L’effet négatif du tabac sur l’os alvéolaire chez de jeunes adultes : étude utilisant des clichés radiographiques numérisés - Cahiers de Prothèse n° 143 du 01/09/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 143 du 01/09/2008

 

revue de presse

Sarah Amr  

Objectifs

Plusieurs données scientifiques ont permis de démontrer que le tabac est l’un des principaux facteurs de risque de la maladie parodontale. Cependant, très peu d’études sur ce sujet ont été réalisées chez les jeunes et encore moins sur des données radiologiques. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’effet du tabac sur l’os alvéolaire chez de jeunes adultes.

Méthodologie

Au total, 81 étudiants en chirurgie dentaire, tous sans...


Objectifs

Plusieurs données scientifiques ont permis de démontrer que le tabac est l’un des principaux facteurs de risque de la maladie parodontale. Cependant, très peu d’études sur ce sujet ont été réalisées chez les jeunes et encore moins sur des données radiologiques. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’effet du tabac sur l’os alvéolaire chez de jeunes adultes.

Méthodologie

Au total, 81 étudiants en chirurgie dentaire, tous sans antécédent parodontal et dont l’âge moyen était de 20,5 ans, ont participé à cette étude. Parmi ceux-ci, 42 étaient considérés comme fumeurs (pour une consommation moyenne de 14,1 cigarettes/jour depuis au moins 2 ans) et les 39 restants n’avaient jamais fumé auparavant.

Un modèle de suivi prospectif a été établi :

– à T0, tous les sujets participant à l’étude ont subi un enseignement à l’hygiène (technique de brossage), suivi d’un débridement mécanique (détartrage), sur 3 semaines à raison de 2 fois par semaine ;

– les mesures cliniques suivantes ont été réalisées avant T0, puis 2 semaines après : indice de plaque, indice gingival, débit du fluide gingival, niveau d’attache clinique, sondage (6 mesures par dent) ;

– des clichés rétroalvéolaires postérieurs ont été réalisés (avec le même équipement radiologique pour tous les sujets et tout au long du suivi) à T0, puis à J180, J365 et J545. Pour chaque visite de suivi, 2 clichés des secteurs postérieurs, droit et gauche, ont été réalisés puis numérisés ;

– pour chaque groupe de clichés, les mesures suivantes ont été réalisées : calcul des hauteurs osseuses, analyse densitométrique par ordinateur et analyse qualitative par soustraction.

Les mesures ont été comparées à l’aide d’une analyse multi-variée (ANOVA) entre les 2 groupes et aux différentes dates de l’étude.

Résultats

La moyenne de l’indice de plaque et de l’indice gingival était significativement plus élevée chez le groupe des fumeurs (P < 0,01). Le débit moyen du fluide gingival était significativement plus bas chez les fumeurs (P < 0,01). Toujours chez le groupe fumeur, le niveau d’attache clinique était plus bas et les sites de récessions parodontales plus nombreux (P < 0,001). De même, les hauteurs osseuses moyennes étaient plus basses. L’analyse densitométrique a donné des valeurs significativement décroissantes, ce qui correspond à une diminution progressive de la densité osseuse tout au long du suivi. En effet, la valeur la plus basse significativement a été relevée chez les fumeurs à J545 (P < 0,05). L’analyse de soustraction qualitative sur les radiographies numérisées a permis de mettre en évidence que les fumeurs possédaient un pourcentage plus élevé de sites osseux ayant diminué de densité, avec en particulier une diminution plus marquée entre J365 et J545.

Conclusion

Fumer entraîne des effets négatifs sur la gencive ainsi que sur l’os alvéolaire. Cette étude a permis de démontrer non seulement les effets cliniques du tabac sur le parodonte, mais aussi sur la densité et la hauteur osseuse. Par ailleurs, elle montre que le tabac, à lui seul, est un facteur potentiel dans la perte osseuse même chez de jeunes adultes considérés comme consommateurs « modérés » de cigarettes. Il est donc très important d’informer ces jeunes fumeurs des effets et donc du risque que le tabac fait peser sur leur santé et leur avenir parodontal.