Restaurer le sourire La communication entre praticien, céramiste et patient - Cahiers de Prothèse n° 134 du 01/06/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 134 du 01/06/2006

 

Bibliographie

Erik Le Sueur  

Pour un omnipraticien, avoir entre les mains le magnifique ouvrage des Dr Gérard Chiche et Hitoshi Aoshima, cela s'apparente, pour un quidam, à feuilleter le catalogue de l'agence Élite : c'est beau !

Les auteurs ont souhaité réaliser « un outil de communication entre praticien, céramiste et patient ». Après une brève introduction rappelant, photos à l'appui, les 4 éléments clés d'un sourire (alignement, brillance, forme des dents, effets...


Pour un omnipraticien, avoir entre les mains le magnifique ouvrage des Dr Gérard Chiche et Hitoshi Aoshima, cela s'apparente, pour un quidam, à feuilleter le catalogue de l'agence Élite : c'est beau !

Les auteurs ont souhaité réaliser « un outil de communication entre praticien, céramiste et patient ». Après une brève introduction rappelant, photos à l'appui, les 4 éléments clés d'un sourire (alignement, brillance, forme des dents, effets du bord incisif), une série de cas cliniques illustre remarquablement des restaurations de sourire. Les indications relatives aux traitements sont minimales, la parole est aux images et permet aux 3 protagonistes cités plus haut de bien se comprendre pour ce qui est de l'objectif esthétique à atteindre.

Le triple objectif des auteurs est-il atteint ?

Pour le patient, ce livre est forcément séduisant. La qualité des restaurations et des photos est telle, que leur demande esthétique (voire leur exigence...) risque d'être réévaluée à la hausse. C'est souvent le visage entier qui est présenté, et non pas juste le sourire, ce qui autorise plus facilement une identification à tel ou tel modèle. Il ne sera pas simple d'empêcher les patients de tomber dans le piège similaire à celui tendu par une publicité : tout paraît simple ! En 3 clichés, on passe de l'avant à l'après. Il y a fort à parier que nombre de patients vont s'imaginer, inconsciemment, qu'en 3 petites séances tout sera réglé... Cela n'aurait pas amoindri les mérites de l'ouvrage de préciser des détails tels le temps global du traitement, le nombre de praticiens concernés lors des traitements pluridisciplinaires, le nombre d'interventions pratiquées (chirurgie parodontale et implantologie). La communication peut-elle passer par le non-dit ? Le praticien devra donc endosser le mauvais rôle du triste sire qui explique comment on parvient à de tels résultats... Mais cela peut aussi former matière à motiver son patient, en particulier en lui pointant du doigt la « roseur » de la gencive, ce parent pauvre de la blancheur amélaire. Une petite réserve concerne cependant les quelques clichés de chirurgie à lambeau, beaux et « soft » pour un professionnel, mais qui risquent fort de choquer les personnes sensibles.

Pour le praticien, c'est un réel bonheur. Un Himalaya à atteindre, ce qui signifie aussi, très prosaïquement, que lorsque l'on communique avec un tel outil, il faut « assurer » après ! La perfection pourra en paralyser certains, mais elle en « boostera » plus probablement davantage. Par ailleurs, il est intéressant, au vu de la photo de départ, d'élaborer son propre plan de traitement et de le comparer à celui proposé. Les vues des préparations, bien que non commentées, seront riches d'informations pour celui qui voudra les reproduire. Le côté didactique, bien que non recherché a priori, n'est donc pas négligeable.

Pour le céramiste, la communication avec le praticien est importante afin de mettre en adéquation les demandes esthétiques et les obligations techniques, en particulier l'épaisseur nécessaire pour le cosmétique et les profils d'émergence.

En conclusion, ce livre dépasse l'objectif qu'il s'était fixé : il communique une envie de perfection. C'est un livre qui donne du coeur à l'ouvrage ! Il incite à l'effort partagé prothésiste et praticien, lequel se servira de ce support pour motiver ses patients sans les décourager.