Infographie du système de santé français
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Des institutions à foison
Le ministère de la Santé peinait à s’imposer face aux médecins et aux industriels. Alors l’État a multiplié les agences... Dans le système sanitaire à la française, les organismes sont nombreux mais tendent aujourd’hui à se rapprocher. Quel rôle jouent-ils dans le paysage ? Quelle place pour les chirurgiens-dentistes ?
Après vingt mois de travail, une nouvelle agence de sécurité sanitaire, Santé publique France, a vu le jour le 1er mai dernier. Outre la volonté de suivre la tendance au regroupement, l’objectif de cette création est aussi de doter la France d’une grande agence de santé publique, à l’instar des autres pays industrialises. Prévue par la loi de modernisation de notre système de santé de janvier 2016, Santé publique France regroupe quatre organismes :
Cette dernière-née des grandes agences permet désormais à la Direction générale de la santé (DGS), service du ministère de la Santé, d’avoir à ses côtés un dispositif d’agences complet et mieux identifié.
La création des agences est née pour s’affranchir du pouvoir des médecins. « Historiquement, le ministère de la Santé était un nain administratif face à un géant médical, lance Frédéric Pierru. L’administration n’a pas réussi à se doter de corps techniques et prestigieux pour contrebalancer les élites de la profession médicale et les intérêts industriels. Elle a donc longtemps été une administration fragile structurellement et politiquement, dotée d’une faible expertise avec peu de moyens humains et matériels. » Avec un ministère de la Santé mi-ignoré, mi-méprisé, il n’y avait pas d’État sanitaire. Les agences ont donc été créées pour le renforcer.
Mais le système connaît des imperfections puisque les agences sont à la fois dépendantes et indépendantes de l’État. « Elles sont en réalité des pseudopodes [prolongements courts émis par certaines cellules, en biologie] d’une administration faible », complète-t-il. Ces structures sont des établissements publics administratifs, financés par l’État, qui ont des objectifs sanitaires à remplir via des contrats d’objectifs et de moyens. « C’est là tout le paradoxe des agences d’inspiration anglo-saxonne dans un État jacobin comme la France, pointe du doigt le sociologue-politiste. Elles sont très politiques et symboliques. Et dès qu’il y a un scandale, elles sont rebaptisées et le directeur change. Mais ce n’est qu’une réponse médiatique, ce changement n’a pas d’influence sur les politiques publiques mises en œuvre. »
La multiplication des agences permet cependant de garantir et d’assurer l’indépendance de l’expertise et des savoirs de l’État, afin d’éviter les conflits d’intérêts dans la prise de décision.
Laure Martin