LES CAHIERS D'ANATOMIE
Docteur en chirurgie dentaire - Lauréat de l'Académie nationale de chirurgie dentaireAncien assistant HU, responsable de l'enseignement de l'anatomie dentaire à la Faculté d'odontologie de Reims
Cet article consacré à l'anatomie des troisièmes molaires permanentes maxillaires et mandibulaires est destiné à l'étude des formes et des dimensions de dents « types » avec un guide de dessin et un relevé des différents points anatomiques. Il marque un point final à la série d'articles consacrés à l'anatomie des dents humaines permanentes.
Anatomy of permanent human teeth: third maxillary and mandibular molars
This paper deals with the anatomy third maxillary and mandibular molars studying shapes and dimensions of typical teeth and proposing a drawing guide and a reading of the different anatomical parts. It ends the series of article on the anatomy of permanent human teeth.
La 3e molaire maxillaire occupe la 8e place sur l'arcade maxillaire. C'est la plus petite des molaires maxillaires et mandibulaires. Sa morphologie est la plus atypique. Elle présente le plus grand polymorphisme de toutes les dents dans son volume et dans ses dimensions. Elle est frappée très souvent de nanisme et devient un véritable odontoïde qui peut prendre la forme d'un grain de riz. Elle comporte fréquemment des anomalies dans son développement et dans les modalités de son éruption.
Elle est monophysaire (1), polycuspidée (3 à 4 cuspides), pluriradiculée (en général 3 racines le plus souvent fusionnées). On observe parfois 4, 5, 6 racines grêles occupant des directions anarchiques. Quelquefois, elle présente une seule racine.
Sa calcification débute entre 8 ans 1/2 et 9 ans 1/2. La formation de la couronne intervient entre 12 et 15 ans et son apparition sur l'arcade entre 17 et 22 ans. La calcification est complète entre 18 et 25 ans.
Étant donné la grande diversité des éléments anatomiques très complexes qu'elle présente, nous avons choisi, comme étude pour le dessin guide, la dent la plus fréquemment rencontrée qui a évolué normalement, située en contact distal de la deuxième molaire maxillaire, et se trouvant en harmonie d'occlusion avec son antagoniste, la 3e molaire mandibulaire.
En position d'intercuspidie maximale :
- la cuspide mésio-palatine de la 3e molaire maxillaire entre en contact avec la fosse centrale de la 3e molaire mandibulaire (tripode) ;
- la crête marginale mésiale entre en contact avec le versant distal de l'arête transversale de la cuspide mésio-vestibulaire de la 3e molaire mandibulaire ;
- la fosse centrale de la 3e molaire maxillaire reçoit la cuspide disto-vestibulaire de la 3e molaire mandibulaire (tripode).
La 3e molaire maxillaire est une dent tubérositaire. Elle est située en arrière de l'apophyse pyramidale. Ses racines peuvent se trouver très proches du sinus maxillaire, quand celui-ci est de grande dimension.
Elle contribue au développement distal des maxillaires.
La couronne de la 3e molaire maxillaire présente une double inclinaison, de bas en haut, en direction mésiale et aussi en direction palatine. C'est une caractéristique.
Comme pour chacun des types de dents décrits, pour aborder l'étude de l'anatomie de cette dent, un guide de dessin est proposé. Il correspond à la description des troisièmes molaires maxillaires, en position buccale, d'un individu de 20 ans environ, indemnes de toute abrasion ou atteinte carieuse.
Il s'agit de dents « types » à vocation pédagogique dont les caractéristiques sont issues de l'observation de plusieurs milliers de dents extraites, de moulages et de références à de nombreux auteurs.
La planche constituant un guide pour le dessin à l'échelle 2 comprend 5 cadres équilibrés correspondant aux 5 vues de la dent. Chaque cadre est divisé en carrés de 5 mm de côté pour constituer des points de repère pour le tracé (fig. 1a). La même disposition est adoptée pour le dessin de la dent présentée en coupes longitudinales et horizontales, mettant en évidence la morphologie de la cavité pulpaire de l'émail et du cément (fig. 1b).
Les dimensions de la dent sont les suivantes :
- hauteur totale de la dent : 19 mm ;
- hauteur minimale de la racine M-V : 12,2 mm ;
- hauteur minimale de la racine D-V : 11,4 mm ;
- hauteur minimale de la racine P : 12,3 mm ;
- hauteur de la couronne, face vestibulaire : 7,6 mm ;
- hauteur de la couronne, face palatine : 6,8 mm ;
- diamètre M-D maximal des cuspides M-V et D-V : 9,2 mm ;
- diamètre M-D maximal des cuspides M-P et D-P : 7,9 mm ;
- diamètre vestibulo-palatin de la couronne : 10,6 mm ;
- diamètre maximal mésio-distal au collet : 6,8 mm ;
- diamètre maximal vestibulo-palatin au collet : 9,5 mm ;
- hauteur maximale du collet, face vestibulaire : 1,2 mm ;
- hauteur maximale du collet, face palatine : 0,5 mm ;
- hauteur maximale du collet, face mésiale : 0,3 mm ;
- hauteur maximale du collet, face distale : 0,8 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-V et D-V : 4,5 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-P et D-P : 2,2 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-V et M-P : 6 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides D-V et D-P : 6 mm ;
- hauteur minimale du tronc cervical des racines vestibulaires : 3 mm ;
- hauteur minimale du tronc cervical des racines M-V et P : 6 mm ;
- hauteur minimale du tronc cervical des racines D-V et P : 4,5 mm.
L'angulation théorique de la dent « type » en position buccale est de 11° en vue mésiale et de 12° en vue vestibulaire (fig. 2).
Le plan qui réunit les sommets des cuspides (M-P et M-V) forme un angle de 10° environ avec l'horizontale.
Les principaux points anatomiques sont répertoriés ( fig. 3a à c).
La 3e molaire mandibulaire comme son antagoniste (la 3e molaire maxillaire) occupe la 8e et dernière place sur l'arcade dentaire mandibulaire. C'est la plus petite des molaires mandibulaires, mais beaucoup plus volumineuse que son homologue maxillaire. Elle est rarement frappée de nanisme et peut au contraire être atteinte quelquefois de gigantisme.
Elle est très complexe, présentant les mêmes caractéristiques générales que celles des 1re et 2e molaires mandibulaires et se distingue par des irrégularités de forme et de position.
Elle peut prendre des positions très variables : être inclinée ou couchée, ou même se trouver bloquée horizontalement contre la racine distale de la 2e molaire (dent enclavée). Elle peut aussi être hors de l'arcade (en ectopie) ou rester incluse dans la mandibule à n'importe quel niveau (hétérotopie) comme par exemple dans l'apophyse coronoïde.
Sa calcification débute entre 8 ans 1/2 et 9 ans 1/2. La formation de la couronne intervient entre 12 et 15 ans et son apparition sur l'arcade entre 17 et 22 ans. La calcification est complète entre 18 et 25 ans.
Assez rarement, il peut exister une perle d'émail près du collet anatomique dans le sillon interradiculaire.
En position d'intercuspidie maximale :
- l'arête transversale de la cuspide mésio-vestibulaire de la 3e molaire mandibulaire entre en contact avec la crête marginale distale de la 2e molaire maxillaire et avec la crête marginale mésiale de la 3e molaire maxillaire ;
- sa cuspide disto-vestibulaire entre en contact, par ses arêtes transversale et axiale, avec la fosse centrale de la 3e molaire maxillaire (tripode) ;
- sa crête marginale mésiale entre parfois en contact avec la cuspide disto-palatine de la 2e molaire maxillaire. Le développement, généralement peu marqué, de cette cuspide rend ce contact inconstant ;
- sa fosse centrale entre en contact avec les arêtes transversales et axiale de la cuspide mésio-palatine de la 3e molaire maxillaire (tripode).
Cette dent occupe une place particulière à la limite de la cavité buccale et de la gorge. Toute atteinte de la 3e molaire mandibulaire intéresse donc ces 2 territoires. Elle est implantée beaucoup plus près de la table interne de l'os (mandibulaire) que de la table externe. Cette dent se trouve souvent en malposition.
Son voisinage avec le canal mandibulaire est plus ou moins complexe selon les rapports radiculaires existants. L'extrémité des apex confine aux parois du canal mandibulaire et, dans certains cas, les extrémités radiculaires passent en crochet sous celui-ci tandis que, dans des cas plus rares encore, 2 racines individualisées peuvent enserrer complètement ce canal et les éléments qui le composent ; on peut observer alors une fusion des apex.
Les variantes anatomiques peuvent être très nombreuses et très diverses, pouvant donner une impression d'anomalies. Dans notre pratique, il nous fut même donné d'observer une 4e molaire assimilable à une 3e molaire mandibulaire de volume très légèrement plus réduit.
Comme pour chacun des types de dents décrits, pour aborder l'étude de l'anatomie de cette dent, un guide de dessin est proposé. Il correspond à la description des troisièmes molaires mandibulaires en position buccale, d'un individu de 20 ans environ, indemnes de toute abrasion ou atteinte carieuse.
Il s'agit de dents « types » à vocation pédagogique dont les caractéristiques sont issues de l'observation de plusieurs milliers de dents extraites, de moulages et de références à de nombreux auteurs.
La planche constituant un guide pour le dessin à l'échelle 2 comprend 5 cadres équilibrés correspondant aux 5 vues de la dent. Chaque cadre est divisé en carrés de 5 mm de côté pour constituer des points de repère pour le tracé (fig. 4a). La même disposition est adoptée pour le dessin de la dent présentée en coupes longitudinales et horizontales, mettant en évidence la morphologie de la cavité pulpaire, de l'émail et du cément (fig. 4b).
Les dimensions de la dent sont les suivantes :
- hauteur totale de la dent : 18,6 mm ;
- hauteur minimale de la racine M : 11,4 mm ;
- hauteur minimale de la racine D : 11,2 mm ;
- hauteur de la couronne, face vestibulaire : 7,2 mm ;
- hauteur de la couronne, face linguale : 6,8 mm ;
- diamètre M-D maximal des cuspides M-V, médiane et D-V : 11,7 mm ;
- diamètre M-D maximal des cuspides M-L et D-L : 10,9 mm ;
- diamètre vestibulo-lingual maximal de la couronne : 9,7 mm ;
- diamètre maximal mésio-distal au collet : 9,6 mm ;
- diamètre maximal vestibulo-lingual au collet : 8,5 mm ;
- hauteur maximale du collet, face vestibulaire : 0,8 mm ;
- hauteur maximale du collet, face linguale : 0,5 mm ;
- hauteur maximale du collet, face mésiale : 0,3 mm ;
- hauteur maximale du collet, face distale : 0,2 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-V et médiane : 4 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides médiane et D : 3,5 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-L et D-L : 5 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides M-V et M-L : 4,5 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides médiane et D-L : 6,2 mm ;
- distance entre les sommets des cuspides D et D-L : 3,5 mm ;
- hauteur minimale du tronc cervical des racines :
• en vue vestibulaire : 3,5 mm ;
• en vue linguale : 5 mm.
L'angulation théorique de la dent « type » en position buccale est de 7° en vue mésiale et de 8° en vue vestibulaire (fig. 5).
Les principaux points anatomiques sont répertoriés (fig. 6a à c).
Compte tenu des caractères anatomiques atypiques de ces 3e molaires maxillaires et mandibulaires, il n'a pas été jugé utile de présenter des variantes anatomiques comme pour les 14 autres dents décrites.
C'est avec cet article consacré aux « dents de sagesse » que s'achève la série des « cahiers d'anatomie » consacrés aux dents permanentes.
Les planches de dessin, le relevé des points anatomiques caractéristiques ont eu comme objectif l'apprentissage de l'anatomie dentaire et de la terminologie s'y rapportant.
La présentation des principales variantes anatomiques des dents permanentes les plus fréquemment rencontrées, avec leurs cotes, leurs vues sous différents axes et leurs coupes à partir d'observations visuelles et radiologiques devrait aider le praticien à mieux gérer les actes cliniques de pratique quotidienne.