- Cahiers de Prothèse n° 141 du 01/03/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

hommage

Dominique Segura  

Jean-Gérard Albouy nous a quittés suite à une maladie courte et fulgurante.

On ne peut laisser partir un homme de sciences aussi remarquable sans évoquer ce qu’il a été et ce qu’il a accompli.

Né dans l’Aveyron en 1930, très vite orphelin de père, il sera élevé dans le terroir de sa naissance entre une mère laborieuse et un grand-père agriculteur dont il soulignait souvent l’influence sur le plan humain. Des années de pensionnat religieux le conduiront aux...


Jean-Gérard Albouy nous a quittés suite à une maladie courte et fulgurante.

On ne peut laisser partir un homme de sciences aussi remarquable sans évoquer ce qu’il a été et ce qu’il a accompli.

Né dans l’Aveyron en 1930, très vite orphelin de père, il sera élevé dans le terroir de sa naissance entre une mère laborieuse et un grand-père agriculteur dont il soulignait souvent l’influence sur le plan humain. Des années de pensionnat religieux le conduiront aux études supérieures et à ce qu’il avait toujours souhaité, depuis son jeune âge : la « dentisterie ».

Ses études dentaires entre Montpellier et Paris l’amèneront à adhérer à un haut niveau professionnel et son expérience de stagiaire chez le professeur Marmasse notamment le confortera dans cette quête. Déjà se dessine sa passion pour le laboratoire de prothèse et ses relations avec la clinique. Dans sa première installation près de Montpellier, il a créé son propre laboratoire avec deux professionnels à temps plein. Il lui arrivera de remplacer l’un ou l’autre en période de carence, la nuit après avoir passé sa journée au fauteuil. La puissance de travail de Jean-Gérard Albouy était à la hauteur de sa passion, ce qui lui permit d’atteindre un niveau de compétence reconnu par tous. Il était d’une habilité manuelle diabolique, mais il restait discret sur ce point. Pour lui : « La force d’un homme est là » disait-il en montrant du doigt son front.

En abordant la quarantaine, cet homme se distinguait par sa quête scientifique appliquée à l’odontologie. Il ne cessait d’appréhender les disciplines qui concourraient à l’amélioration de la démarche prothétique et à sa réalisation. Son appartenance au « Study Group » de la Côte d’Azur dans les années 60 avec ses amis Fissore, Palanca etc., lui permettra de mettre à profit, avant de nombreux autres, les données provenant des pays étrangers… ce qui aboutira à de véritables chamboulements dans le domaine de l’occlusion, en particulier, avec les enseignements de Peter K Thomas et surtout Arne Lauritzen, qui deviendra par la suite son ami.

L’énergie dans laquelle il puisait pour bâtir les convictions qui l’animaient, s’est communiquée à ses fonctions d’enseignant. Avec beaucoup d’humilité d’ailleurs : il a probablement dû être le seul professeur en titre à s’asseoir sur un banc et passer les épreuves du CES de Raymond Leibovitch, qu’il avait en très haute estime, pour apprendre certes, mais aussi pour « vérifier mes connaissances », comme il aimait le dire.

C’est dans un enthousiasme débordant qu’il a entraîné avec lui des enseignants et des étudiants pour bouleverser le microcosme odontologique de Montpellier qui en avait bien besoin. Jean-Gérard Albouy n’avait de cesse d’apprendre tout ce qui était associé à la prothèse, de le pratiquer et de l’enseigner. Il a d’ailleurs toujours enseigné ce qu’il pratiquait, depuis le quotidien jusqu’à l’exceptionnel. Des générations d’étudiants pourront témoigner de cela ; ils pourront également rendre hommage à Jean-Gérard Albouy dont l’ambition était, en première intention, de faire aimer ce métier à tous ceux qui en faisaient la démarche.

Enfin, nous partageons pleinement les mots de son fils Jean-Pierre qui lui a succédé dans sa pratique privée : « Toute sa vie durant cet homme a recherché la rigueur, l’excellence, la vérité. Avec force et respect, il a inscrit son regard bleu dans nos yeux, dans vos yeux, pour nous offrir sans retenue ses convictions, sa passion, son amour. » C’était le 19 novembre 2007, en l’église Sainte-Thérèse de Montpellier.

Nos sincères condoléances à son épouse Renée, ses enfants, Jean-Pierre et Charlotte, et à l’ensemble de toute sa famille.