Traumatologie, agénésie et orthodontie - Clinic n° 06 du 01/06/2018
 

Clinic n° 06 du 01/06/2018

 

LE CAS CLINIC

Frédéric COURSON  

En février 2013, Léo, 14 ans, vient en consultation parce que sa dent « bouge » (11 – incisive centrale maxillaire droite) (fig. 1). Une radiographie rétroalvéolaire est réalisée (fig. 2). Léo explique qu’il est tombé il y a 3 ans mais qu’il n’est jamais revenu en consultation par la suite.

Décision thérapeutique

À la suite de ce premier examen, une radiographie panoramique est demandée, le RA montrant une couronne provisoire résine avec un tenon et la présence d’une lésion apicale et suspicion d’agénésie des incisives latérales (fig. 3). La panoramique confirme les agénésies. Au vu du contexte orthodontique, il est décidé d’essayer de conserver la 11 et de réaliser ensuite un traitement ODF avec fermetures des espaces.

Séquences thérapeutiques

Pour réaliser le traitement endodontique, il est décidé au préalable de déposer l’ancienne couronne provisoire et de réaliser une couronne composite à l’aide d’un moule en acétate de cellulose et d’un tenon vaseliné (fig. 4 à 6).

Un fois le collage de la couronne composite effectué, le moule et le tenon sont retirés. Les conditions pour réaliser le traitement endodontique dans de bonnes conditions opératoires sont réunies (fig. 7 et 8).

Après réalisation d’un CBCT (fig. 9 et 10) confirmant l’importance de la lésion apicale, deux séances de traitement à l’hydroxyde de calcium sont réalisées (fig. 11). Un bouchon apical MTA (Dentsply) est ensuite réalisé.

La couronne provisoire composite va être reprise à la fin du traitement endodontique (fig. 12 et 13). Le patient n’a pour l’instant pas souhaité un maquillage esthétique des canines. Il n’y a plus aucun signe clinique du trauma et la lésion apicale a disparu (fig. 14 et 15).

Alternatives thérapeutiques

Une réouverture des espaces est possible mais le contexte de la 11 doit être pris en compte dans cette hypothèse car son avenir est, à terme, très incertain. Une extraction d’emblée avant début du traitement ODF est aussi envisageable pour trouver de meilleurs critères d’occlusion en fin de traitement (torque radiculo-dentaire, milieu interincisif…).

En conclusion

La coopération entre le chirurgien-dentiste et l’orthodontiste est indispensable pour mener à bien certaines situations complexes (traumatologie - agénésie - occlusion). Un compromis entre la « normalité » et les possibilités thérapeutiques est souvent nécessaire dans l’intérêt du patient.

À lire

Courson F. Amélogenèse imparfaite héréditaire et restaurations transitoires. Clinic 2018;39:290-291.

Naulin-Ifi C. Traumatologie clinique. De la théorie à la pratique. Collection Médecine buccale, Paris : Espace ID, 2016.