrations secondaires) sont évitées grâce au choix et la réalisation différents types de décrits selon un protocole clinique rigoureux. Ce choix se fera en prenant en compte des critères répertoriés sous forme de paramètres décisionnels. La bibliographie est récente et riche, de nombreux schémas clairs objectivent les mouvements et les forces appliqués sur les différents supports osseux, les coupes histologiques du parodonte sont magnifiques.

Les cas cliniques sont probants, la méthodologie est rigoureuse, les résultats sont indiscutables, illustrés par des macrophotos mises en parallèle avec les bilans radiographiques rétro-alvéolaires.

Cet ouvrage, premier du genre en français, est remarquable, utile et figurera en bonne place dans les références bibliographiques internationales.