Régénération osseuse - JPIO n° 01 du 01/02/2006
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 01 du 01/02/2006

 

ÉDITORIAL

Alain BORGHETTI  

De l'organe dentaire à l'implant, le succès fonctionnel et esthétique de nos traitements et, bien sûr, leur pérennité sont étroitement liés à la présence d'un tissu osseux en quantité et en qualité suffisante. Déjà, la seule perte d'une dent provoque un certain déficit osseux alvéolaire : la présence d'os parodontal, ou os alvéolaire, est en relation avec celle d'une dent ou d'un implant fonctionnel. Mais les pathologies responsables de ces pertes d'organes dentaires sont...


De l'organe dentaire à l'implant, le succès fonctionnel et esthétique de nos traitements et, bien sûr, leur pérennité sont étroitement liés à la présence d'un tissu osseux en quantité et en qualité suffisante. Déjà, la seule perte d'une dent provoque un certain déficit osseux alvéolaire : la présence d'os parodontal, ou os alvéolaire, est en relation avec celle d'une dent ou d'un implant fonctionnel. Mais les pathologies responsables de ces pertes d'organes dentaires sont généralement la source de destructions osseuses supplémentaires. Citons les infections d'origine endodontique, les fêlures et fractures, les tumeurs, les traumatismes, les actes iatrogènes et surtout les parodontites. Ces destructions osseuses sont mises en évidence par l'examen clinique car la morphologie des tissus mous est conditionnée par celle des tissus durs, et le résultat esthétique (ou inesthétique) peut être anticipé. Le complément indissociable est l'imagerie sous ses différents aspects : radiographie rétro-alvéolaire, toujours indispensable et précise, radiographie panoramique, éventuellement Scanora mais essentiellement scanner, jusqu'à des reconstructions 3D. Ces destructions osseuses varient d'une alvéolyse superficielle associée à la maladie parodontale de stade modéré, aux résorptions d'os parodontal et même d'os basal atteignant des limites anatomiques comme le canal dentaire ou le plancher du sinus maxillaire.

La connaissance de la biologie osseuse nous montre que ce tissu est en constant remaniement, et que ce remodelage est basé sur les phénomènes de résorption et d'apposition. C'est, sans doute, dans la compréhension et l'utilisation de ces processus biologiques que notre thérapeutique reconstructrice peut trouver les solutions : c'est l'objectif de ce numéro spécial.

Une discussion terminologique pourrait être engagée entre les vocables « régénération » et « reconstruction ». On parle de chirurgie plastique et reconstructrice, mais on parle aussi de régénération tissulaire ou osseuse guidée. Les deux termes seront employés dans ce numéro à thème, et nous avons choisi pour le titre général celui de régénération, pour lequel le dictionnaire (Grand Larousse universel, tome 12, 1995) donne la définition suivante : « reconstitution des tissus organiques lésés chez les êtres vivants ».

De la crête édentée au sinus maxillaire, du sens horizontal au sens vertical, de la lésion parodontale infra-osseuse à l'alvéole, il existe des principes biologiques de cicatrisation communs. Mais, les conditions de régénération sont à chaque fois différentes. Dans ce numéro, nous avons fédéré les compétences pour faire un point actuel sur les différents procédés de régénération de l'os maxillaire ou mandibulaire, à travers ces situations cliniques différentes. Le fil conducteur est l'abord biologique des solutions en vigueur, depuis la greffe osseuse avec la technique en 3D jusqu'à l'emploi des protéines dérivées de la matrice amélaire, en passant par l'utilisation de membranes, de fibrine enrichie de plaquettes ou de biomatériaux substituts osseux.

Si la destruction du tissu osseux maxillaire ou mandibulaire peut être rapide et/ou importante quelle que soit l'étiologie, sa régénération est difficile et pas toujours complète, quelle que soit la situation clinique et son traitement. C'est un des défis actuels les plus passionnants de notre exercice.