À Grenoble, un cabinet dentaire pour les sans papiers, Solident
 
Solident

Friedericke Neumann, l'une des chirurgien-dentistes bénévoles très active et Sandrine Pourcelot, l'assistante dentaire

05/04/2017

À Grenoble, un cabinet dentaire pour les sans papiers

Solident

Alexandre Sage, chirurgien-dentiste à Grenoble, a ouvert au mois de novembre un cabinet dentaire pour soigner les personnes sans papiers. Des chirurgiens-dentistes bénévoles se relaient deux demi-journées par semaine pour y recevoir les patients adressés par des associations d’aide grenobloises.

C’est l’activité du bus social dentaire parisien qui a donné à Alexandre Sage l’idée de concevoir cette unité de soin pour les personnes sans papiers. « J’avais envie de faire une action humanitaire. Je ne pouvais pas partir très loin car mes enfants sont encore jeunes. Je me suis aperçu qu’il n’y avait rien à Grenoble pour les personnes en galère ». Or le nombre de personnes précaires ayant besoin de soins dentaires est estimé entre 1200 et 1500. Le mode associatif apparaît rapidement comme la meilleure solution pour obtenir des subventions et créer rapidement une structure. Un centre de santé composé de médecins libéraux déjà « engagés socialement » en train de se monter accueille le cabinet. Des fonds en provenance de l’ARS pour l’essentiel mais aussi de la réserve parlementaire d’un député et de mécénats permettent de boucler le budget. Et au mois de novembre 2016, le cabinet reçoit ses premiers patients. « La force de notre projet, c’est que nous fonctionnons par prescription. Médecins du Monde, la PAS (Permanence d’accès aux soins) médicale, ou toute association qui s’occupe de personnes en grande précarité prennent rendez-vous. Cela nous permet d’être certains que ces patients n’ont pas de couverture sociale. Et puis nous pouvons mieux les prendre en charge car nous avons un lien direct avec un travailleur social ou un médiateur sanitaire qui nous met au courant de l’histoire de la personne. Un syrien en France depuis trois ans n’est pas pris en charge de la même façon qu’un Guinéen qui vient d’arriver et ne parle pas un mot de Français, ou qu’un mineur isolé venant de Calais, ou encore d’un marginal qui a des problèmes de désocialisation ou d’un ancien détenu qui a perdu ses papiers » explique Alexandre Sage. Solident permet d’apporter une réponse aux travailleurs sociaux qui n’avaient d’autres solutions pour ces personnes que les antalgiques ou les antibiotiques délivrés par un médecin.

Au cas par cas

Chaque patient est d’abord reçu par un médiateur sanitaire salarié de Solident qui lui explique les soins dentaires. Il peut aussi l’accompagner dans d’autres démarches comme l’obtention de la CMU-C ou la recherche d’un chirurgien-dentiste s’il obtient la CMU-C. Il fait aussi le lien auprès du prescripteur de l’association. « Ce médiateur sanitaire permet le cas par cas », se félicite Alexandre Sage. Puis le chirurgien-dentiste bénévole prend en charge le patient aidé par l’assistante dentaire, elle aussi salariée par l’association Solident. L’objectif premier est de « faire des soins, soulager les douleurs et faire un peu d’esthétique pour les personnes qui ont les dents de devant abimées. Il y a tellement de demande en soins douloureux et soins infectieux qui pourraient avoir des conséquences sur des femmes enceintes, des personnes cardiaques qu’on ne fait que cela pour le moment » explique le fondateur de Solident. Les besoins en prothèses pourtant importants ne sont pas réalisés pour le moment. Il faudrait plus de temps, plus de moyens… Aujourd’hui, avec un budget de fonctionnement de 80 000€ par an, financé en grande partie par l’ARS, qui se partage en salaires (50 000€), location du local (20 000€), consommable et matériel (20 000€), Solident se concentre sur l’urgence. Le carnet de rendez-vous est déjà rempli à trois semaines.

Appel à bénévoles…

Des praticiens bénévoles se relaient 3 demi-journées par semaine. Une volonté d’Alexandre Lesage. « Je tenais au bénévolat. Être rémunéré 100 ou 200 € la vacation de 4 heures n’a pas beaucoup de sens ; je pense que mettre gratuitement notre compétence au service de personnes défavorisées a du sens ». Une dizaine de chirurgiens-dentistes grenoblois ont déjà tenté l’aventure. Mais l’équipe a besoin d’être étoffée"nbsp;! Quatre mois après l’ouverture du cabinet, Alexandre Lesage est enthousiaste. « C’est jouissif et enrichissant de pouvoir offrir sa compétence à des gens qui en ont besoin hors concept financier. Nous avons notre propre cabinet à faire tourner, il faut tout le temps expliquer au patient le coût des actes. Pouvoir être dans sa compétence médicale sans rapport à l’argent est très enrichissant et permet une approche différente. »

Anne-Chantal de Divonne


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