Biofilm dentaire, plaque dentaire Dental biofilm, dental plaque - JPIO n° 03 du 01/08/2007
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 03 du 01/08/2007

 

PRÉFACE

Michel Brecx  

Rédacteur invité

Le but de cette publication est double : premièrement, revoir le problème dans son ensemble et, deuxièmement, sortir du schéma classique.

Les définitions tout d'abord. Les premiers dépôts dentaires, pris dans leur ensemble ont été appelés « Materia alba » (fig. 1). Cette accumulation sur les surfaces dentaires est illimitée comme le montre la photo d'une dent d'un marin allemand juste après la fin de la Seconde Guerre...


Le but de cette publication est double : premièrement, revoir le problème dans son ensemble et, deuxièmement, sortir du schéma classique.

Les définitions tout d'abord. Les premiers dépôts dentaires, pris dans leur ensemble ont été appelés « Materia alba » (fig. 1). Cette accumulation sur les surfaces dentaires est illimitée comme le montre la photo d'une dent d'un marin allemand juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale1 (fig. 2) : il ne pouvait plus fermer la bouche ! La notion de nettoyage automatique est donc une légende provenant de pays où un minimum d'hygiène existe, que ce soit avec un bâtonnet de bois ou un doigt. Cette légende non scientifique est à l'origine des préparations d'obturation dont les limites étaient exagérément étendues, car elles devaient se situer dans cette fameuse zone de nettoyage automatique. Que de tissu dentaire perdu !

Les biofilms sont des dépôts biologiques qui se retrouvent dans le monde de la marine (coques des bateaux, rochers, etc.), dans les canalisations (tuyaux, cathéters), dans les eaux douces ou salées... Ce sont des bactéries planctoniques qui se fixent, puis s'organisent, ce qui a pour conséquence une utilisation accrue d'antiseptiques et d'antibiotiques lorsque cette organisation est solide. En revanche, lorsque la désorganisation (détartrage, surfaçage) du biofilm intervient, l'effet inverse se produit : moins d'antiseptiques et moins d'antibiotiques s'avèrent nécessaires pour éliminer les micro-organismes.

La pellicule (dentaire acquise) ne devrait plus s'en référer qu'aux études in vitro, sans micro-organismes, car des bactéries sont présentes in situ 10 secondes après tout nettoyage dentaire2 ! Le fait de lire que les premières bactéries apparaissent au bout de 2 heures pour les uns, 4 pour d'autres, 8 pour d'autres encore... prouve bien qu'il s'agit d'un non-sens. La pellicule est donc partie intégrante, précoce, du biofilm dentaire.

L'expression plaque dentaire devrait toujours rester en usage. Il s'agit d'une notion plutôt clinique d'un dépôt plus ou moins important, généralement visible, sauf en sous-gingival à moins que la poche parodontale soit ouverte. La « plaque bactérienne » est à proscrire, car elle n'est pas constituée que de bactéries (cellules épithéliales, polymorphonucléaires neutrophiles, virus... ?). Dans la présente publication, la formation de la plaque dentaire sus-gingivale est principalement prise en considération. La plaque sous-gingivale ne l'est que dans le dernier chapitre.

La première partie concerne la relation entre les bactéries présentes dans la salive et celles dans le biofilm dentaire naissant. La deuxième s'attache au problème déjà évoqué : le biofilm dentaire, sans bactéries, existe-t-il in situ ? La troisième s'attaque aux premières adhésions (réversibles, puis irréversibles ?) bactériennes dans le biofilm. La quatrième décrit la formation de ce biofilm avec des images en 2D et 3D.

Enfin, y a-t-il différentes flores bactériennes pour différentes entités de la maladie parodontale ?

J'espère que nous aurons ensemble atteint notre but, celui de revoir le problème dans son ensemble et de sortir du schéma classique.

Bonne lecture critique !

The aim of this publication is twofold. First, to take a new look at dental biofilm as a whole, second to depart from the classical, old, way of viewing dental plaque.

Definitions are very important. 'Materia alba' is the term that used to be used to describe all the early deposits on teeth (fig. 1). As one can see on this picture, showing a tooth of a German sailor in the 1940s, its accumulation on dental surfaces is limitless1 (fig. 2) : he could no longer close his mouth ! The notion of 'self-cleansing' is thus a myth originating from countries where a minimum of oral hygiene exists, perhaps with a wooden stick or even a finger. This non-scientific legend has led dentists to over-extend the preparation of cavities 'for prevention' into those famous 'self-cleansing' areas for decades, if not centuries ! So much dental tissue has been lost !

Biofilms are biological deposits that can also be found in the marine world (ships' hulls, rocks, etc.), in pipes (tubes cathethers), in salt as well as in fresh water... They consist of planktonic bacteria that attach to a support and then start to organize. This means that increasing amounts of antibiotics and antiseptics have to be used as this organization becomes established. On the other hand, when the organization of this biofilm is broken up (by scaling, root planing), the opposite is true: smaller amounts of antiseptics and antibiotics are needed to eradicate these microorganisms.

The term 'acquired dental pellicle' should no longer be used, except when dealing with in vitro studies in the absence of bacteria, because bacteria have been found in situ only10 seconds after tooth cleaning2 ! The fact that we read that the first bacteria appear after 2 hours for some, 4 hours for others, 8 hours for yet more... shows very well that this is nonsense. Dental pellicle is thus an integral and early part of the dental biofilm.

Dental plaque is a term that should still be used. It is more a clinical term used for a deposit that is present in greater or lesser quantities and is generally visible, except subgingivally if the pocket is not open. The term 'bacterial plaque' should be avoided because dental plaque is made up not only of bacteria but also of epithelial cells, PMNs and possibly viruses. In this publication, the formation of supragingival dental plaque will be reviewed mainly. Subgingival plaque will be considered only in the last chapter.

The first chapter describes the bacteria in saliva and in early dental biofilm. The second deals with a problem already mentioned: does a dental biofilm, free of bacteria exist in situ? The third deals with the first bacterial adhesions (reversible then irreversible?) within the biofilm. The fourth describes biofilm formation with 2D and 3D images.

Lastly, are there different bacterial floras for different entities of the periodontal disease?

I do hope that we will achieve our goals of taking a new look on dental biofilm as a whole and to depart from the classical old way of viewing dental plaque.

Take pleasure in reading critically !

1. Riethe P. Dental calculus, its formation, structure and role in the pathogenesis of gingival and periodontal diseases. In: Forum Medici; Nyon: Zyma, 1974; 37-50.

2. Rönström A, Edwardson S, Attström R. Streptococcus sanguis and Streptococcus salivarius in early plaque formation on plastic films. J Periodontal Res 1977;12:331-339.