Résorption osseuse, péri-implantiteet implants lisses
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 2 du 01/04/2016

 

Éditorial

Paul Mattout  

Rédacteur en chef

Voilà plus de 20 ans, en 1993, à Ittigen, un groupe de travail réuni autour d'Albrektson, observant l'inflammation et la résorption de l'os autour des implants, définissait pour la première fois les maladies péri-implantaires.

J'avais eu l'honneur de participer à ce groupe mais je n'imaginais pas que cette pathologie prendrait aujourd'hui une telle place dans nos préoccupations. Les articles sur la résorption osseuse ou, plus spécifiquement, sur les maladies...


Voilà plus de 20 ans, en 1993, à Ittigen, un groupe de travail réuni autour d'Albrektson, observant l'inflammation et la résorption de l'os autour des implants, définissait pour la première fois les maladies péri-implantaires.

J'avais eu l'honneur de participer à ce groupe mais je n'imaginais pas que cette pathologie prendrait aujourd'hui une telle place dans nos préoccupations. Les articles sur la résorption osseuse ou, plus spécifiquement, sur les maladies péri-implantaires sont de plus en plus nombreux. Ils montrent que leur prévalence est inquiétante. Les causes ne sont pas cernées bien que les hypothèses soient nombreuses. Quant aux traitements, ils sont rarement couronnés de succès et ce ne sont sûrement pas les matériaux de substitution qui aideront à les guérir, bien au contraire.

Aussi le problème de la résorption osseuse péri-implantaire persiste. Dans le même temps, l'implantologie prend de plus en plus de place chez l'omnipraticien au mépris souvent des bases de la parodontologie. Ce qui fit dire à un parodontiste étranger, lors du dernier congrès Europerio : « Perio is dead. » Pire encore, l'enthousiasme pour l'implantologie a poussé nombre de praticiens à ignorer les règles établies par Brånemark. Aujourd'hui, nous observons que le taux de survie implantaire chute, que le taux de péri-implantites augmente et que les praticiens posent de plus en plus d'implants.

Des questions doivent être posées. En particulier la plus évidente : si le protocole de Brånemark et les implants lisses ont permis d'obtenir un taux de survie implantaire excellent à long terme (au-dessus de 90 %), pourquoi avoir voulu changer les choses, c'est-à-dire l'état de surface, le grade du titane (auquel peu de publications font référence), la géométrie de l'implant, les protocoles chirurgicaux, les délais de cicatrisation, les règles de la biomécanique ?

Les changements, en effet, n'ont pas toujours été bénéfiques puisque, aujourd'hui, les publications font état de taux de survie implantaire plus faibles et de résorptions osseuses plus fréquentes et plus importantes qu'avant.

Dans un précédent travail (JPIO 2015;34:91-106), nous avions rapporté un taux de succès de 95,9 % sur implants lisses avec le protocole initial de Brånemark. Aujourd'hui, dans la présente étude à long terme, nous observons, toujours avec les surfaces lisses, un taux de résorption plus faible sur les implants pour lesquels on a le plus de recul (entre 10 et 16 années), donc ceux qui ont été posés avec le protocole initial de Brånemark.

Nous pouvons donc nous interroger sur l'intérêt de pseudo-innovations proposées la plupart du temps sans fondement scientifique.