Controversy in temporomandibular disorders - Cahiers de Prothèse n° 101 du 01/03/1998
 

Les cahiers de prothèse n° 101 du 01/03/1998

 

Bibliographie

Depuis quelques années, un conflit aussi latent qu'important s'installe entre les cliniciens et les chercheurs, en particulier dans le domaine des désordres temporo-mandibulaires. Dans cet ouvrage, l'auteur, non sans humour, aborde ce problème dans les termes suivants : « devant un patient qui présente une symptomatologie, quelle attitude adopter ? Celle du praticien ou celle du chercheur ? Le clinicien prend en charge le patient, le chercheur essaye d'isoler le problème de manière à...


Depuis quelques années, un conflit aussi latent qu'important s'installe entre les cliniciens et les chercheurs, en particulier dans le domaine des désordres temporo-mandibulaires. Dans cet ouvrage, l'auteur, non sans humour, aborde ce problème dans les termes suivants : « devant un patient qui présente une symptomatologie, quelle attitude adopter ? Celle du praticien ou celle du chercheur ? Le clinicien prend en charge le patient, le chercheur essaye d'isoler le problème de manière à ne tester qu'un seul facteur », interrogations qui ont le mérite de préciser l'ambiguïté de cette situation que cet ouvrage tente de percer.

Les différents aspects de la recherche sont ainsi analysés de manière fort critique en quatre parties.

Après une présentation des deux composantes majeures que sont les faits et leur interprétation, l'auteur aborde les conséquences légales et scientifiques qui découlent de la prise en compte de ces faits.

Dans la deuxième partie, le principe de la normalité est développé. Mais comment définir cette normalité dans la mesure où 65 p. 100 des patients ne répondent pas aux critères mêmes qui la définissent ? Cette difficulté trouve-t-elle sa réponse dans l'apport de l'épidémiologie et des données scientifiques ? En partie oui, car de nombreuses limites légitimes sont exposées, permettant au lecteur de mesurer l'étendue des difficultés d'analyse.

Dans la troisième partie, l'étude épistémologique du jugement scientifique et humain ainsi que de ses limites et des « gold standards » débouche sur la proposition d'une méthode de raisonnement propre au diagnostic des désordres articulaires avec, en corollaire, une présentation critique du raisonnement par déduction ou par induction des matrices décisionnelles et de leur déterminisme. Dans la dernière partie, les différents moyens diagnostiques, cliniques ou instrumentaux sont présentés avec leurs objectifs et leurs limites intrinsèques révélées par leur spécificité/sensibilité.

En conclusion, il est difficile de résumer cet ouvrage en raison de sa richesse d'analyse, de son approche philosophique parfaitement illustrée par la citation suivante : « Dans toute science, l'erreur précède la vérité et il est préférable qu'elle apparaisse rapidement plutôt que tardivement. » Il mérite donc une grande attention de la part des lecteurs, qu'ils soient attirés ou non par le traitement des dysfonctions oro-faciales. A lire absolument.

Articles de la même rubrique d'un même numéro