La reprise du traitement endodontique - JPIO n° 03 du 01/08/2007
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 03 du 01/08/2007

 

Vient de paraître

Anne Claisse-Crinquette  

La reprise du traitement endodontique : le quotidien et l'angoisse de l'omnipraticien... Et aujourd'hui, on nous offre enfin un superbe manuel sur le sujet, en langue française, facile à consulter et qui se lit comme un livre d'images ! Une façon ludique d'apprendre, même après une longue et fatigante journée de travail.

Ce côté agréable n'enlève rien au sérieux et à la qualité de cet ouvrage qui « nous prend par la main », chapitre après chapitre, à la façon d'un...


La reprise du traitement endodontique : le quotidien et l'angoisse de l'omnipraticien... Et aujourd'hui, on nous offre enfin un superbe manuel sur le sujet, en langue française, facile à consulter et qui se lit comme un livre d'images ! Une façon ludique d'apprendre, même après une longue et fatigante journée de travail.

Ce côté agréable n'enlève rien au sérieux et à la qualité de cet ouvrage qui « nous prend par la main », chapitre après chapitre, à la façon d'un guide de voyage sur les sentiers ardus du retraitement endodontique.

Dans le premier chapitre, le problème de l'indication du retraitement est clairement énoncé. Le retraitement est une ré-intervention endodontique suite à un traitement initial inadéquat ou à son échec thérapeutique. Les traitements non satisfaisants, dont le taux varie entre 50 et 79 %, sont directement liés à la présence des bactéries et de leurs toxines dans le réseau canalaire.

Le retraitement doit être envisagé en présence de symptomatologie persistante clinique, lors de l'apparition ou la persistance d'une lésion apicale, en cas de projet de restauration coronaire et en présence d'un défaut d'étanchéité coronaire. Encore faut-il que la dent puisse être conservée et exploitée dans le temps (position stratégique, alternative au retraitement, évaluation parodontale, possibilité de restauration, coopération du patient, aptitude du praticien). Évitons donc d'être des intégristes du retraitement et prudence sachons garder, car, en absence de signe clinique et radiographique, sans projet de restauration coronaire, on ne retraite pas. Comme le soulignent les auteurs, maintenons aussi à l'esprit que le retraitement endodontique nécessite une approche particulière qui s'avère souvent complexe et difficile face aux problèmes préexistants. Enfin, comme il est sagement conseillé par les auteurs, évaluons toujours le bénéfice/risque pour le patient.

Après un second chapitre classique concernant la dépose des éléments prothétiques, on aborde la troisième partie consacrée à l'accès, à la désobturation et à la perméabilité canalaire. L'approche des auteurs s'avère originale et intéressante. Elle est faite dent par dent, au maxillaire, puis à la mandibule, d'abord en fonction de l'anatomie canalaire, puis plus classiquement, selon les matériaux d'obturation et les moyens qui sont à notre disposition. Un développement tout particulier est accordé à la gestion des instruments fracturés et aux systèmes de retrait, sujet particulièrement délicat et chronophage pour l'omnipraticien

Les quatrième et cinquième chapitres sont consacrés à des situations particulièrement délicates du retraitement : les perforations et les dents à apex ouverts. En ce qui concerne le traitement de perforations, les auteurs ont eu la bonne idée de mettre en exergue les points clés qui influencent le pronostic et le choix thérapeutique, avant d'aborder avec bon sens, la mise en oeuvre du traitement en fonction de la localisation et de l'importance de la perforation.

Enfin, dans la partie réservée au traitement des dents à apex ouverts, on retrouve les techniques avérées d'apexification par stimulations successives avec de l'hydroxyde de calcium, puis les méthodes plus actuelles par mise en place de MTA. L'accent est mis sur les limites et les précautions inhérentes à ce matériau plus récent et met en évidence la complémentarité des deux méthodes dans certaines situations cliniques.

Le dernier chapitre traite du pronostic du retraitement. Sa lecture nous montre que l'optimisme doit être de rigueur. En effet, si l'on mène à bien le retraitement, en absence de lésion apicale, le taux de succès oscille entre 89 et 100 % mais il faut noter que ce taux varie de 56 à 84 % en présence de lésion et chute à 42 % en cas de perforation.

Par ailleurs, certaines situations peuvent empêcher la guérison malgré un traitement correct. En effet, la persistance de bactéries intracanalaires non accessibles ou résistantes, les infections extraradiculaires, la présence d'un corps étranger dans la lésion, la nature histologique particulière de la lésion et le manque d'étanchéité coronaire peuvent influencer défavorablement le pronostic. Mais, face à ces problèmes, nous avons à notre disposition la chirurgie endodontique. Ce traitement complémentaire, lorsqu'il est bien mené, peut encore majorer nos chances de succès dans le retraitement.

Ce tour d'horizon sur le retraitement endodontique nous ravit.

Bravo aux auteurs, bravo à ces cliniciens qui ont étayé leurs propos par une parfaite connaissance de la littérature et qui se sont mis, de façon très pédagogique, à la portée de l'omnipraticien et de l'étudiant. Ils ont réalisé un magnifique ouvrage à lire et à relire.