Prothèse amovible complète… ou totale ? - Cahiers de Prothèse n° 111 du 01/09/2000
 

Les cahiers de prothèse n° 111 du 01/09/2000

 

Éditorial

Jean Schittly  

Rédacteur en chef

Complèt(e), adjectif :

- auquel il ne manque aucun des éléments qui doivent le constituer (Robert) ;

- qui a tous les éléments nécessaires (Larousse).

Total(e), adjectif :

- qui affecte toutes les parties, tous les éléments de la chose ou de la personne considérée (Robert) ;

- à quoi il ne manque rien, complet, entier (Larousse).

Prothèse complète ou prothèse totale ? C'est le...


Complèt(e), adjectif :

- auquel il ne manque aucun des éléments qui doivent le constituer (Robert) ;

- qui a tous les éléments nécessaires (Larousse).

Total(e), adjectif :

- qui affecte toutes les parties, tous les éléments de la chose ou de la personne considérée (Robert) ;

- à quoi il ne manque rien, complet, entier (Larousse).

Prothèse complète ou prothèse totale ? C'est le dilemme auquel pourrait être confronté tout rédacteur avant de délivrer le bon à tirer d'un article francophone, pour tenir compte de la rubrique de classement bibliographique et de la traduction en langue étrangère.

Si l'on se laisse guider par le Petit Robert, « prothèse totale » s'appliquerait mieux à la prothèse amovible qui affecte toutes les parties des arcades et « prothèse complète » à la prothèse fixée. Ne dit-on pas couramment une « totale bi-max. » et un « bridge complet » ?

En réalité, dans ce domaine précis, cela n'a pas une grande importance, car aucune définition n'est totalement ou complètement satisfaisante, les deux mots étant synonymes dans le sens qui leur est donné en prothèse.

À en juger par les articles adressés aux Cahiers de prothèse, la France est scindée en deux au regard de cette question de terminologie, mais les divergences ne s'arrêtent pas là : elle sont présentes également dans l'approche clinique du traitement du patient totalement édenté.

Quatre articles de ce numéro des Cahiers donnent l'occasion d'engager une réflexion sur cette pratique un peu marginale dans de nombreux cabinets dentaires.

Le premier concerne une enquête réalisée auprès des praticiens du département du Var sur leur façon d'appréhender les traitements par prothèse amovible complète. Les résultats montrent à l'évidence la très grande diversité d'approche des différentes techniques ainsi que l'influence des formations initiale et continue, dispensées au sein des universités proches.

Il serait intéressant d'étendre ce type d'enquête à tout le territoire hexagonal, ne serait-ce que pour mieux cerner les besoins et orienter, modifier, les programmes d'enseignement actuels.

Le second article aborde un domaine qui, sous certains aspects, peut paraître peu valorisant pour la profession, mais représente néanmoins un véritable fait de société : l'utilisation des adhésifs pour prothèses amovibles. La consommation et les chiffres d'affaires réalisés au niveau mondial montrent l'importance prise par cette pratique. Elle est du domaine du confort, de la confiance en soi, de l'acceptation psychologique d'une prothèse amovible. Elle est également - soulignons-le - un palliatif à des fonctions essentielles, mal rétablies par la prothèse, d'où leur rôle quelque peu culpabilisant pour le praticien traitant. Ces matériaux ont également une action sur les tissus et peuvent créer des phénomènes de « dépendance ». Alors, faut-il prescrire ou au contraire proscrire ces adhésifs ?

L'utilisation des résines à prise retardée touche également en partie à cette gestion des échecs en prothèse amovible et tout praticien connaît bien les conséquences de l'utilisation de ces matériaux. Ils permettent d'une part de compenser des pertes de substance importantes, d'évaluer des insuffisances d'adaptation des bases prothétiques, d'assainir et préparer les structures d'appui… mais ils sont, d'autre part, générateurs de pertes de temps considérables dans la gestion du travail au fauteuil.

Le troisième article permet de mieux connaître les propriétés et les dosages de ces résines à prise retardée pour une utilisation plus rationnelle au cabinet dentaire.

La technique de la prothèse immédiate d'usage (mise en place après extractions, au cours de la même séance de soins) a été, maintes fois, décrite, faisant parfois l'objet de querelles d'écoles. Elle a le mérite d'être, désormais, parfaitement codifiée et les résultats cliniques à moyen et long terme sont satisfaisants. C'est un rappel et une actualisation de ce procédé qui sont proposés par le quatrième article de prothèse complète de ce numéro.

Il permet également de poursuivre la réflexion sur la pratique de cette discipline. Il pourrait, par exemple, contribuer à renvoyer dos à dos les partisans de l'empreinte primaire au plâtre et ceux qui préconisent les alginates. En effet, les quelques dixièmes de millimètres de différence donnés par ces deux procédés dans l'enregistrement des tissus d'appui sont insignifiants par rapport aux modifications apportées par la chirurgie et l'appréciation du potentiel de cicatrisation des crêtes sous des prothèses terminées d'emblée.

Une majorité d'auteurs mettent l'accent sur l'importance de trois phases successives du traitement qui font - semble-t-il - l'objet d'un consensus : la détermination fonctionnelle de la situation des bords prothétiques, le choix d'une dimension verticale correcte, bien tolérée par le patient, validée par une prothèse transitoire et surtout un enregistrement et un maintien dans le temps de rapports intermaxillaires précis.

Cela laisse le champ libre à de nouvelles études, à de nombreux articles et, bien entendu, à de nouvelles prises de position pour la réussite des traitements par prothèse amovible complète ou… totale.