Maquillage de la céramique pour un résultat naturel : les clés du succès - Cahiers de Prothèse n° 186 du 01/06/2019
 

Les cahiers de prothèse n° 186 du 01/06/2019

 

Maquillage de prothèses tout céramique

EJ. GOMES DA SILVA  

La couleur des dents naturelles et celle des matériaux de restauration esthétique (céramique, zircone, composite et résine) suivent les principes de base en étant déterminées et influencées par la lumière incidente sur la dent ou le matériau.

Ainsi, chaque fois que la couleur d'une dent doit être copiée pour la reproduire, il est nécessaire d'identifier ses caractéristiques de base au sein de la dent : teinte, luminosité, saturation, sans oublier le niveau d'opacité...


Résumé

Résumé

Ces dernières années, les matériaux utilisés en restauration esthétique ont considérablement évolué, notamment en termes de maquillage de surface des restaurations céramiques monolithiques, créant ainsi l'illusion de profondeur et de contraste à l'identique de la denture naturelle. Le choix des produits disponibles pour ces techniques de maquillage en zone esthétique s'est également accru. Cet article a pour objectif de présenter différentes procédures de maquillage à l'IPS Ivocolor, à destination des restaurations en matériaux céramique IPS Empress CAD et IPS e.max ZirCAD, tous ces matériaux étant commercialisés par la société Ivoclar Vivadent®. L'article expose également des cas de maquillage par stratification pour la céramique feldspathique Creation CC, Willi Geller®.

La couleur des dents naturelles et celle des matériaux de restauration esthétique (céramique, zircone, composite et résine) suivent les principes de base en étant déterminées et influencées par la lumière incidente sur la dent ou le matériau.

Ainsi, chaque fois que la couleur d'une dent doit être copiée pour la reproduire, il est nécessaire d'identifier ses caractéristiques de base au sein de la dent : teinte, luminosité, saturation, sans oublier le niveau d'opacité et de translucidité, cela aussi bien pour l'émail que pour la dentine.

La couleur est un stimulus perçu par les yeux de l'observateur et induit par les rayons lumineux réfléchis sur un objet et analysés par le cerveau comme étant une couleur. C'est une propriété optique et chimique dépendant de la longueur d'onde. La couleur de la lumière est issue de la lumière visible, la lumière blanche du soleil, qui est une synthèse additive de toutes les teintes existantes dans la nature. À partir de cette lumière blanche, seule se réfléchit la couleur des pigments des objets qu'elle illumine.

Le pigment de la couleur provient de la composition du matériau qui, selon ses capacités d'absorption, réfracte et réfléchit les rayons lumineux qui composent la lumière incidente venant frapper l'objet. Si l'observateur observe une couleur verte, alors seuls les tons verts sont réfléchis à partir de la lumière blanche incidente, pendant que les autres tons sont absorbés.

LES DIMENSIONS DE LA COULEUR

Elles ont été décrites par Albert Munsell dans son système colorimétrique qui les a classés selon la teinte, la saturation, la luminosité :

– la teinte : c'est le pigment de la couleur réfléchie qui peut prendre un aspect rouge, vert, bleu, et qui est matérialisé dans le teintier Vita classical par les différentes teintes A, B, C et D ;

– la saturation est le volume de pigment au sein de la couleur qui est identifié dans le teintier Vita classical par le chiffre annexé à la lettre : A1 contient le moins de pigment. Par ailleurs, quand davantage de pigment est ajouté pour une même teinte, la saturation augmente selon le classement croissant A1, A2, A3... ;

– la luminosité est le volume de blanc ou de noir dans chaque couleur. Cela permet de différencier deux couleurs claires, par exemple B1 et C1 : B1 possède une luminosité plus grande car elle contient des pigments blancs, pendant que C1 affiche de basses valeurs de luminosité car elle contient des pigments gris (teintier Vita classical de A à D) ;

– l'opalescence est le rendu optique lorsque la lumière pénètre l'émail dentaire : une partie de cette lumière est réfléchie dans les prismes révélant un bord d'émail bleuté, le rayonnement lumineux absorbé en face palatine implique un rendu orangé ;

– la fluorescence peut être définie comme la capacité d'un substrat d'émettre de la lumière lorsqu'il est exposé à des rayonnements ultraviolets. Ces rayons lumineux ne sont pas visibles par les yeux humains. Les rayonnements absorbés sont convertis en lumière visible, comme si elle avait une longueur d'onde plus élevée que celle que du rayonnement incident.

MATÉRIAUX ET TRANSLUCIDITÉ

Après avoir envisagé les propriétés de la couleur et de la lumière, il est indispensable de s'intéresser aux matériaux de restauration esthétique : céramique, zircone, composite et résine. Le praticien doit identifier les caractéristiques des matériaux de maquillage pour en maîtriser les effets toutes les fois où il sera nécessaire d'affiner une couleur sur les matériaux esthétiques de restauration, notamment pour modifier la teinte, la saturation et créer l'illusion d'opacité et de translucidité de la dentine et de l'émail, en créant ainsi les effets de contraste qui existent pour des dents naturelles (fig. 1).

Dans le cas d'une restauration monolithique, il est déterminant que la céramique choisie possède une certaine translucidité, que le prothésiste pourra opacifier par la suite si la couleur de référence l'impose. L'inverse n'est pas possible car une céramique monolithique opaque ne peut être rendue translucide.

MAQUILLAGE CÉRAMIQUE

Dans ces cas-là, les produits utilisés pour le maquillage sont des stains, véritables colorants composés d'oxydes métalliques qui, déposés à leur surface, augmentent l'opacité des restaurations (fig. 2 à 11).

Il est donc essentiel d'en limiter l'apport à la plus petite quantité nécessaire pour augmenter le contraste de la restauration. En effet, c'est un problème souvent rencontré dans les cas de restaurations de haute valeur d'opacité, avec une possibilité réduite de créer un contraste et d'utiliser des stains de pigments colorés. La situation est inverse pour une restauration affichant des valeurs de moyenne ou de basse opacité, comme A2 ou D3 (teintier Vita classical), pour lesquelles il est possible d'utiliser des pigments colorés et d'augmenter le contraste. Le succès de ces cas est donc bien lié aux volumes de stains utilisés, et lorsque l'objectif est la réalisation d'une restauration de couleur A2, la couleur idéale du matériau de base (céramique, zircone, composite, résine) est A1. Ainsi, pour augmenter d'un ton et aboutir à la couleur A2, le volume de stains est nécessairement réduit. En revanche, si l'objectif est une couleur A3 et que le choix de la couleur de base se porte sur un A1, le résultat sera difficile à obtenir car le volume de stains nécessaire sur ce type de situation sera trop élevé.

Le choix du matériau de restauration est influencé, pour chaque cas clinique, par le substrat (émail et/ou dentine) et le type de préparation. Pour une préparation coronaire périphérique, un matériau céramique de faible ou moyenne translucidité (LT pour low translucidity ou MT pour medium translucidity) est recommandé pour maîtriser la quantité de lumière traversant les zones proximales et pouvant déterminer l'opacité de la restauration. Sur des préparations pour facette, onlay, inlay, overlay, il est conseillé d'envisager des matériaux de haute translucidité (HT ou MT) (fig. 12 à 19).

Classiquement, le matériau de restauration sera recouvert d'une ou deux fines couches de maquillage et de pâte de glazure, suivies par l'application d'une dernière couche de glazure avec cuisson. Les paramètres de cuisson et les programmes sont mis en œuvre selon les recommandations des industriels (fig. 20 à 36).

À côté d'un maquillage de surface, une caractérisation peut être réalisée par montage de la céramique par stratification, avec intégration en interne des effets biomimétiques (fig. 37 à 40).

CONCLUSION

Il est nécessaire de comprendre les propriétés optiques de chaque matériau pour obtenir par maquillage un type d'effet naturel désiré qui dépend, pour chaque contexte, de l'épaisseur et de la translucidité du matériau.

Bibliographie

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Liens d'intérêts

L'auteur déclare n'avoir aucun lien d'intérêts concernant cet article.

Auteur

Edson José Gomes da Silva - Chirurgien-dentiste et prothésiste dentaire

Exercice libéral,

Sao Paulo, Brésil

et Lisbonne, Portugal