Les empreintes avec chapes de transfert - Cahiers de Prothèse n° 122 du 01/06/2003
 

Les cahiers de prothèse n° 122 du 01/06/2003

 

Laboratoire de prothèse (dentaire)

Michel Gil   

16, rue de l'osier
72000 Le Mans

Résumé

La technique proposée rationalise les séances de travail et permet de valider la fidélité de chaque empreinte unitaire, l'intégration parodontale, l'adaptation aux limites cervicales. Le positionnement rigoureux des préparations cliniques dans le contexte de l'arcade, et le contrôle permanent des critères de qualité sont les garants d'une grande sécurité.

Summary

Impressions with transference copings - Forgotten techniques

The technique which is proposed rationalises the working sessions and allows to validate the accuracy of each unit impressions, the periodental integration, and the adaptation to the cervical limits. The rigorous positioning of the clinical preparations in the context of the arches, the permanent control of quality criteria, are the guarantee of a great security.

Key words

copings, fixed prothesis, impressions

La vulgarisation de techniques demandant la plus grande précision, non seulement au niveau des préparations coronaires (joint céramique-dent en prothèse fixée traditionnelle) mais aussi au niveau de l'intégration des préparations cliniques dans le contexte général de l'arcade (positionnement en prothèse implantaire, etc.), a remis au goût du jour des méthodes tombées en désuétude depuis la grande diffusion de produits et de techniques de prise d'empreinte de plus en plus simples, fiables et rapides. Les élastomères silicones, polyéthers, polysulfures, hydrocolloïdes, etc. utilisés en double mélange ou wash-technique donnent d'excellents résultats tant que la réalisation prothétique est de faible portée. Pour des constructions de grande étendue, des soudures parfois difficiles sont fréquemment à réaliser.

Les chapes de transfert qualifiées par l'usage de « transferts », autrefois indispensables (empreintes avec bague de cuivre et pâte thermo-plastique), sont redevenues l'aide idéale en prothèse sur implants. Le degré d'erreur proche de zéro exigé par le repositionnement des répliques de laboratoire a conduit les fabricants d'implants à proposer des systèmes de transferts transvissés ou vissés assurant la plus haute précision pour des réalisations fiables et non traumatogènes (transfert de prothèse fixée conventionnelle et transferts d'implants) (fig. 1 et 2).

Certains praticiens n'ont jamais abandonné ces transferts, que ce soit en prothèse fixée conventionnelle ou en prothèse composite. La principale raison est la difficulté qu'ils éprouvent à réussir une empreinte globale dès qu'il s'agit de reproduire un grand nombre de préparations cliniques sur une même arcade en une seule empreinte.

Définition, description et fonctions

Définition

« Liés nécessairement à un élément unitaire, les transferts permettent l'intégration des préparations cliniques dans le contexte général de l'arcade » [1].

Description

Élaborés sur un moulage positif unitaire (MPU), le transfert est un élément métallique recouvrant la totalité de la préparation coronaire, ajusté aux limites cervicales et présentant des artifices de repositionnement précis (fig. 3).

Fonctions

Les transferts doivent s'adapter très précisément aux préparations cliniques pour valider la fidélité de l'empreinte unitaire et apprécier l'intégration parodontale et l'adaptation aux limites cervicales. Leur mise en place dans l'empreinte de positionnement doit pouvoir s'effectuer facilement et sans ambiguïté (fig. 4).

Empreintes de positionnement

Tous les transferts intéressant une même arcade sont essayés et contrôlés pour satisfaire aux critères de qualité. Ils sont scellés sur les préparations cliniques avec une faible quantité du même ciment définitif que celui employé lors de la pose des prothèses d'usage, dans le seul but d'obtenir les mêmes épaisseurs de matériaux de scellement. Une empreinte de l'ensemble de l'arcade est alors réalisée à l'aide d'un matériau suffisamment dur et précis, pour favoriser la mise en place des transferts désinsérés des préparations cliniques ou des implants (fig. 5). Si la situation clinique le permet (le plus souvent, absence de dents naturelles non préparées), le plâtre est sans conteste le matériau de choix : précision, absence de déformation, stabilité dimensionnelle, dureté, etc. (fig. 6).

Les silicones et, surtout, les polyéthers monophasés peuvent être employés avec succès (fig. 5).

Mode opératoire

L'indication de l'utilisation des chapes de transfert concerne les constructions comportant de nombreux ancrages, dents naturelles et/ou implants lorsque le nombre de préparations est élevé. En fonction du mode d'organisation du praticien, il peut se révéler judicieux d'étaler dans le temps les séances de prise d'empreinte ; les MPU sont alors fabriqués au fur et à mesure et mis en attente. Les chapes de transfert sont fabriquées en une seule fois et essayées ensemble : l'empreinte de positionnement peut alors être prise dans des conditions optimales. La séquence classique préparations coronaires/prise d'empreinte en un seul temps peut ainsi être remplacée par plusieurs séquences préparations/empreintes unitaires ou sectorielles, les éventuelles erreurs pouvant ainsi être rectifiées si nécessaire. Il est très facile de moduler le travail en fonction de ses propres critères ou de ses habitudes.

Fabrication

La ou les empreintes doivent être traitées pour disposer de MPU résistants, peu sensibles à l'usure et de grande précision. Les deux premières exigences excluent d'office les plâtres durs et orientent vers des matériaux comme les époxys ou les polyuréthanes.

Coulés puis traités de manière classique (Pindex® de Coltène Whaledent), les MPU sont traités de la même manière qu'une préparation de moulage complet (fig. 7) [1] ; des chapes sont ensuite réalisées, coulées dans le même alliage que celui utilisé pour la prothèse de façon à approcher au plus près les conditions réelles de scellement d'un élément définitif tant au niveau de la précision que de l'espacement, toujours différents selon les alliages utilisés (fig. 8a, 8b, et 8c).

La chape doit présenter des éléments de repérage comme une forme quadrangulaire ou triangulaire, des cannelures, et une fenêtre occluso-vestibulaire pour contrôler la qualité de l'adaptation à la préparation.

Les chapes de transferts sont essayées et scellées après validation des critères d'adaptation. Elles peuvent être descellées aisément compte tenu de la faible quantité de ciment appliquée, nettoyées soigneusement et replacées sur les MPU.

Ces transferts sont remis soigneusement en place dans l'empreinte pour constituer un moulage de travail répondant aux qualités recherchées : précision des préparations, positionnement rigoureux dans le contexte de l'arcade, conservation de l'environnement parodontal de manière simple et rationnelle (fig. 9a, 9b, 9c, 10a, 10b, 11 et 12).

Conclusion

Cette technique quelque peu oubliée connaît un regain d'intérêt avec la pratique de la prothèse implantaire. Elle s'adapte à des conditions d'exercice qui privilégient des séances de travail courtes et un contrôle permanent des critères de qualité des moulages de travail.

Elle nécessite toutefois une grande rigueur dans la réalisation des différents composants et dans leur mise en œuvre. Le temps passé et le coût plus élevé inhérents à cette technique sont largement compensés par la sécurité qu'elle garantit.

Remerciements au Dr Xavier Gouard (Le Mans) qui a réalisé les photographies des figures 3, 4 et 12 .

Bibliographie

  • 1. Bugugnani R, Landez C. Les empreintes en prothèse conjointe. Paris : Éditions CdP, 1979.