Lésions à risque et cancers de la bouche Du diagnostic au traitement

Les cancers des VADS et de la cavité buccale sont un véritable problème de santé publique. La France a recensé 280 000 nouveaux cas en 2000 avec une augmentation de plus de 60 % ces vingt dernières années. La localisation buccale représente environ 35 % de ces cancers.

L'auteur rapporte dans cet ouvrage une modeste synthèse d'une expérience trentenaire. Les 6 chapitres abordés sont organisés dans un ordre didactique permettant successivement de mettre l'accent sur le contexte épidémiologique, biologique, histologique et clinique de cette pathologie.

Dans les deux premiers chapitres, l'auteur met en exergue le rapport singulier du praticien odontologiste et stomatologiste avec la cavité buccale, qui le place en première ligne dans le dépistage des stades précoces et établis des cancers de la muqueuse buccale. L'évolution insidieuse et asymptomatique est en effet responsable d'un diagnostic le plus souvent tardif et à un stade avancé. La localisation buccale est sans aucun doute la plus accessible des VADS à l'examen clinique. Le tableau clinique est le plus souvent caractéristique avec ses facteurs de risques habituels, en particulier l'alcool et le tabac. Le carcinome épidermoïde est la lésion maligne la plus fréquente des VADS et de la cavité buccale avec une prévalence de 90 à 95 %.

Le troisième chapitre est consacré à l'aspect biologique de la pathologie. L'initiation et le développement de ces tumeurs épithéliales sont abordés. Ils sont le résultat d'un déséquilibre du cycle cellulaire au bénéfice d'une activation et d'une prolifération. Cette perturbation est la clé d'une carcinogenèse dont les carcinogènes exogènes sont les principaux acteurs.

La traduction histologique des lésions avant-coureurs est la dysplasie épithéliale ou « néoplasie intra épithéliale » (OIN). L'auteur rappelle les trois grades de sévérité : OIN1 ou dysplasie légère, OIN2 ou dysplasie modéré et OIN3 ou dysplasie sévère qui demeurent le consensus selon l'OMS en termes de lésions histocytologiques avant-coureurs.

La question du diagnostic est abordée dans le quatrième chapitre. Il ne peut être envisagé sans la réalisation d'un prélèvement histologique de qualité en vue d'un examen microscopique. La biopsie est l'examen complémentaire incontournable et de règle devant toute suspicion d'un stade précurseur ou d'un carcinome épidermoïde établi. Elle doit faire suite en toute logique à un examen clinique méthodique à la recherche d'une sémiologie évocatrice pour garantir la pertinence et la représentativité de l'examen. Cette technique de référence est mise ici en exergue.

Les deux derniers chapitres, à forte orientation clinique, sont richement illustrés. Ils passent en revue les lésions à risque de transformation maligne et les lésions précancéreuses. L'accent est mis sur le carcinome épidermoïde dans le dernier chapitre, avec ses différentes formes cliniques. Des notions de signes d'accompagnement, de diagnostics différentiels et de bilan d'extension sont enfin brièvement citées.

En résumé, cet ouvrage constitue une bonne synthèse des notions essentielles à connaître pour permettre d'appréhender les lésions précancéreuses et cancéreuses de la muqueuse buccale. Il n'est pas sans nous rappeler notre rôle essentiel en tant que professionnels de santé de la cavité buccale et la place primordiale de l'examen systématique des muqueuses de recouvrement dont doit bénéficier chacun de nos patients. C'est au prix de cette modeste, mais inestimable contribution, que le sombre pronostic de ces lésions pourra être amélioré.

Par sa présentation et son contenu, ce « mémento » richement illustré constitue un précieux aide-mémoire aisément accessible tant pour l'étudiant en formation que pour le praticien en exercice.