Réalisation d'une attelle permanente en composite renforcée par des fibres de verre (FRC) - Cahiers de Prothèse n° 103 du 01/09/1998
 

Les cahiers de prothèse n° 103 du 01/09/1998

 

Parodontologie

Gérard Aboudharam  

Assistant hospitalo-universitaire
Unité d'odontologie conservatrice
Service d'odontologie Marseille-Centre
UFR odontologie Marseille
17-19, boulevard Mireille-Lauze
13010 Marseille
Laboratoire Serge Peyron
120, rue Horace-Bertin
13005 Marseille

Résumé

Les mobilités dentaires pathologiques et irréversibles nous amènent à élaborer des traitements de consolidation qui résident dans la confection d'attelles. Ces attelles améliorent le confort de nos patients, préviennent le risque de luxation, pallient le risque de surcharge occlusale et évitent des migrations secondaires. Dans le cas d'indication d'attelle permanente, la seule alternative proposée au thérapeute est la réalisation d'attelle métallique. Les attelles métalliques répondent parfaitement aux impératifs techniques, mais ont souvent l'inconvénient de mal s'intégrer au plan esthétique. Dans ce rapport clinique, nous proposons l'utilisation d'un matériau récent pour la confection d'une attelle permanente en composite renforcée par une armature en fibre de verre (FRC) et la description de la réalisation de celle-ci. Ce type d'attelle peut répondre à une demande esthétique impérieuse et, par l'élasticité de ce matériau, permettre de traiter d'une façon plus sûre des groupes de dents présentant des différentiels de mobilité importants. Les différentes étapes de laboratoire et de réalisation clinique sont décrites temps par temps.

Summary

Realization of a permanent splint made of composite and reinforced by fiber glass (FRC) : report of a clinical case

Pathological and irreversible dental movements lead us to develop some consolidation treatments which lie in the making of splints. Those splints improve our patients' comfort, prevent some risk of dislocation, make up for the risk of occlusal extra load, and avoid secondary migrations. If a permanent splint is indicated, the only option offered to the therapist is the realization of a metal splint. Permanent metal splints require retention devices, depending on the encountered clinical situation and on the teeth anatomy. The bonding techniques which are used and the adhesive systems are reliable. But, if those metal splints perfectly meets up the technical requirements, they often show the drawback of not really fitting on the aesthetical level. In this clinical report, we suggest to use a recent material, Targis-Vectris to make a permanent splint made of composite and reinforced by a fibre-carbon frame (FRC). Vectris is a set of fibre carbon drowned in a resinous womb by thermal compression moulding under vacuum ; the combination with Targis, which is ranked among the microhybrid composites, allows the realization of a prosthesis without alloy. The absence of any preparation is justified for a total reversibility of the work. The step-by-step description of the different stages in the laboratory allows to follow the chosen methodology. The bonding stages, which are also gradually described, are simple. They are similar to those of the bonding of other indirect restorations in composite resin. Beyond the perfect aesthetic fitting of the realization and beyond the satisfactory cost/efficiency ratio, this type of splint makes possible to treat in a safer way some teeth groups showing some differentials of mobility. The relative flexibility of the material can make up a very worthwile element and allow a better absorption of the constraints by the teeth. The medium and long-term follow-up of the treated cases will be determining to assess the limits of the use of that concept in this indication.

Key words

adhesive dentistry, dental splint, fiber glass, restorative material, tooth mobility

La mobilité dentaire physiologique, variable d'un individu à l'autre, peut s'accroître en fonction de différentes causes. Les principales sont : la perte quantitative des tissus de soutien de la dent et les modifications qualitatives du desmodonte. La mobilité est donc fonction de la hauteur d'os résiduelle et de la largeur du ligament parodontal [1, 2]. Elle peut augmenter à la suite d'un traumatisme, d'une inflammation péri-apicale, d'une surcharge occlusale ou d'une inflammation parodontale. Le traitement de la mobilité dentaire persistante, gênante et, dans certains cas, irréversible, nous amène à élaborer des traitements de consolidation qui résident dans la confection d'attelles. Ces attelles de contention, même si elles ne constituent qu'une thérapeutique symptomatique des mobilités, permettent d'améliorer considérablement le confort de nos patients [3-5]. Elles permettent, en outre, de prévenir le risque de luxation, de pallier le risque de surcharge occlusale - si le parodonte sain, mais réduit, ne permet plus de supporter des charges normales - et enfin, lorsque des migrations dentaires ont été corrigées orthodontiquement, en particulier chez l'adulte, de prévenir le risque de récidive. Ces attelles ne peuvent être conçues pour des dents antérieures sans un calage postérieur et des rapports interarcades harmonieux. Une bonne répartition des charges est impérative. On contre-indique cependant les attelles de contention sur des groupes de dents ayant un différentiel de mobilité trop important [6] : le risque de décollement est considérablement augmenté et les traitements parfois décevants. L'absence de maintenance parodontale est également une contre-indication des attelles permanentes.

On rappelle que la classification des attelles communément adoptée par la littérature distingue trois types : les attelles provisoires, semi-permanentes et les attelles permanentes [7, 8].

Les attelles permanentes actuelles

C'est Rochette A. qui, après avoir contribué au développement en France du système SMS (Whaledent®) où les attelles étaient scellées et maintenues à l'aide de vis transcoronaires [9], proposa une méthode originale qui consistait en une attaque chimique superficielle de l'émail des dents piliers [10] Ce changement de concept, substituant un mécanisme d'adhésion à un ancrage mécanique pour assurer la tenue des restaurations prothétiques, a permis une économie tissulaire maximale. Le mordançage, n'impliquant qu'une épaisseur infime de l'émail, a conféré un caractère de totale réversibilité. Sa proposition prothétique, prévoyant des perforations évasées au niveau de l'infrastructure métallique, a été abandonnée au profit d'infrastructures sans perforations. Les perforations par contamination avec le milieu buccal entraînaient une dégradation du polymère de collage.

Si les techniques de collage du métal sont performantes [11, 12], on constate que ce type de réalisation prothétique présente un risque de décollement important [13-15]. Lorsqu'une attelle est réalisée pour des raisons parodontales, les interfaces collées peuvent être soumises lors des sollicitations fonctionnelles à des contraintes plus ou moins intenses en fonction des mouvements s'effectuant dans les trois directions spatiales (cisaillement, flexion, torsion) [16, 17]. C'est ainsi que les préparations des dents piliers s'imposent [18, 19]. Les formes de préparations retenues actuellement pour les attelles collées impliquent seulement une préparation amélaire qui vise à mettre de dépouille les faces linguales et proximales. Ces préparations simplifiées sont augmentées de rétentions macroscopiques dont l'importance dépend de la situation clinique et est proportionnelle aux sollicitations occlusales futures [19-21].

Ces rétentions vont de simples niches stabilisatrices à des puits dentinaires plus profonds [22, 23]. Ces puits dentinaires palatins ou linguaux peuvent aller de un à plusieurs en fonction de la rétention recherchée et de la préparation autorisée par l'anatomie pulpaire. D'autres artifices de rétention tels que des cannelures proximales peuvent être ajoutés pour augmenter la rétention. Une gorge périphérique est adjointe aux préparations précédemment décrites. Cette gorge permet une meilleure adaptation de l'armature, évite d'avoir des surcontours cervicaux, assure une meilleure finition du joint de colle et réduit l'accumulation de plaque dentaire [24, 25]. La préparation vise donc à recouvrir une surface - la plus grande possible- d'émail en fonction de l'esthétique (visibilité du métal), de l'occlusion et rend nécessaire la pose d'un champ opératoire pour la séquence de collage. Elle est toujours supragingivale. Elle assure une insertion et une adaptation précises de l'infrastructure sur chaque dent pilier dans le plan perpendiculaire à l'insertion. La préparation de chaque pilier doit permettre une stabilisation dans les sens mésio-distal et vestibulo-lingual.

Les matériaux utilisés pour la confection des attelles permanentes semblent peu évoluer [26]. On utilise principalement des alliages de métaux non précieux (Rexillium III®, Litecast B® produit par Symphyse, Wiron 88® et Wirobond® distribués par Atlantic Co-dental), qui présentent toutes les qualités requises pour ce type de réalisation. Les attelles en or n'ont que très peu d'indications.

Si les résultats sont parfaits sur le plan de la réalisation technique, ils sont parfois décevants sur le plan esthétique. Malgré les nombreuses teintes proposées dans les coffrets de résine de collage, on constate souvent l'apparition d'une zone grise au niveau des dents piliers. Pour éviter cet aspect gris, on utilise des résines de collage ayant un fort pouvoir opacifiant. Cette opacité empêche la réflexion de la lumière. On restitue difficilement dans ce type de réalisation prothétique la translucidité des dents.

On constate ces dernières années une orientation claire de la dentisterie vers un emploi de plus en plus restreint des alliages métalliques pour une meilleure intégration esthétique [27]. L'utilisation du concept Targis-Vectris®, déjà retenu pour la réalisation de petits bridges [28], nous a paru opportune pour la confection d'attelles permanentes.

Le concept Targis-Vectris®

Le concept Targis-Vectris® (Ivoclar) [29-31] est dénombré parmi les matériaux récents. Targis® se classe parmi les composites microhybrides. Ce matériau est la combinaison d'une structure minérale homogène et d'une matrice polymère organique : la structure minérale, 80 % en poids et 68 % en volume, est composée de cristaux de tailles différentes lui assurant ainsi des espaces intergranulaires réduits. Les cristaux sont silanés pour une bonne cohésion. L'appellation « Ceromer » (CERamic Optimized polyMER) lui a été donnée par la société Vivadent. Vectris® est un ensemble de fibres de verre noyées dans une matrice résineuse, thermo-formable sous vide. La combinaison des deux matériaux permet la réalisation de différents types de travaux, en particulier des prothèses sans alliage :

- couronne jacket sur élément antérieur ;

- inlays, onlays, facettes ;

- élément unitaire postérieur ou petit bridge se limitant à deux dents piliers et un élément intermédiaire sur l'armature en fibre de verre.

L'objectif de ces composites renforcés par des fibres (FRC) est de combiner ces matériaux, d'améliorer leurs qualités et d'obtenir des effets de synergie. Des liaisons stables entre les fibres et la matrice sont à l'origine des effets de synergie. Une autre particularité de ces matériaux est la dépendance vis-à-vis de la géométrie des fibres, en particulier de leur orientation [32]. Cette propriété, appelée anisotropie, leur permet de se comporter différemment selon la direction des forces appliquées et donc permet une meilleure absorption des contraintes considérées. Le matériau est pré-imprégné, ce qui lui assure homogénéité et mouillage complets de chacune des fibres. Associé au processus pression/dépression, on aura une bonne adaptation et une intégrité marginale satisfaisante.

Confection d'une attelle permanente en Targis-Vectris®

Madame F., une jeune femme de 35 ans s'est présentée dans le service d'odontologie Marseille-Centre dans l'unité fonctionnelle Gaston-Berger pour une réhabilitation totale. Elle présentait une atteinte parodontale généralisée, des mobilités importantes et des migrations secondaires aussi bien au maxillaire qu'à la mandibule. Le choix d'un traitement complexe, combinant parodontie, orthodontie et prothèse, s'est imposé. C'est au stade de fin de traitement orthodontique mandibulaire que cette patiente nous est adressée au sein de l'unité d'odontologie conservatrice restauratrice pour la réalisation d'une contention permanente visant à éviter toute récidive de migration des incisives inférieures (fig.1 et 2). L'impératif fixé par les orthodontistes consistait à ne pas déposer l'appareillage avant la mise en place de l'attelle permanente. La finesse des incisives mandibulaires et leur translucidité nous ont amené à opter pour la réalisation d'une attelle permanente en FRC sans préparation préalable (fig.3 et 4).

Les principales étapes de laboratoire

Étape 1 : une prise d'empreinte au moyen de silicone par addition a été réalisée par double mélange. Compte tenu de l'impératif fixé par les orthodontistes, des bandes de cire ont été mises en place pour protéger le dispositif orthodontique et faciliter la désinsertion de l'empreinte (fig.5 et 6).

Étape 2 : un modèle de travail provenant de cette empreinte a été coulé en plâtre de type IV et a permis d'apprécier l'enregistrement intégral des faces linguales des incisives mandibulaires. Un duplicata issu du maître modèle a été réalisé de la même façon (fig. 7).

Étape 3 : le formage de l'armature de l'attelle devant se faire sous pression dans le four Vectris VS1®, le modèle de travail a été séparé en distal des canines (zone de limite de l'attelle : fig. 8) afin que la concavité de la zone ne soit pas un inconvénient pour le formage. Les limites de l'attelle ont été tracées en périphérie des zones amélaires de telle sorte à préserver des embrasures et permettre un libre accès au passage de brossettes interdentaires.

Étape 4 : Le modèle de travail a été badigeonné avec un durcisseur afin de le préserver de toutes les manipulations que nécessiteront les étapes de laboratoire.

Étape 5 : après avoir disposé sur la face linguale des incisives une fine couche de matrice résineuse (Glue®) de manière que les fibres constituant l'armature de l'attelle soient complètement incluses dans cette matrice, une bande de Vectris Frame® a été disposée en double épaisseur sur le modèle pour constituer cette armature. Les fibres sont orientées de telle sorte qu'elles suivent de façon optimale les lignes de forces de torsion et de contraction. La double épaisseur de Vectris Frame® nous a paru suffisante pour cette application (fig. 9).

Étape 6 : le modèle ainsi préparé a été placé dans le four VS1® pour être formé sous vide et sous pression, puis durci à la lumière pendant 10 minutes. Une feuille de cellophane a été posée sur le modèle de travail de façon à éviter à la membrane du four de venir en contact avec la résine polymère (fig.10 et 11).

Étape 7 : après le thermoformage de l'armature de notre attelle, les excès ont été éliminés de telle sorte que l'armature soit complètement incluse à l'intérieur des limites tracées en début de travail. L'espace réservé pour le matériau Ceromer de recouvrement doit être suffisant par rapport à ces limites. Puis, l'armature brute a été nettoyée à la vapeur et sablée à l'oxyde d'alumine à 50 µm (fig. 12).

Étape 8 : l'armature a été repositionnée sur le maître modèle. On a vérifié ainsi son ajustage.

Étape 9 : le technicien a procédé alors au montage du Ceromer. Il a appliqué au préalable sur l'armature un agent de liaison silanique (Vectris Wetting®) destiné à favoriser la liaison minérale entre les fibres de verre de l'armature et les charges cristallines présentes dans le Ceromer. Le montage du Ceromer procède des mêmes étapes de montage que la céramique, le technicien de laboratoire devant faire appel à ce stade à son sens artistique et à une bonne connaissance de l'anatomie dentaire. Il dispose, pour élaborer l'attelle, de Targis Base® destiné à donner la teinte en profondeur, puis de Targis dentine® et enfin de Targis transparent® et Targis incisal®. Bien que ce type de construction soit simplifié comparé aux constructions unitaires ou plurales postérieures, l'habileté du technicien et une bonne répartition des différents matériaux permettent une réalisation satisfaisante (fig. 13 et 14). Le rendu esthétique final permettant une bonne réflexion de la lumière est directement dépendant de cette répartition des matériaux. À ce stade, la réalisation, toujours en place sur le modèle, a été recouverte d'un gel glycériné, ce dernier empêchant la présence d'une couche inhibée en surface. Le modèle a été alors mis en place dans le four Targis Power® pour subir une cuisson de 20 minutes à 95 °C. Cette cuisson a pour but de parfaire les qualités mécaniques du composite [33] (fig. 15).

Étape 10 : à la sortie du four, on a observé l'absence de variation dimensionnelle de l'attelle sur le modèle. Des retouches peuvent éventuellement être apportées à l'aide de fraises en carbure de tungstène. Puis, les étapes de polissage ont été réalisées à l'aide de meulettes et pointes siliconées, de meulettes en peau de chamois enduites, éventuellement, d'un produit lustrant. Ces étapes de polissage doivent être réalisées à vitesse réduite sous peine de brûler la matrice polymère. Enfin, la dernière étape a consisté en un nettoyage à la vapeur et un sablage de l'intrados à 3 bars de pression avec de l'alumine 50 µm (fig. 16).

Les principales étapes cliniques

Étape 1 : un essayage de l'attelle a été réalisé. On a vérifié en particulier l'adaptation marginale et la bonne intégration esthétique de l'attelle. On a été vigilant au niveau des embrasures : des surcontours peuvent empêcher une bonne insertion. Ce contrôle de l'adaptation est une étape difficile, car, contrairement aux attelles métalliques, l'absence délibérée de macrorétentions empêche une bonne stabilité de l'attelle. De la même façon, l'absence de patte de calage au niveau incisal peut être un handicap à une bonne appréciation de l'adaptation. Outre son adaptation, on a vérifié son intégration esthétique ; c'est tout le sens artistique du technicien qui prévaut dans cette vérification.

Étape 2 : mise en place d'un champ opératoire (fig. 17). Ce champ opératoire devait, d'une part, englober toutes les dents devant être contenues, mais, en plus, selon l'impératif fixé par les orthodontistes, devait englober également le dispositif orthodontique. Pour ce faire, la digue a été clampée au niveau des molaires et collée sur la muqueuse à l'aide de colle cyanoacrylate. Le champ opératoire disposé de cette façon permet d'éviter tout déplacement dentaire qui pourrait nuire à la précision de l'adaptation de l'attelle. L'attelle a été à nouveau essayée avec le champ opératoire pour un dernier contrôle de l'adaptation (fig.18). Celui-ci étant jugé satisfaisant, on est passé à l'étape de collage suivant le protocole classique de collage des restaurations indirectes en matériau composite.

La préparation de l'attelle a consisté en un mordançage à l'aide d'acide fluorhydrique Porcelain Etch® (Ultra-dent, France) pendant 60 secondes. Après avoir effectué un rinçage soigneux, un dépôt de silane Monobond S® (Vivadent, France) a été réalisé. On a appliqué enfin l'adhésif One Step® (Bisico, France), qui a été soufflé délicatement pour une meilleure répartition et polymérisé 10 secondes.

Étape 3 : au niveau des dents, le protocole suivant a été effectué :

- nettoyage des surfaces dentaires à l'aide de ponce en solution aqueuse ;

- mordançage des surfaces amélaires à l'aide d'acide orthophosphorique à 35 % ;

- rinçage, visualisation de l'aspect crayeux caractéristique d'un émail mordancé ;

- application de l'adhésif de 5e génération : One Step® (Bisico, France) et photopolymérisation 10 secondes.

Étape 4 : le collage a été effectué avec le composite de collage « dual » Choice® (Bisico, France) (fig.19 et 20). Il aurait pu se faire avec un système adhésif de la même classe tel que Opal® (3M, France) ou bien Variolink®II (Vivadent, France). L'attelle a été ensuite mise en place et maintenue fortement sur les dents. L'élimination des excès importants du matériau a été faite à l'aide de boulettes de coton avant polymérisation. La polymérisation a été effectuée ensuite à l'aide de deux lampes placées en lingual et en vestibulaire afin de compenser les forces de rétraction (fig. 21).

Étape 5 : l'étape de finition a été très réduite, elle a consisté simplement dans l'élimination des excès au niveau du bord libre et en cervical. On a veillé à une bonne finition des embrasures. Ces étapes ont été effectuées à l'aide de disques à polir Pop-On Soft-Lex® (3M, France) (fig. 22), de coffrets de polissage Polityp F et P® (Vivadent, France), Enhance® (DeTrey Dentsply, France).

Étape 6 : quand le polissage des bords a été terminé, on a appliqué une résine de liaison de faible viscosité Fortify® (Bisico, Lambesc, France) sur tout le joint de colle après un mordançage à l'acide orthophosphorique. L'application de cette résine non chargée a pour but de combler d'éventuelles microporosités de surface dues au polissage et de sceller les marges de l'attelle.

Étape 7 : l'étape finale réside dans la dépose du champ opératoire et l'élimination du dispositif orthodontique (fig. 23 et 24).

Discussion

L'utilisation du concept Targis-Vectris® pour la confection de ce type d'attelle permanente a permis, dans le cas de notre patiente, la réalisation d'une restauration prothétique beaucoup plus esthétique qu'une attelle permanente en métal. L'inconvénient majeur des attelles métalliques étant leur intégration esthétique. La faible épaisseur de cette réalisation représente un élément de confort évident pour notre patiente.

Bien que l'utilisation de fibres composites dans l'indication d'attelle ne soit pas une nouveauté - puisque de nombreux essais ont été faits avec des fibres de verre, des fibres kevlar, des fibres carbone et des fibres polyéthylène, avec des spécialités comme Fibrekor® (Symphyse, France), Connect® (Kerr, Sybron France), Ribbond® (Bisico, France), etc. -, ce matériau, à l'avantage des précédents, est thermoformable. Il a permis la réalisation en laboratoire d'une attelle de grande précision.

L'absence délibérée de préparation a pu constituer un inconvénient. Il est certain que l'insertion d'une attelle métallique comportant des macrorétentions et des pattes de calage au niveau du bord libre est plus aisée que ce type d'attelle permanente en FRC. Néanmoins l'habileté du praticien doit compenser cet inconvénient. Notre choix d'absence de préparation a été justifié par la recherche d'une parfaite réversibilité de la restauration et pour adhérer au concept d'une dentisterie a minima la moins invasive possible.

Les attelles permanentes sont en général conçues pour améliorer le confort du malade, prévenir le risque de luxation ou les récidives de migration. Mais, si la mobilité constitue une adaptation physiologique des dents aux contraintes occlusales, une trop grande rigidité de la contention peut représenter un inconvénient et être une des causes de décollement. L'élasticité relative de ce matériau peut constituer un élément très avantageux et permettre une meilleure absorption des contraintes par les dents. Cette élasticité peut également permettre d'aborder des contentions de groupes de dents où un différentiel de mobilité existe. Ce différentiel de mobilité, élément défavorable, peut devenir acceptable dans ce cas. Cependant, la longévité de ce type de restauration est mal connue, compte tenu de la commercialisation très récente du système, et encore plus mal connue dans ce type d'indication pour lequel le fabricant n'avait initialement pas conçu le concept Targis-Vectris®.

Il est utile de noter un élément non négligeable sur ce type de traitement : le rapport coût-efficacité qui a été très satisfaisant. Bien que cette préoccupation n'ait pas guidé notre choix, cet élément est à prendre en compte pour nos patients et leur traitement. À ce jour, l'attelle de notre patiente, ancienne de quatorze mois, se comporte d'une manière satisfaisante. Un suivi minutieux est effectué et des contrôles réguliers sont prévus. Six autres patients ont également été traités de la même façon (cinq attelles mandibulaires, une attelle maxillaire) dans le cadre des indications et contre-indications définies en introduction. Ces différents travaux donnent également des résultats concluants. Les cas cliniques où une attelle permanente s'impose et traités avec ce type de matériau devront être recensés et suivis à moyen et long termes afin d'évaluer les limites de l'utilisation de ce concept.

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