Anatomie des dents humaines permanentes - Cahiers de Prothèse n° 134 du 01/06/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 134 du 01/06/2006

 

Les cahiers d'anatomie

Georges Papathanassiou -  

Docteur en chirurgie dentaire - Lauréat de l'Académie nationale de chirurgie dentaire
Ancien assistant HU, responsable de l'enseignement de l'anatomie dentaire à la Faculté d'odontologie de Reims

Les molaires mandibulaires sont des dents multicuspidées et pluriradiculées, qui se distinguent des molaires maxillaires par la configuration générale de leurs couronnes et aussi par la disposition de leurs racines. Elles sont très volumineuses.

Formation et évolution

La première molaire mandibulaire, très volumineuse, se distingue, comme la première molaire maxillaire, par sa grande stabilité anatomique. Elle est située distalement par rapport à la deuxième...


Les molaires mandibulaires sont des dents multicuspidées et pluriradiculées, qui se distinguent des molaires maxillaires par la configuration générale de leurs couronnes et aussi par la disposition de leurs racines. Elles sont très volumineuses.

Formation et évolution

La première molaire mandibulaire, très volumineuse, se distingue, comme la première molaire maxillaire, par sa grande stabilité anatomique. Elle est située distalement par rapport à la deuxième prémolaire mandibulaire. Elle présente un modèle coronaire complexe. Elle est généralement pentacuspidée (3 cuspides vestibulaires et 2 cuspides linguales), mais, assez souvent, peut ne posséder que 4 cuspides. Elle est pluriradiculée et monophysaire (1) ;

La couronne présente constamment un diamètre mésio-distal supérieur au diamètre vestibulo-lingual. En revanche, près du collet anatomique, le tronc cervical présente une grande variété de formes et de dimensions ;

• La vue vestibulaire : de forme évasée en direction occlusale, elle rappelle un trapèze isocèle à grande base occlusale et petite base cervicale. Elle est parcourue par 2 sillons venant de la face occlusale.

• Le sillon intercuspidien occluso-vestibulaire mésial sépare la cuspide mésio-vestibulaire de la cuspide centro-vestibulaire. Il se termine par une petite fossette à mi-hauteur environ. Le sillon intercuspidien occluso-vestibulaire distal se perd dans la partie distale de la face vestibulaire à mi-hauteur environ ; il sépare la cuspide centro-vestibulaire de la cuspide disto-vestibulaire.

En regard de la cuspide centro-vestibulaire (C-V), près du tiers cervical, se trouve le maximum de la convexité de la bosse cervicale qui s'étale selon une direction mésio-distale.

• Les vues proximales de la première molaire mandibulaire s'inscrivent dans un quadrilatère dont l'angle cervico-vestibulaire est aigu.

• La vue mésiale présente une dimension vestibulo-linguale supérieure à la hauteur cervico-occlusale.

• La face mésiale, proprement dite, présente un diamètre vestibulo-lingual presque égal à la hauteur cervico-occlusale ; elle est très légèrement convexe dans son ensemble.

• La vue distale a un contour général qui diffère très peu du contour de la vue mésiale. En revanche, son relief est plus complexe.

• La face distale présente un diamètre vestibulo-lingual presque égal à la hauteur cervico-occlusale ; elle est très convexe et présente un modelé plus marqué que la face mésiale.

• La vue linguale, également trapézoïdale comme la vue vestibulaire, est parcourue, en partie, par le sillon intercuspidien occluso-lingual qui la divise en 2 portions presque égales.

• La face linguale, plus petite que la face vestibulaire, laisse apparaître dans le sens mésio-distal, en deuxième plan, les sommets des cuspides vestibulaires. Elle est convexe, lisse et inclinée de bas en haut en direction linguale.

• La convexité maximale que cette dent présente varie pour chacune des faces :

- sur la face vestibulaire : elle se trouve sur la bosse cervicale près de la limite supérieure du tiers cervical ;

- sur les faces proximales : on la trouve à la partie supérieure du tiers moyen ;

- sur la face linguale, elle est située à la partie supérieure du tiers moyen, très proche du tiers occlusal.

• La vue occlusale de la première molaire mandibulaire a une forme hexagonale, avec un diamètre mésio-distal plus grand que le diamètre vestibulo-lingual. Le relief de cette vue occlusale est assez complexe.

La surface de la table occlusale (2) est, dans son ensemble, trapézoïdale à grande base vestibulaire et petite base linguale. Cette surface est délimitée par l'arête marginale. C'est à l'intérieur de cette table occlusale que les cuspides antagonistes s'articulent avec les crêtes marginales et les fosses occlusales. Le modelé de cette face occlusale est constitué :

• par les versants occlusaux de 5 cuspides (M-V, C-V, D-V, M-L, D-L) ;

• par 4 sillons principaux :

- le sillon principal intercuspidien M-D ;

- le sillon principal intercuspidien occluso-vestibulaire mésial ;

- le sillon principal intercuspidien occluso-vestibulaire distal ;

- le sillon principal intercuspidien occluso-lingual ;

• par les sillons secondaires ;

• par 5 fossettes :

- 3 fossettes principales (la fossette centrale et les fossettes marginales M et D) ;

- 2 fossettes accessoires (M et D).

L'union des sommets des 4 cuspides M-V, C-V, M-L et D-L forme 2 triangles scalènes, un mésial et un distal ayant un côté commun oblique qui relie les sommets des cuspides M-V et D-L.

Le triangle mésial qui réunit les cuspides M-V, M-L et D-L renferme la fossette accessoire mésiale. Au centre de ce triangle s'inscrit l'orifice du canal radiculaire mésio-lingual. En position d'intercuspidie maximale, ce triangle reçoit la cuspide M-P de la première molaire maxillaire qui entre en contact avec la fosse centrale par ses 2 versants mésial et distal à proximité du sommet cuspidien ainsi que sur l'arête axiale correspondante.

Le triangle distal qui réunit les cuspides M-V, C-V et D-L renferme la petite fossette accessoire distale. À l'intérieur de ce triangle s'inscrivent les orifices des canaux radiculaires M-V et D (fig. 3a).

En position d'intercuspidie maximale, c'est le sommet de la cuspide centro-vestibulaire et éventuellement celui de la cuspide vestibulo-distale qui entrent en contact avec la première molaire maxillaire.

Le tronc cervical de la première molaire mandibulaire se présente en général comme une forme pyramidale irrégulière à base quadrilatère cervicale avec des angles arrondis, coupée par un plan horizontal au niveau de la furcation des racines. Son diamètre M-D près du collet anatomique est de dimension variable.

La face vestibulaire du tronc cervical adopte une surface à double convexité correspondant aux contours des racines. Elle est parcourue verticalement par un sillon ou par une dépression, plus ou moins profonds.

La face linguale du tronc cervical est identique à la face vestibulaire, en revanche, sa hauteur est supérieure à celle de la face vestibulaire.

Les faces proximales du tronc cervical adoptent le contour proximal des racines.

La zone de furcation de la première molaire mandibulaire se présente, la plupart du temps, comme une surface légèrement concave ayant la forme d'un losange ou d'un triangle ou même presque d'un cercle. Elle est limitée par le contour distal de la racine mésiale et par le contour mésial de la racine distale.

Cette surface de la furcation est divisée très souvent en 2 parties presque égales, l'une vestibulaire et l'autre linguale, par une crête transversale cémento-dentinaire qui réunit les 2 racines à leur base. Sur chaque surface, on distingue très souvent la présence de 1 ou 2 petits puits. La hauteur de cette crête transversale varie de 0,5 à 3 mm environ et son absence crée une surface plus ou moins concave. Quelquefois, cette même crête devient une lame triangulaire très fine, oblique, orientée apicalement, prenant un appui plus important sur une des racines et pouvant descendre jusqu'à mi-hauteur de celle-ci.

Il est important de vérifier cliniquement l'existence de cette crête très mince qui n'est pas toujours bien visible sur les films radiographiques ; sa présence est un facteur anatomique favorisant la pathologie interradiculaire.

Les racines : la première molaire mandibulaire possède habituellement 2 racines, une mésiale et une distale : la racine mésiale est la plus forte et présente constamment 2 canaux pulpaires. Quelquefois, elle se présente avec 3 racines, 2 racines mésiales et 1 racine distale, et très rarement avec 4 racines.

Les racines sont plus ou moins aplaties dans le sens mésio-distal et présentent une dépression verticale sur leurs faces proximales assez large et profonde.

On trouve très souvent des petites crêtes triangulaires, cémento-dentinaires situées au tiers cervical, des sillons longitudinaux profonds occupant presque la totalité de la hauteur des racines, des perles d'émail situées à la dépression vestibulaire longitudinale du tronc cervical près de la ligne cervicale.

Les 2 racines sont généralement divergentes et présentent des courbures variables ou même sont parallèles et quelquefois leurs apex se rapprochent pour former ce que l'on appelle une « dent barrée ».

La cavité pulpaire : la chambre pulpaire est bien développée. Elle adopte, comme le tronc cervical, la forme générale d'un quadrilatère à angles arrondis avec son plus grand diamètre mésio-distal.

Le plafond pulpaire est très concave, en direction occlusale, tant dans le sens mésio-distal que dans le sens vestibulo-lingual. Il présente 5 cornes pulpaires correspondant aux 5 cuspides. La corne pulpaire mésio-vestibulaire est la plus saillante.

Le plancher pulpaire est convexe en direction occlusale dans les 2 sens vestibulo-lingual et mésio-distal. Il possède en général 3 orifices canalaires, et quelquefois 4. À partir de ces orifices canalaires, les canaux radiculaires ont un aspect différent, dépendant de la morphologie de chaque racine.

La racine mésiale, qui est assez plate et courbe dans le sens mésio-distal, possède souvent 2 canaux très étroits. Ces canaux peuvent rester séparés et se terminent à l'apex par 2 orifices, ou peuvent se réunir à l'apex en 1 seul orifice. La fréquence de ces deux dispositions est de 50 % environ. La racine mésiale peut aussi avoir seulement un seul canal. La fréquence est de 15 % environ des cas.

La racine distale, qui est en général rectiligne et légèrement plus arrondie, possède un canal toujours accessible, ayant un orifice large et une forme ovalaire plus ou moins aplatie. Parfois, existe aussi un deuxième canal. Dans ce cas, la fréquence de 2 canaux dans cette racine distale qui aboutissent séparément à l'apex est de 5 % environ.

Dans certains cas, la présence d'une cloison dentinaire crée un dédoublement du canal.

Comme pour chacun des types de dents décrits, pour aborder l'étude de l'anatomie de cette dent, un guide de dessin est proposé. Il correspond à la description des premières molaires mandibulaires d'un individu de 20 ans environ, indemnes de toute abrasion ou atteinte carieuse. Il s'agit de dents « types » à vocation pédagogique dont les caractéristiques sont issues de l'observation de plusieurs milliers de dents extraites, de moulages et de références à de nombreux auteurs.

Cinq variantes sont ensuite proposées pour situer ces dents dans le contexte des diversités morphologiques propres à tous les êtres humains.

Anatomie de la première molaire mandibulaire droite

Guide de dessin

La planche constituant un guide pour le dessin à l'échelle 2 comprend 5 cadres équilibrés correspondant aux 5 vues de la dent. Chaque cadre est divisé en carrés de 5 mm de côté pour constituer des points de repère pour le tracé (fig. 1a). La même disposition est adoptée pour le dessin de la dent présentée en coupes longitudinales et horizontales, mettant en évidence la morphologie de la cavité pulpaire, de l'émail et du cément (fig. 1b).

Les dimensions de la dent sont les suivantes :

- hauteur totale de la dent : 21,5 mm ;

- hauteur minimale de la racine M : 13 mm ;

- hauteur minimale de la racine D : 12 mm ;

- hauteur de la couronne, face vestibulaire : 8,5 mm ;

- hauteur de la couronne, face linguale : 7,5 mm ;

- diamètre M-D maximal des cuspides M-V, M-V et D-V : 11,7 mm ;

- diamètre M-D maximal des cuspides M-L et D-L : 10,4 mm ;

- diamètre vestibulo-lingual maximal de la couronne : 10,7 mm ;

- diamètre maximal mésio-distal au collet : 8,5 mm ;

- diamètre maximal vestibulo-lingual au collet : 9 mm ;

- hauteur maximale du collet, face vestibulaire : 1 mm ;

- hauteur maximale du collet, face linguale : 1 mm ;

- hauteur maximale du collet, face mésiale : 1 mm ;

- hauteur maximale du collet, face distale : 0,5 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides M-V et médiane : 5 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides médiane et D-V : 3 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides M-L et D-L : 6,5 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides M-V et M-L : 6 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides médiane et D-L : 5,8 mm ;

- distance entre les sommets des cuspides D-V et D-L : 5 mm ;

- hauteur minimale du tronc cervical des racines :

a.  en vue vestibulaire : 2,5 mm ;

b. en vue linguale : 3,5 mm.

L'angulation théorique de la dent « type » en position buccale est de 7° en vue vestibulaire (fig. 2). Le plan qui réunit les sommets des cuspides (M-L et M-V) forme un angle de 4° avec l'horizontale.

Les principaux points anatomiques sont répertoriés (fig. 3a à 3d).

bibliographie

  • (Voir p. 35 du n° 133)